Non, Jamais L’Espérance est la seconde moitié du diptyque Pandémonium, œuvre de jeunesse de Jean-Baptiste BARRIÈRE. Après la série de paysages abstraits fragmentés de Ville Ouverte, ce deuxième album expose trois longues plages fort différentes. Les sonorités changent également, toujours peu avenantes mais moins violentes, moins crues. Le caractère de la musique est radicalement différent, méditatif voire processionnel. Les deux albums partagent avant tout une abstraction sonore radicale. Cet aspect désincarné, hors de ce monde, éloigne Pandémonium même de l’Ambient de Brian ENO.

"Voix De Lumière" occupe la première face et s’avère beaucoup plus homogène que les deux faces de Ville Ouverte grâce à un drone atonal commençant par des rumeurs sourdes et muant au gré des filtrages et des oscillations, perturbé par des accidents sonores peu nombreux mais s’accumulant en une montée en puissance finale. Globalement, ce morceau reste somme toute très calme et neutre comparé aux ambiances torturées du précédent album. "Situations Extrêmes" est beaucoup plus évocateur; c’est un gouffre sonore fait de bouillonnements et de chuintements… et de deux déclamations croisées à caractère mystique qui ne sont pas sans rappeler l’Apocalypse De Jean (1968) de Pierre HENRY, malgré l’absence de citation explicite d’une mythologie de la part de Jean-Baptiste BARRIÈRE. "La Chute" achève le diptyque Pandémonium sur des séquences virulentes et une impression de menace ravivée, comme un retour à la Ville Ouverte. "Situations Extrêmes" et "La Chute" partagent tout de même un semblant de mélodie (!) improvisée sur six notes, à vague consonnance indienne mais sans aucune structure discernable (et donc ne pouvant pas être rattaché à un râga).

Difficile de décrire davantage une œuvre si abstraite ; les deux volumes de Pandémonium ne bénéficient pas de la même aura que les autres albums du catalogue Atem et demeurent aujourd’hui privés d’une réédition officielle alors qu’ils tiennent en un seul CD. Le label américain Creel Pone en a effectué un tirage CD en fac-similé (c’est-à-dire directement depuis une copie originale) mais les tirages de ce label étant officieux (donc interdit à la vente sur Discogs) et à tirage extrêmement limité, inutile de compter dessus. En revanche, Creel Pone a maintenant une chaîne YouTube avec la plupart de ses trouvailles mises à disposition, incluant Pandémonium.