Mieux vaut tard que jamais. Après trois plantages consécutifs, Fabrice QUAGLIOTTI s’éloigne de son groupe fétiche pour démarrer une carrière solo. Son premier album est donc Parallel Worlds. Au programme, quatorze pièces presque toutes instrumentales, et croyez-moi, ça n’a pas l’air d’être grand-chose dit comme ça, mais après un machin comme Wonderland, ça fait un bien fou.

Sur Don’t Stop et Kaos, nous avons entraperçu de bonnes idées mélodiques et d’autres bribes de talent, hélas gâchées par de mauvais choix artistiques que nous n’avons déjà que trop détaillés. En revanche, Wonderland s’est avéré pourri jusqu’à la moelle et le dernier recours était de prier Santa Rita, patronne des causes perdues. Eh bien, merci mon Dieu, Faby a fait tabula rasa de ces infâmies en offrant ses meilleures compositions depuis au moins trente-cinq ans.

Oubliées les lourdeurs des précédents albums, Parallel Worlds fait montre d’une production généreuse mais toujours limpide et soignée dont Jean-Michel JARRE n’aurait pas à rougir. Alors, les mélodies se révèlent au grand jour: la grande classe de "Alchemy" (ce refrain!), la mélodie spatiale grandiose de "Space Hubble Telescope", le bien nommé "Strange Loop", les ballades chamarrées "Renaissance", "Song Of The Earth", "Tovarisch Gagarin" − le Roland D-50 y fait son effet mais on regrette la fausse guitare électrique qui fait un peu tache. "So Long Major Tom" et "Mezcal" lorgnent sympathiquement vers l’électro-rock à la ROCKETS. La ballade au piano "Princess" reste dans l’ombre de Joe HISAISHI et ne me convainc que moyennement.

On trouve un penchant pour les sonorités de 'musiques du monde' sur près d’un tiers de l’album, sous forme d’émulations informatiques ou de lignes de chant éparses, samplées ou non, arabisantes sur "Renaissance" et "Harem", mystiques sur "Space Hubble Telescope" ou typées Soul sur "Song Of The Earth". Ce n’est pas étonnant quand on connaît le net penchant de Frédérick ROUSSEAU pour ces mélanges de genres (dès son album Earth de 1985). Les Oooh yeah de "Song Of The Earth" me paraissent quand même un brin clichés. Changement de cap avec le conclusif "Walk Away", marqué par la mise en opposition de la guitare acoustique et d’une rythmique drill’n’bass qui se place en faux d’un album résolument 'vintage'.

Parallel Worlds est donc une réussite. Il manque cependant l’étincelle (le bon vieux truc de chroniqueur!) pour passer d’une musique réussie mais sage à quelque chose de réellement passionnant.

3 ½ sur 5