Le disque de BASKERY en hommage à Neil YOUNG était l'un des plus attendus de cette fin d'année. The Young Sessions a été enregistré en une seule journée du mois d'août 2023, aux studios Middle Farm (côte sud du Devon, au Royaume-Uni) avec l'assistance du producteur en chef Peter Miles. Quant à savoir pourquoi le projet de sortie a autant traîné... ?

Une évidence dès la découverte de la tracklist : tout ou presque est très centré sur Harvest (1972), le plus connu de la longue discographie du Loner, par opposition à un autre album tribute dont il était ici question il y a quelques mois (celui de Nils LOFGREN). On a déjà parlé du single de "Down By the River", petite merveille de plus de dix minutes, et qui à lui seul vaut le détour.

Un titre de l'album suivant, le troisième du Loner, After the Goldrush (1970), "Don't Let It Bring You Down", apparaît dès le début des Young Sessions dans un medley de dix minutes lui aussi, encadré par "Out on the Weekend" et "A Man Needs a Maid", tous deux de Harvest et bien différents.

Les pensées amoureuses nostalgiques ou dépressives du Loner sont donc mises à l'honneur d'emblée par notre trio féminin suédois de sang et de charme. Le début de "Out on the Weekend" est très proche de l'original, aisé pour Greta Bondesson et sa batterie jouée aux pieds. La guitare de sa sœur Sunniva plane superbement, les harmonies vocales des deux avec Stella font leur travail. Tout se poursuit tranquillement ensuite jusqu'à "A Man Needs a Maid", auquel YOUNG avait déjà fait perdre depuis longtemps sa couleur orchestrale emphatique en live. BASKERY use à son tour ici d'une sobriété toute en belle finesse.

Pour les autres titres de Harvest, on les sent bien relâchées, comme sur "Heart of Gold" et son fataliste 'and I'm getting old!' ainsi que "Old Man" où, au contraire de l'originale mythique, les refrains sont plus doux que les couplets. Le banjo de Greta est bien de la partie en tout cas, et l'on s'émeut notamment du très beau dernier vers principal, ramené en toute fin de chanson.

Relâchées, les trois sœurs le sont peut-être un peu trop sur "Alabama" et sa bonne nervosité qui convient bien à leur style habituel, mais l'enregistrement font que les voix sonnent lointaines et un peu traînantes. Un des inconvénients du 'live to tape', direct en boîte ? En tout cas, "The Needle and the Damage Done" n'est pas concernée par ce défaut, petite merveille de toujours sublimée ici par l'alternance des sœurs en lead vocals sur un arpège de guitare délicat et balancé comme il se doit. Très émouvant.

Deux autres morceaux complètent la journée de travail 'live en studio', à savoir "Cowgirl in the Sand", dernier titre du second de Neil YOUNG, Everybody Knows This is Nowhere (1970), qui reprend les mêmes rythmiques qu'"Alabama" et propose un solo de Sunniva bien dans le ton du Loner, même si moins marquant que "Down by the River". Si on salue l'effort des trois sœurs, l'enregistrement rapide et spontané donne l'impression parfois d'un manque léger, y compris au niveau vocal.

Rien de grave et en fin d'album, elles nous offrent un très chouette "Sugar Mountain", morceau de l'époque avant que YOUNG ne se fasse un nom dans BUFFALO SPRINGFIELD ou autre, au milieu des années 60, quand il était encore très imprégné par sa vie à Winnipeg, capitale du Manitoba (Canada). La chanson a atterri en face B du single "The Loner", au moment du premier album solo en 1968. On apprécie cette petite escapade de BASKERY en termes de rythme, ces grands accords de guitare acoustique, ces harmonies mieux gérées que sur d'autres titres plus connus, et on comprend ce qui manque un peu à ces Young Sessions : un peu plus d'idées dans ce genre !

Note réelle : 3,5