Désormais, du duo historique originel, il ne reste que ce fou d’Hélios Creed. Avec à peu près le même line up bien cramé du bulbe qui l’accompagne depuis le très bon « feel it a scientist » de 2014 avec la tournée dantesque qui s'ensuivit (toujours traumatisé personnellement par leur hallucinant concert dans la salle marseillaise de l'embobineuse).

On reste toujours dans les sonorités de la période post punk de CHROME (la meilleure ?), leur ère cataclysmique, qui a caractérisé l’un des groupes les plus dérangeants de ladite scène et aussi l’un des plus extrémistes. L’ensemble sonne, de même, comme la carrière solo cinglé d’HELIOS CREED. On ressent, en effet, l’omniscience du martien dans les compositions présentées, toutes plus désopilantes les unes que les autres.
On retrouve cette infernale recette : vocaux filtrés (pas d’affreux autotune, je vous rassure !), distorsions salaces, bruits venus d’univers parallèles, échos originaires de la galaxie Andromède, growls de monstres issus de la couche glaciaire de Pluton, collages « burroughsiens ».
En gros, la fusion unique de sons new wave, du krautrock à la NEU, du rock expérimental « hawkwinien », qui donne à la chose venue d’un autre monde un parfum bizarrement presque rétro futuriste. Du revival frappadingue, en quelque sorte. Mais Hélios peut se le permettre alors que l’on refuserait ce jeu à la moindre tribu dite psychédélique actuelle, dont certains membres se droguent aux « smarties » en les prenant sérieusement pour du L.S.D. Non, je ne citerai pas de noms mais bon, suivez mon regard.

Çà , c’est pour les grandes lignes directrices de cette imposante attaque sensorielle. Dans le détail, on repère quand mème des influences bien déjantées, influences d’autres courants que d’ailleurs CHROME a inspirés. Ainsi, un côté RESIDENTS se fait ressentir sur « sex pocket mesiter ». « Death is the pusher » lorgne lourdement vers la scène stoner, avec un aspect toutefois plus déglingué. « Tears in space » avec son synthé « eighties » détraqué sonne comme un GARY NUMAN littéralement perdu dans l’espace. Avec les plans quasi métal industriel d’ »execution », CHROME parvient même à être plus sauvage que MINISTRY, un des combos qui a le plus pompé ses mélodies déviantes. Dans le même registre, on jurerait entendre du LARD sur « the other side », excellent morceau acid punk. « Just for you » a, de même, ce côté interplanétaire mais avec une touche indie rock bienvenue.
Mis à part ces références évidentes, on reste en terrain familier avec la rythmique saccadée de « black diamond », où Helios chante en duo avec une sexy ( !) créature reptilienne. On entend du space rock fantômatique sur « pyramids of planets ». « Time slider » possède une introduction qui proviendrait presque de l’accélérateur de particules qu’est « Half machine lip moves » datant déjà de 1979. « The mandela effet pedal » est, quant à lui, industriel et répétitif à souhait. Seul le court « devils flight » montre un interlude ambient au milieu de cette tornade noise.

Pour résumer autrement, tu es dans l’espace. Tu traverses un trou de verre spatio-temporel, tu te retrouves dans une planète aux vampires peuplée aussi de dinosaures lovecraftiens, et tu dois combattre des extra terrestres tentaculaires, aidées d’une superbe « barbarella » et d’un ordinateur dénommé CARL. Mieux qu’un jeu vidéo, en quelque sorte. Encore une odyssée de l’espace qui n’a, en tout cas, rien de contemplative…