Talentueux, incisifs et sombres. Voila comment on pourrait présenter en quelques mots les musiciens de My Chemical Romance. Ceux-ci démarrent leur carrière pro en 2002 avec le remarqué I Brought You My Bullets, You Brought Me Your Love qui contient bon nombre de titres brillant au firmament du rock. Les Américains ont su, sur cet opus, emprunter aussi bien des chemins confinés, maléfiques et grisants du métal underground (« Honey, This Mirror Isn't Big Enough For The Two Of Us », « Vampires Will Never Hurt You ») que ceux plus aérés, dynamiques et fédérateurs du punk (« Headfirst For Halos »). A cette première production vénéneuse succède le puissant et toujours très sombre Three Cheers For Sweet Revenge, parcouru d’un désespoir poignant (« Helena ») et de passages dans lesquels éclate toute l’inventivité du groupe (« Thank You For The Venom », « Hang 'Em High »). Ce second CD constitue une formidable réussite reposant là encore sur une alchimie mélodique très convaincante qui permet au quintet d’attirer dans ses filets des auditeurs plutôt orientés extrême (au premier rang desquels l’auteur de ses lignes).

Arrivé à ce stade de leur discographie vient le moment fatidique du live. My Chemical Romance sort donc en 2006, Life on the murder scene.
Première remarque : les titres ne sont pas tous issus de la même prestation. J’avoue que c’est quelque chose que je déteste : la définition d’un live, c’est pour moi lorsque le groupe prend le risque de sortir dans une unité de temps et de lieu, le résultat d’un concert. Un moment brut de décoffrage donc et pas une sélection du meilleur des interventions en direct. Enfin du meilleur… ici c’est beaucoup dire, le tri opéré ne profite même pas vraiment à la formation du New Jersey.

Life on the murder scene est en effet très confus. En premier lieu parce que le son est catastrophique : les guitares sonnent souvent comme une bouillie compacte sursaturée laissant trop de place à une batterie correcte mais du coup trop forte (mention spéciale cependant pour la basse, qui parvient à échapper au massacre général). Plus grave les pains sont légion (sur le solo de « Thank you for the venom », les rats se suicident dans la cave) et les gratteux sont souvent approximatifs (quand on parvient à discerner leur jeu s’entend, ce qui en soit n’est pas évident). Admettons toutefois que ce soit le lot commun des live et particulièrement pour un groupe qui n’avait pas encore atteint le statut de superstar. Ce qui frappe toutefois en second lieu et tire l’ensemble vers le bas, c’est la prestation de Gerard Way. Disons-le tout brutalement : son chant est faux, maniéré, insuffisamment maîtrisé et le bonhomme semble tout simplement ne pas avoir le « coffre » pour tenir en live (des leçons à prendre du côté du métal underground ?). Et ce n’est pas le sympathique « Bury me in black » ou le mauvais « Desert song », tous les deux en bonus, qui vont sauver cette production.

Pas besoin de prolonger l’exécution : Life on the murder scene est un live tout à fait dispensable, à ne surtout pas écouter pour découvrir le groupe qui vaut infiniment mieux que cette prestation scénique. On espère que pour la sortie de leur nouveau live (The black parade is dead), My Chemical Romance aura fait de sérieux progrès.