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SLEAFORD MODS - English Tapas (2017)
Par STREETCLEANER le 1er Mai 2018          Consultée 1398 fois

L'introduction d'une chronique est parfois un casse-tête mais dans le cas présent je dois avouer qu'un coup de main de Jason Williamson, chanteur de SLEAFORD MODS, fut bienvenu : « le [nouvel] album s'appelle English Tapas. C'est nul. C'est anglais. Et par-dessus tout : c'est de la merde ! ». Bon ceci dit, on va parler quand même un peu de ce dernier album et ne pas s'arrêter sur cette improbable bouffe dégueulasse (pas si) « anglaise ».

English Tapas ne révolutionne rien ; SLEAFORD MODS fait du SLEAFORD MODS, et pourquoi pas après tout si les compos sont de qualité. Si ça groove encore bien, il faut souligner toutefois que le duo de Nottingham met la pédale douce sur le dynamisme et on sent clairement qu'il souhaite un peu prendre son temps pour peaufiner l'ensemble. Par exemple, sur « Carlton Touts », Williamson nous gratifie de refrains plutôt mélodiques pour du SLEAFORD MODS. Williamson expliquait que la méthode d'élaboration des chansons avait changé. Alors qu'auparavant Andrew habillait les textes de Jason, dorénavant Andrew livre les musiques sur lesquelles Jason peut venir caler ses textes. Williamson fait alors ce constat : « Du coup, il y a plus de mélodies, ça m’inspire dans ma quête lexicale. »

Textes qui s'avèrent toujours délicats à décrypter compte tenu de l'argot utilisé et nombres d'allusions. Par exemple « Drayton Manored » fait référence au Drayton Manor, un hôtel anglais près de Birmingham, et lorsque Williamson chante « Drayton Manored / Plug my phone in, tah / I'm fuckin' spannered / You have that last can », il fait allusion à l'emprise de cet hôtel qui vante son inter-connectivité et qui n'est finalement qu'une prison dorée, une illusion, tandis que le refrain « Trip to Spar is like a trip to Mars » joue sur le contraste car il fait référence à une chaîne de distribution alimentaire mais aussi à une photo ancienne représentant une attraction comme on pouvait en voir dans les cirques d'antan. Bien sûr, le duo continue à se moquer de la scène musicale actuelle et même dans « Dull », du magazine de critiques musicales NME (New Musical Express) : « Try scrolling down a website, the NME, without laughing / I'll give you ten quid if you can keep straight face » (essayez de parcourir un website, le NME, sans rire / Je vous donnerai 10 livres si vous pouvez garder un air sérieux).

Bien sûr, avec le succès, des petites polémiques commencent à poindre. SLEAFORD MODS a-t-il été avalé par le système, le duo ayant drainé depuis les origines une attitude et des propos « anti-establishment » ? Mais l'humeur générale est toujours pessimiste, morose, comme des nuages bas « Clouds are low, like the general mood » et Williamson chante même son ressentiment provocateur envers le parti travailliste : « What the fuck is happ'nin'? / Bring back the neolibs, I'm sorry / I didn't fuckin' mean to pray for anarchy / They're all gaggin' for a bit o' fame » (C'est quoi ce bordel ? / Faites revenir les néo-libéraux, je suis désolé / Putain, il ne fallait pas entendre que j'invoquais l'anarchie / Ils sont tous en recherche d'une part de célébrité -1-)

Le tubesque « B.H.S » fait, quant à lui, référence aux British Home Stores dont le propriétaire, le milliardaire Philip Green fut pris en photo sur son yacht hyper luxueux alors que sa chaîne de magasin périclitait, d'où cette apostrophe « Laying on a boat mate look at you » (allongé sur un bateau, mec regarde-toi) et cette sentence à double sens « We're going down like BHS » (2). On regardera également le clip parodique de ce « B.H.S » sous un nouvel angle...

On pourra noter que le chant punk de « Moptop » effleure parfois celui de Jello Biafra (DEAD KENNEDYS) quand Williamson prend une voix chevrotante. Comme toujours, SLEAFORD MODS place un titre très fort en fin d'album, il s'agit ici de « I Feel So Wrong » dont il est impossible de ne pas reprendre le refrain en chœur avec Williamson ; le rythme de ce lancinant « I Feel So Wrong » et son chant saccadé nous feront immanquablement penser au funk blanc et au post punk des TALKING HEADS.


1 - « gaggin' for » est intraduisible tel quel, c'est de l'argot qui semble faire référence à une femme chaude, en chaleur, en recherche quasi désespérée de sexe, ce qui donne une connotation sexuelle et dégradante à cette dernière phrase.
2 - il s'agit d'un jeu de mot encore avec une connotation sexuelle car cette phrase peut être interprétée comme « on prend un chemin descendant comme BHS » mais aussi comme « on taille une pipe comme BHS ».

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   STREETCLEANER

 
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- Jason Williamson (chant, flow, textes)
- Andrew Fearn (musique, laptop)


1. Army Nights
2. Just Like We Do
3. Moptop
4. Messy Anywhere
5. Time Sands
6. Snout
7. Drayton Manored
8. Carlton Touts
9. Cuddly
10. Dull
11. B.h.s
12. I Feel So Wrong



             



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