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WILSON PHILLIPS - Shadows And Light (1992)
Par MARCO STIVELL le 15 Août 2023          Consultée 746 fois

La fin d'un phénomène, déjà, mais au prix d'un des plus beaux albums de pop féminine qui soit, sinon 'le' plus beau étant donné qu'elles sont trois. Et ce, avant longtemps, pour la dernière fois...

Le premier album de WILSON PHILLIPS a énormément marqué le monde occidental, et les jeunes filles/femmes des années 90, chanteuses ou non, leur doivent beaucoup sans forcément le savoir. Chynna Phillips avec ses amies d'enfance, les soeurs Carnie et Wendy Wilson, parfaitement dignes de leurs parents-artistes prestigieux, ont brillamment défendu leur style commun de chant et de musique quand on leur disait que cela ne valait rien et ne mènerait nulle part. "Hold On" et les autres singles ont plus que bien rempli leur rôle, sans parler des clips de plus en plus originaux et affirmés ("Impulsive" sacre Wendy comme l'une des chanteuses les plus sexy de sa génération, en plus d'être l'une des plus belles voix). Après une lancée en trombe et chiffrée en millions, tout est fait pour que cela continue, mais non. D'une part, le monde, de la musique ou non, n'est pas tendre avec les "enfants de", peu arrivent à tirer durablement leur épingle du jeu...

D'autre part et a-posteriori, le deuxième album souffre, le plus injustement qui soit, de ne pas avoir sonné plus proche de son prédécesseur. Avec "Hold On", chanson d'espoir chevillée au coeur de beaucoup de gens et mille autres paroles positives autour, le "debut" de 1990 s'est montré lumineux et a cartonné en partie grâce à cela. Pour Shadows and Light, titre jumeau de celui d'un autre album-phare publié en 1980 par Joni MITCHELL (ce qui fait deux essentiels éponymes au féminin et pour des styles différents), le public reproche à WILSON PHILLIPS d'avoir versé dans un registre sombre, oubliant qu'on nous parle, dès le titre et la pochette, d'ombres certes, mais aussi de lumière ! Et la confiance ne règne pas quand elle aurait dû. Pour commencer, on ne change pas une équipe qui gagne, Glen Ballard en tête et toujours aux manettes, et les musiciens formidables sont pratiquement les mêmes : Kerber, Landau, Robinson, Stubenhaus et Da Costa, auxquels se joignent Leland Sklar et Greg Phillinganes, excusez du peu !

Ensuite, sans rien vous cacher, comment ne pas accuser le sort de mauvais fonctionnement, quand la seule chose qu'on peut trouver à redire concernant un disque aussi qualitatif, aussi classe, concerne le livret mal designé ? Les photos de fond dans les tons sépia sont très belles, sans parler de celles de trois jeunes femmes avenantes qui n'ont même pas encore 25 ans, dont une particulièrement marquante dans une ambiance "complicité de beach girls". En revanche, écrire les paroles et les crédits à la suite en tons dorés sur l'ensemble des pages rend la lecture indigeste. Voilà, c'est bien tout !

Pour le reste, accrochez-vous, car Shadows and Light est plus qu'un album incroyablement fort et ravissant, c'est une aventure. Les deux parties de "I Hear You", composition instrumentale de Carnie avec ses vocalises en compagnie de Chynna et des onomatopées sucrées de Wendy sur fond de pianos-synthés magiques, ouvrent et ferment 56 minutes sensationnelles, faites de purs enchantements. Les moments rêveurs sont légion, les slows puissants tout en baignant à merveille dans cet entre-deux décennies, et les arrangements comme les progressions des mélodies se révèlent audacieux, remplis de détails, qu'il s'agisse de "Alone", ballade éperdue écrite par Wendy, ou "All the Way From New York", écrite elle par Chynna, en lien avec son étranger de père. Et il y a plus fort encore, à ce niveau...

Si quelques credits solo sont apposés aux chansons, WILSON PHILLIPS fournit un effort de nouveau très collectif. Ce deuxième album est simplement plus clair que le premier dans sa production et plus diversifié, à l'image des voix souvent groupées mais qui se distinguent à loisir, se complètent et se retrouvent avec la même passion amicale, familiale. Les chants merveilleux des soeurs soutiennent Chynna sur ce moment terriblement poignant qu'est "Where Are You?" où la jeune femme confie avoir été abusée par son père John Phillips dans l'enfance (ayant eu jusque-là en tête, pour ma part, que "seule" sa grande demi-soeur Bijou Phillips, actrice et elle aussi chanteuse, était concernée...). Le dernier refrain insistant, les guitares musclées de Michael Landau pour le passage au point de vue adulte et son solo fin à la wha-wha en attestent : cette chanson a beau porter la responsabilité de l'éloignement du public, ce n'est bien sûr nullement mérité, mais comment expliquer, rattraper ?

