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BYSSHE - La Sibylle Sur Le Sable (2024)
Par WATCHMAN le 29 Septembre 2024          Consultée 655 fois

Quelle joie d’assister au retour discographique de BYSSHE, quatre ans après l’introspectif et éthéré Forever in the Eye of Change qui avait marqué les auditeurs par sa tessiture plus sombre ! Toujours en provenance de la montagne et des forêts sapinières mystérieuses de la belle région du Haut-Doubs, nos quatre ménestrels reviennent se faire les chantres du rock psychédélique teinté d’acid-folk et de poésie qui a fait jusqu’à présent leur succès. Dans le milieu du journalisme musical, il est de coutume de dire que le troisième album représente généralement un cap, un tournant dans la carrière d’un groupe, l’opus de la confirmation de tous les espoirs et jalons posés auparavant par les deux disques précédents. Qu’a donc à nous révéler la musique de La Sibylle sur le Sable ? Porté une nouvelle fois par un titre très imagé à consonnance prophétique et bénéficiant comme toujours d’un artwork très travaillé en parfaite adéquation avec l’univers onirique de la formation, plongeons sans plus tarder dans les sinueux méandres de cette nouvelle offrande.

Du haut de ses presque quatorze minutes, le titre éponyme ouvre majestueusement l’album. Le choix d’un morceau-fleuve comme entame est un parti-pris audacieux et quelque peu novateur du groupe, pourtant déjà rompu à ce type d’exercice. Mais le démarrage initié par "La Sibylle sur le Sable" est si bien négocié et orchestré que la pilule passe toute seule, avec une aisance déconcertante, en dépit de l’aspect technique de la chose. Comme de coutume, Élodie et Quentin se partagent équitablement le chant, la première par la même occasion extrêmement présente grâce aux nombreuses parties de claviers qu’elle assure. Ces dernières sont comme toujours parfaitement agencées et complémentaires aux riffs du second. Mention spéciale d’ailleurs aux transitions autant qu’à certaines sections ambiantes, qui sont impeccables tout au long de l’album et honorent ainsi la grande tradition propre au rock progressif. Avec déjà une telle odyssée musicale en guise d’entrée en matière, on se dit que l’on n’a pas trop de souci à se faire pour le reste du contenu.
"Queen of Cups", malgré sa référence ésotérique à la tarologie, constitue une incursion assez réussie dans l’univers du stoner rock et chasse littéralement sur les terres d’un Acid King. Superbe ambiance développée tout du long, grâce notamment à un énorme abattage de la basse façon Geezer Butler dans BLACK SABBATH, et où le solo de gratte planant tutoie un chant mystique du plus bel effet.
"Spellbind Me", sous ses accents charmeurs, nous refait quant à lui le coup du parfait single rock psychédélique à la manière de "A Word", l’un de mes titres préférés du répertoire du groupe.
"New York City" est une magnifique balade, emplie d’une certaine rêverie mélancolique, qui m’évoque par instants ce que les Suédois d’OPETH ont pu parfois nous proposer dans ce registre au cours de la période Heritage-Pale Communion.
"Psychonauts" constitue le second morceau à dimension ambitieuse de l’album, même s’il est deux fois moins long que "La Sibylle sur le Sable". Son thème des 'navigateurs' de l’âme, explorateurs de la psyché, ainsi que sa structure à la fois directe et complexe nous renvoient à The Black Angels et même à certains instants aux chapitres les plus planants et psychotropiques de FIELDS OF THE NEPHILI, période Elizium.
Je note l'excellent travail aux percussions de Fernand, marteleur en chef de cette horde de hippies 2.0.
"Break Free" amorce la fin (oui déjà) du disque en ressuscitant, notamment par l’usage de la flûte, les heures de gloire de JETHRO TULL, notamment de sa pierre angulaire Aqualung. Cette jolie conclusion aux airs bucoliques et au parfum d’acid-folk fera ressortir aux plus nostalgiques l’encens, le patchouli et leur plus beau pantalon à patte d’eph.

Un mot sur la pochette, réalisée par l’artiste Camille Conrad Rasseneur, et sans nul doute sujette à de nombreuses interrogations. Est-ce un cœur d’obsidienne ? Un éclat de lave refroidie ? Un poisson-lune voguant devant l’astre d’albâtre aux allures de phare ? Mon petit doigt me dit que la réponse serait plutôt à chercher du côté de l’Islande et d’un certain cristal de roche à l’attraction irrémédiable. Mais, à mon humble avis, sa réelle signification demeure à l’image de la poésie de Percy Bysshe Shelley, muse masculine et interlocuteur privilégié de la correspondance secrète du groupe. À savoir drapée dans un voile de mystère et ouvrant le débat à de multiples interprétations.

En dépit d’une durée un peu courte à mon goût (6 titres pour 38 minutes, eh oui que voulez-vous, lorsqu’on aime, on en veut toujours plus, c’est bien connu), BYSSHE transforme à nouveau l’essai, livrant un nouvel album d’excellente facture à l’atmosphère oraculaire. Bénéficiant toujours depuis 2020 des conseils et de l’appui du label M@O Music, la formation franc-comtoise parvient, sans toutefois dépasser à mon sens l’exceptionnelle qualité de son premier album, à confirmer son talent d’écriture et de composition, sans oublier d'intégrer quelques nouveautés et influences jusque là peu ou pas développées. Derrière la console, l'ingénieur du son (et quasi cinquième membre du groupe) Paul Pourchet lui octroie une nouvelle fois un son extrêmement professionnel, une production laissant transparaître à certains moments un grain légèrement plus rugueux qu’à l’accoutumée, en particulier au niveau du traitement des voix et du son de guitare, mais restituant à merveille la sensation du sable clair de la grève où se serait étendue la Sibylle, bercée autant par le roulis des vagues blanchies d’écume (de Cumes) que par cette ode musicale que lui a dédiée le groupe.

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- Élodie (chant, claviers)
- Quentin (chant, guitares)
- Théo (basse, chœurs)
- Fernand (batterie, percussions)


1. La Sibylle Sur Le Sable
2. Queen Of Cups
3. Spellbind Me
4. New York City
5. Psychonauts
6. Break Free



             



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