Suite à la publication de son premier album Éclipse, Didier BOCQUET se lance dans une série de concerts de musique électronique à partir de 1977, dont un passage à la salle des Gobelins à Paris, avec l’aide technique de Claude Nicolaï. Faute de maison de disque pour le publier (malgré une mini-promotion du magazine Best en décembre 1978), Didier BOCQUET auto-produit à nouveau et publie son deuxième album Voyage Cérébral sur le bien nommé label F.L.V.M. (Faites-Le Vous-Même).

Le style et les sonorités ne diffèrent pas énormément de ceux d’Éclipse, il s’agit de musique électronique toujours aussi abstraite et minérale, alternant passages séquencés et planants, avec cependant une facette mélodique un peu plus poussée et un séquençage bien plus développé, le tout tissant des harmonies élaborées. Le son gagne en profondeur grâce à un meilleur matériel (Moog et console 8 pistes). On retrouve les nappes haut perchées et les pépiements électroniques du séminal premier album, mêlés à des sonorités nouvelles. De très rares et discrètes apparitions de la voix ont lieu. La parenté avec Jean-Michel JARRE est tangible, avec ces nappes de Solina sous effet Flanger et ces effets stéréophoniques − l’introduction du très évocateur "Prélude" renvoie inévitablement aux transitions de Oxygène − mais Didier BOCQUET est loin de se borner à de la copie; son Voyage Cérébral est traversé d’une mélancolie exacerbée, parfaitement exprimée par les séquences en polyrythmie du splendide "Cosmorythme", la mélodie de "Prélude", les nappes circonvoluantes de "Amerrissage". Surtout, l’album de Didier BOCQUET est vierge de toute lubie pop.

Voyage Cérébral a été réédité par les ineffables archivistes hispaniques de Wah Wah Records en 2017. Une juste rétribution pour un artiste non négligeable de la scène électronique française.