Didier BOCQUET est originellement batteur (dès les années 60, nous dit-on, mais il est né en 1957) mais de ses premiers pas il ne reste aucune trace sur disque. En 1976, il revend sa batterie pour s’acheter un synthétiseur et du matériel d’enregistrement (magnétophone 4 pistes) et de mixage. Il réalise ainsi Éclipse, son premier album solo en octobre 1977 et le fait presser, faute de mieux, par l’intermédiaire de la société Le Kiosque D’Orphée, en deux pressages successifs de 250 exemplaires chacun. L’album est réédité en 2018 par Chameleon Records avec une pochette aussi criarde que trompeuse puisque les quatre morceaux dispensent une musique électronique planante calme et neutre.

L’instrumentation est minimale : un lead, des nappes de Solina, une séquence, quelques effets sonores primitifs, un peu mince comparé aux fresques sonores de Klaus SCHULZE ou aux albums sombres et rugueux de CLUSTER ou Conrad SCHNITZLER. Pourtant, le résultat est crédible dans le genre musique cosmique, plus homogène et moins fantasque que le Pôle (1975) de BESOMBES & RIZET nettement plus proche de TANGERINE DREAM.
"1984" et le morceau-titre sont deux pistes relativement longues, commençant de manière très intrigante et disparate avant que le séquençage ne se mette en place, lequel varie peu mais autour duquel les éléments sonores amènent ce qu’il faut de variations, c’est-à-dire sans laisser stagner la musique ni verser dans le contrepied inutile. "Le Chemin Du Silence", dont les deux parties occupent la fin de chacune des faces, consiste en deux petits passages, chacun basé sur un riff électronique, non séquencé cette fois-ci, le tout paraissant plus mélancolique, moins mécanique que le reste de l’album.

Éclipse paraîtra facilement décevant en comparaison des mètres étalons du genre mais ce petit album de musique planante n’est pas à dédaigner. Didier BOCQUET publiera trois autres albums jusqu’en 1983 puis disparaîtra de la circulation. Une étoile filante de la musique électronique française qu’on peut aisément comparer à ZANOV ou Alain MEUNIER. Un certain Roland BOCQUET a lui aussi publié trois albums de musique électronique (quant à eux très mélodiques) à la même époque mais aucune information ne confirme ou infirme un lien filial entre les deux musiciens.