Les chansons se font ainsi sombres dans leur intimité. "Flesh and Blood", autre merveille en ballade plus classique mais renforcée par l'ambiance marine au matin ou en fin de journée, fait se succéder Carnie et Wendy parlant à Brian, l'immense musicien mais ô combien absent papa comme homme, pendant longtemps. Autant dire que le coeur de l'album est véritablement à couper le souffle ! La lumineuse "All the Way from New York" d'envergure et au même niveau que "You Won't See Me Cry", resplendissent avec les participations du maître Steve Lukather aux guitares grésillantes à nouveau, comme c'était le cas sur le premier album, mais aussi du saxophone d'un membre éminent des YELLOWJACKETS, Mark Russo.

Parlons alors du caractère hybride de ce disque, bien que favorisant les ballades, puisque les cuivres amènent un sacré vent de nouveauté sur des titres plus pêchus, chacune des trois jeunes femmes en lead ayant sa part. À Carnie, l'esprit trucker/routier de "Fueled for Houston" (harmonica en prime) qui tient de la malice flamboyante, à Chynna "It's Only Life", autre titre de caractère, délicieux du début à la fin dans son enrobage 90's des plus massifs, et basé sur un rythme de shuffle/ternaire blues-jazzy du plus bel effet, tout comme "Give It Up" pour Wendy, des plus envoûtants y compris avec ses arrangements programmés, sa basse-synthé gargantuesque. En réalité, WILSON PHILLIPS essaie autre chose et le fait avec grandeur, même si un petit rappel en fin d'album aurait été bienvenu ! Si leurs voix suaves, conjointes ou non soulèvent habituellement, aux côtés des bons sentiments, quelque chose d'irrémédiablement sexy, il faut ajouter ici grâce à ces titres quelque chose d'aguicheur, de diablement séduisant.

On pourrait parler encore de Wendy et ses accents Stevie NICKS qui n'aurait pas gâché sa voix, sur la relancée jolie offerte par la pop très américaine de "Don't Take Me Down", avec de super choeurs des deux autres en réponse. De Carnie en lead et dirigeant l'un des meilleurs va-et-vient vocal en collectif du disque sur "This Doesn't Have to Be Love", chaloupé et finement exotique, offrant son lot de frissons jusque dans le final doucereux. Enfin, de "Goodbye, Carmen" porté par la même chaleurs rythmiques tout en faisant écho à "All the Way from New York", par Chynna et les orchestrations symphoniques, mais dans des tons latinos du plus bel effet. Sans oublier toutes les ponctuations des musiciens au cours des morceaux, synthés adaptés de maître Ballard et audibles à peu près partout, idem pour les basses chaudes de Sklar et Stubenhaus, vibraphone et rimshot de John Robinson sur "Alone", guitares nylon et slide de Landau sur "Goodbye, Carmen"...

Hélas, malgré un bilan exceptionnel, tout cela se solde par une séparation - temporaire - du groupe à la fin de l'année 92, baisse de succès caractéristique n'aidant pas et Chynna ayant des envies de carrière solitaire. Nonobstant un rang de joli numéro 4 au Billboard côté USA, comme pour tant de deuxièmes albums maudits (quitte à faire un anachronisme, Joan OSBORNE subira le même tarif), Shadows and Light, diamant noir dont les compositions ne payent pas, reste le dernier album original de WILSON PHILLIPS qui, en dehors des albums solo/duos, favorisera les reprises lors de leurs retrouvailles ponctuelles.

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   MARCO STIVELL

 
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- Carnie Wilson (chant, choeurs, piano, tambourin, arrangem)
- Chynna Phillips (chant, choeurs, arrangements vocaux)
- Wendy Wilson (chant, choeurs, arrangements vocaux)
- Glen Ballard (synthétiseurs, programmations, arrangements)
- Randy Kerber (piano, orgue, synthétiseurs)
- John Robinson (batterie)
- Michael Landau (guitares)
- Paulinho Da Costa (percussions)
- Leland Sklar, Neil Stubenhaus (basse)
- Greg Phillinganes (piano, basse-synthé)
- Robbie Buchanan, Bob Marlette (synthétiseurs, basse-synthé)
- Basil Fung, James Harrah, Michael Thomps (guitares)
- Chris Fogel, Jen Dickenson (claps)
- Dan Higgins, Kim Hutchcroft (saxophones)
- Gary Grant (trompette)
- Jerry Hey (trompette, arrangements des cuivres et cordes)
- Joshua Trossman (harmonica)
- Marc Russo (solo saxophone)
- Steve Lukather (guitares lead)
- Clayton Haslop (chef d'orchestre)
- Christine Ermacoff, Todd Hemmenway (violoncelle)
- Dennis Karmazyn (violoncelle)
- Chuck Domanico, Kenneth Wild (contrebasse)
- Brian Dembow, Roland Kato (alto)
- Marlow Fisher, Michael Nowak (alto)
- Richard Altenbach, Lily Chen (violon)
- Ronald Folsom, Reg Hill (violon)
- Karen Jones, Leslie Katz (violon)
- Ralph Morrison, Helen Nightengale (violon)
- Claudia Parducci, Mari Tsmura Botnick (violon)


1. I Hear You (prelude)
2. It's Only Life
3. You Won't See Me Cry
4. Give It Up
5. This Doesn't Have To Be Love
6. Where Are You
7. Flesh And Blood
8. Don't Take Me Down
9. All The Way From New York
10. Fueled For Houston
11. Goodbye, Carmen
12. Alone
13. I Hear You (reprise)



             



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