Patrick MIMRAN est un artiste multidisciplinaire exposant depuis près de trente ans de par le monde. La musique étant un de ses champs d’expression, il a publié plusieurs albums qui restent encore aujourd’hui assez confidentiels. Il a notamment composé la bande-son de l’exposition The Stairs Genava (1994) de Peter Greenaway. Patrick Mimran fut également co-propriétaire (1978-1984, avec son frère Jean-Claude) puis propriétaire (1984-1987) de la marque automobile Lamborghini, avant de la vendre au groupe Chrysler.

Le premier album Novels For The Moons fut publié en 1983 sur le micro-label Lamborghini Records (ça ne s’invente pas). Ce recueil de quinze miniatures musicales a été réalisé en collaboration avec l’ingénieur du son et concepteur de synthétiseur allemand Andreas Barhardt, lequel a déjà travaillé pour Peter BAUMANN (ex-TANGERINE DREAM) et conçoit à la demande de Patrick MIMRAN un synthétiseur analogique et polyphonique à 16 voix, à programmation digitale (microprocesseur Hewlett-Packard 16 bits)*. Complété par une boîte à rythme Linn Drum et de quelques samples, ce synthétiseur personnalisé confère une identité sonore unique à cet album.

Un certain Howard Bedman est cité aux crédits aux côtés de Patrick MIMRAN; il s’agirait selon Discogs de Christopher FRANKE (membre de TANGERINE DREAM de 1981 à 1987 et aussi premier batteur de AGITATION FREE), sans que cela soit confirmé autre part – il peut tout aussi bien s’agir d’Andreas Barhardt sous pseudonyme. S’il n’est donc pas sans rappeler les séquençages détaillés du TANGERINE DREAM période Schmoelling (1980-1985), en particulier de l’album White Eagle (1982), Novels For The Moons s’en dinstingue aisément par des morceaux d’une durée nettement plus courte, et surtout le style mélodique caractéristique de Patrick MIMRAN qui emploie beaucoup le mode phrygien (mode de mi), certains enchaînements harmoniques (seconde ou tierce mineure) et un rythme complexe et orné, souvent aux double et triple croches, bien mis en valeur par une stéréo pleinement investie. On trouve également beaucoup de mélodies orientalisantes sur plusieurs morceaux tels que "Twilight Ride", "Dancing Shadows", "Traditional Moon Dance" et "Flying Rabbi". Malgré de rares samples ("Griffin’s Disaster", "Owls") qui se détachent des autres sonorités, le tout est d’une propreté et d’une homogénéité exemplaires.

La grande homogénéité, voire l’hermétisme, de l’ensemble et la récurrence des éléments musicaux précités peuvent procurer un certain sentiment de redondance, mais l’album se bonifie au fil des réécoutes. Le rock électronique de "Griffin’s Disaster", les passages planants de "Masha" et les rythmiques ultra-détaillées de "When The Lips Fly High", "Xylobones", "Traditional Moon Dance", "Kissing The Desert Ghost", "Dancing Shadows" ou "Flying Rabbi" accrochent l’oreille. Novels For The Moons livre une approche très originale du genre.

Il existe un 45-tours promotionnel de 1982, avec une pochette générique, sur lequel figurent les morceaux "Folamour" et "Redsun", sans que l’on puisse en trouver la moindre information.

3 ¾ sur 5

*https://www.muzines.co.uk/articles/man-and-machine/8004.