"Uptown Funk", c'est du funk qui groove, c'est du funk qui claque, c'est du funk old-school. Tous les clichés du genre y passent, des accords aigus saccadés par une guitare électrique au son clair jusqu'à la basse bien grasse (doublée ici par des vocalisations apportant un petit côté décalé à l'ensemble), sans oublier l'indispensable section des cuivres, le tout porté par Bruno Mars qui déroule son flow sur des paroles non dénuées d'auto-dérision. Aucune originalité certes, mais le résultat final tient la route, et d'un même mouvement rend hommage à la disco-funk des années 80, incarnée par PRINCE et TIME, tout en offrant un tube auquel il est difficile de résister. Bref, "Uptown Funk", ça déchire ! Voilà voilà.

Comment ça c'est pas fini ? Il y a d'autres chansons ? Ah oui c'est vrai, j'ai failli oublier... Alors, au menu, de la R&B mal vieillie et soporifique (coucou Stevie ! toujours pas fossilisé ?), un peul de néo-soul mollassonne et vaguement psychédélique (parce que c'est la mode en ce moment) et pas mal de remplissage. Je n'ai rien contre le fait de "remettre au goût du jour" des styles révolus, de faire revivre au public néophyte (dont je fais partie, car ces genres me sont globalement étrangers) les grandes heures de la musique qui a bercé l'enfance de Mark Ronson ; sauf que les diverses influences ont été mixées ensembles tellement fort qu'au final il ne reste plus qu'une soupe au goût et à la texture indéfinissables. Et surtout, qu'est-ce qu'on s'ennuie !

Alors certes, les guests ne manquent pas de talent, il paraît même que Ronson et son pote Jeff Bhasker - qui a co-produit et co-écrit le truc - ont visité des dizaines d'églises dans le sud des Etats-Unis avant de trouver la chanteuse qu'il leur fallait pour "I Can't Loose", ça me fait une belle jambe tiens. En fin de compte tout cela ne mène à rien de bien intéressant. Et j'ai l'impression que faire jouer Stevie c'était surtout pour pouvoir dire "eh les mecs, écoutez y a Stevie Wonder qui joue de l'harmonica sur mon intro et sur mon outro aussi ! Ouais, ça sert a rien, mais c'est cool nan ?"

Bon, en creusant un peu, on peut trouver quelques moments sympathiques sur "Summer Breaking" ou "In Case Of Fire", mais c'est à peu près tout, et ça ne suffit pas à faire un bon album, ni même un album correct... "Uptown Funk" était un de ces rares morceaux qui, lorsqu'il est passé à la radio, m'a donné envie d'en entendre plus. Je dis rare parce que déjà j'écoute très peu la radio, et ensuite parce que la plupart des choses que j'y entends me font regretter de l'avoir allumée. Oh monde cruel, comme tu m'as déçu... Sur ce je vous laisse, je vais me repasser "Uptown Funk" une ou deux fois pour me consoler. "Don't believe me just watch !"