On ne peut pas reprocher à Mark RONSON d'avoir su bien se placer (en l'occurrence avec Cristina AGUILERA, Amy WINEHOUSE ou encore Lily ALLEN), ou alors tout aussi bien s'entourer (ses albums rares mais remplis de featurings remarquables, sans parler du fameux "Uptown Funk" avec Bruno MARS), mieux qu'autre chose. Le bonhomme, fils adoptif de Mick Jones (SPOOKY TOOTH, Johnny HALLYDAY et FOREIGNER) dans l'enfance, a forcément des bases solides et de la suite dans les idées.

Ainsi, après avoir marqué l'année 2019 avec Late Night Feelings, album qui réunissait Lykke LI, Miley CYRUS, Camila CABELLO et d'autres pour un cocktail de son cru, Mark RONSON connait l'année suivante, comme des milliards de personnes sur Terre la période Covid et ce qu'elle entraîne de difficultés, morosité. Heureusement, pour un musicien attaché au support single, il demeure facile de faire passer de bons sentiments, aider à rêver encore un peu avec de simples notes et sans besoin de faire la batucada pour tout le quartier avec des casseroles depuis son balcon.

Pour ce single paru deux mois après le commencement du premier confinement, il fait appel à une chanteuse nouvellement arrivée dans le paysage, avec deux-trois singles (dont "Valentine") pour le moins réussis et remarqués, à savoir RAISSA. Celle-ci, née d'une mère espagnole et d'un père franco-algérien, ayant grandi en Malaisie et vécu à Londres pendant ces années Covid (aujourd'hui, elle est à Los Angeles), s'est donc vite établie et pour cause, elle mérite de figurer parmi les meilleures vocalises r'n'b-pop actuelles !

La surprise est néanmoins de taille face au choix de featuring, dont on peut d'emblée dire qu'il s'agit d'une reprise ! On a déjà pu parler, assez méchamment – mais c'est de bonne guerre – des playlists/bandes passantes en salle de sport. Imaginez qu'à un moment, vous entendez un semblant de mélodie, de vraie mélodie, avec quelque chose qui ressemble enfin à une voix de femme bien que largement traitée, sur un ensemble planant, déjà c'est salvateur, très chouette en soi. Et puis vous vous dites 'tiens, cet air-là, ces paroles, je les connais... Bon sang, mais c'est bien sûr !'

Mark RONSON épaulé par RAISSA rend hommage à Linda & Richard THOMPSON, avec une chanson parmi les plus cools des années 1970 dans son genre, à savoir "I Want to See the Bright Lights Tonight", extrait de leur album du même nom. Richard THOMPSON, l'ex-FAIRPORT CONVENTION et immense guitariste à la belle voix grave, le folkeux au toucher si particulier, bref tout ce qui peut lui donner un air royal, sans oublier sa manière d'écrire, de faire sonner les accords, et Linda Peters, devenue son épouse pour environ une décennie, porteuse d'un beau timbre également.

La chanson parle de la routine du boulot quotidien, d'une sorte d'enfermement dont la demoiselle cherche à se sortir en allant faire un tour en ville le soir, s'évader parmi toutes les belles lumières. Autant dire que cela tombe bien, même si de façon ironique, la monotonie d'alors vient parfois plutôt du fait de ne pas bosser justement ! La mélodie répétitive est basée sur un vrai couplet refrain et le leitmotiv continuel qui forme le titre de la chanson.

De morceau pop-folk qui fait penser à du reggae mais différemment et avec des cuivres mariachi de base, on baigne ici dans la pop la plus planante telle que proposée actuellement, avec moult synthés et une déformation vocale. Avec de quoi tiquer certes mais pas plus que cela au final, grâce à la mélodie toujours plaisante, une interprète que malgré le grain Pro-Tools on devine faite pour cela. Et puis ces nappes, ces effets cristallins, ces petites percus, cette basse synthé et cette boîte à rythmes plus claquante sur le refrain, cela reste de la belle ouvrage. Quelques versions différentes par d'autres artistes prouvent qu'il semble dur de rater une 'cover' de cette chanson, mais là en plus, on a le double plaisir de l'étonnement et de voir un nom comme celui de RONSON apposé. Classe !