Le monde des musiques sombres est assurément passionnant. Enfoncer des portes ouvertes l'est encore plus. Ceci procure même un avantage certain puisque les douleurs à l'épaule sont limitées. Le plus important cependant, c'est d'essayer d'être toujours à l'affût, avide de découvertes. Les baisses de régime sont fréquentes, légitimes, mais à vrai dire quoi de plus normal ? Mais lorsque la machine décide de repartir et que l'on trie patiemment le grain de l'ivraie, on tombe sur des petites pépites. La Danza du trio de Liverpool en est assurément un bel exemple.

Avec ce deuxième album sorti au printemps 2015, les Anglais en toute discrétion ont en effet marqué un grand coup. S'il ne propose rien de fondamentalement innovant, il n'en demeure pas moins que ces huit titres sont savoureux. Après Phantomime (2013) qui laissait déjà espérer de belles choses pour le futur, DOUBLE ECHO a en effet changé de braquet rapidement. C'est de la qualité supérieure. Le trio nous propose une froide balade nocturne particulièrement attractive. Le projet reprend les choses là où CLAN OF XYMOX les avait laissées avant de sombrer à la fin des années 80.

DOUBLE ECHO fait dans le Gothique mais plus dans la finesse glacée que dans la caricature poussiéreuse façon FIELDS et consorts. Il y injecte avec subtilité une belle dose de spleen dansant. C'est bien ainsi ce dernier que l'on retrouve dans l'excellent "The Sentence" qui rappelle effectivement le meilleur de Medusa du CLAN. Mais point d'ersatz ici. Les guitares incisives se marient tout en fluidité avec le jeu de claviers inventif. A l'image de l'introductif et hanté éponyme, tout y est savamment équilibré. Les voix s'entremêlent tandis qu'une basse liquide très en avant impulse une rythmique sans faille. DOUBLE ECHO au travers de ces 37 minutes se présentent comme de précieux architectes sonores. L'une des caractéristiques de ce trio est aussi que chacun des protagonistes se trouve au moins une fois derrière le micro.

Il en découle naturellement une diversité de couleurs. Le timbre d'Ellon Souter évoque aussi bien celui de Christianna de MEPHISTO WALZ que Froxeanne de FROZEN AUTUMN. Il y a nettement pire comme comparaison. Elle enveloppe ainsi, aidée par une guitare cristalline, le superbe "Lustless Silences" d'une mélancolie hivernale des plus éclatantes. Lorsque les sonorités se font plus électroniques à l'instar de l'émouvant et dansant "Concrescence", Souter nous donne un cours de chant typiquement dark wave, distant à souhait, provoquant de savoureux instants. Le timbre d'Ash Lerczak quant à lui noyé dans un brouillard d'échos s'allie parfaitement aux titres plus posés, plus lents. L'écoute des excellents "I Used To Be In Pictures" et "Statue" se suffit à elle-même et expose des compositions riches en texture et émotions. Ce sont ni plus ni moins des tubes en puissance pour des petits cœurs emplis de givre.

Vous l'avez compris. La Danza est une réussite totale. Cet album par essence malheureusement peu exposé ne connaît ni temps mort, ni redondance. DOUBLE ECHO à travers cette qualité mélodique nous donne tout simplement à entendre ce que les univers ténébreux peuvent offrir de meilleur.