Un groupe sulfureux comme DEATH IN JUNE, c’est d’abord un souvenir datant d’une dizaine d’années. Avec un pote, il fallait trouver l’endroit du concert dans notre région provençale. Pourquoi ? Car une association 'antifa' dite La Horde voulait interdire par tous les moyens le concert, vu l’ambiguité idéologique des membres dont le parcours politique est passé du punk d’extrême gauche au sein du groupuscule musical de CRISIS dès 77 à des velleités, par la suite, plus orientées, on dira, 'national bolcheviques'. Finalement, le show eut lieu au Korrigan à Luynes, pas loin d’Aix-en-Provence, club plutôt porté alors sur le métal. En toile de fond, l’emblème des SS, la fameuse tête de mort sur un drapeau LGBT ! Musicalement, un long trip 'néo folk' plutôt plombant joué par des types en treillis masqués. Pas de stridences indus, à part un morceau un peu tribal. Et pas d’attaque antifasciste non plus. Faut dire que nos "rosbifs" ont toujours été dans un délire plus esthétique que véritablement dogmatique.

Le concept de ce disque, c’est l’histoire des 'trois petits cochons', une sorte de métaphore paranoïaque du leader de la secte néo-paienne, Douglas Pearce, adressée à ceux qui l’auraient trahi, surtout aux anciens gérants de son ancienne boîte de distribution. Une première partie du disque est dominée par des ambiances dark-folk, où Pearce s'associe avec l'accordéoniste de Forseti, Andreas Ritter. L’autre partie impose une facette plus industrielle/noise qui lorgne lourdement vers les sphères 'fascistoids' de NON de l’autre chramé du bulbe, Boyd Rice. Cette inquiétante figure de la scène indus américaine, disons par camaraderie virile, intervient d'ailleurs sur deux titres.
Ainsi, on a droit à de curieuses rengaines folky mais marquées par une atmosphère inquiétante du genre on fait un feu de camp dans une campagne mystérieuse avec des 'hitler jugend'. Euh non, quand même pas.
L’utilisation d’une façon quasi-paramilitaire de l’accordéon doublé souvent d’une trompette, les refrains souvent martiaux ("All Pigs Must Die") ou menaçants ("Tick Tock"), les vocaux supra-graves ("The Enemy Within"), les accords de guitare sèche obsédants, les 'spoken words' froids ("We Said Destroy II"), créent une ambiance pesante. "Disappear In Every Day" ferait même penser à une composition de NICK DRAKE qui serait présent durant la nuit des longs couteaux.
Il est à noter que la chanson éponyme appelle à la résistance contre les systèmes d’autorité oppressifs, on est donc loin de la peste brune pour ceux qui y verraient encore une fois des fachos partout et nulle part.
"Flies Have Their House" est un morceau de transition entre les deux parties du skeud. L’aspect folk est parasité rapidement par des effets psychédéliques, des grognements de porcs (?), finissant en une sorte de drone noisy. "With Bad Blood" se trouve être en fait une reprise de "Tick Tock" en version industrielle,
avec une fin 'ambient terror' retentissante. On est aussi étonné par les vocaux terrifiants de "No Pig Day (Some Night We're Going To Party Like It's 1969)" introduite par un délire 'dark ambient' se terminant par une noise étouffante. Les vocaux de "We Said Destroy III" flirtent avec ceux typés du black métal, illustré par la fusion machines/hommes prônée par les ancêtres de KRAFTWERK. Le brutisme séismique, parsemé de 'spoken words' martiaux, continue sur le menaçant "Lords Of The Sties". Cette odyssée intra-terrestre s'achève par les vocalises effrayantes du climat poisseux de "Ride Out!".

Certains ont vu dans la seconde partie de ce disque pas mal de remplissage, on parlera plutôt des deux faces de Janus caractérisant la discographie hors-normes de DEAH IN JUNE.