Parler des deux premiers albums de BASKERY sous leur premier nom de groupe tout en l'adjoignant au reste de leur discographie, pourtant différente, est à la fois un parti-pris et quelque chose de naturel. Peut-être parce qu'il y a toujours eu cette prédominance des liens du sang, et aussi les similitudes d'un point de vue musical, les racines qui puisent davantage aux Etats-Unis que dans leur Suède natale, tout en suivant le mouvement national d'ailleurs.

Dans l'un des derniers royaumes d'Europe, accroché à la branche la plus septentrionale appelée Scandinavie, on écoute traditionnellement (du moins, depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale) moins les chants nordiques locaux que le blues, la folk et le rock importés d'Amérique. Du coup, les petites Bondesson au nombre de trois, Greta Ingrid Marie (née en 1978), Stella Elin Marie (née en 1980) et Sunniva Lisa Marie (née en 1982) grandissent à Stockholm en écoutant Muddy WATERS Elvis PRESLEY, Bob DYLAN aussi bien que Neil YOUNG.

Cette éducation est bien menée par leur papa, Janåke Bondesson, musicien professionnel qui joue dans les bars en adaptant des standards de ces artistes sous la formule one-man-band, chant/jouant de la guitare seul et jouant de la batterie avec ses membres inférieurs. Il y a pas mal d'instruments qui traînent à la maison et notre meneur de clan encourage petit à petit ses trois trésors à se saisir de certains, se familiariser avec eux... Les filles grandissent et, au collège-lycée, elles découvrent également NIRVANA, GREEN DAY, OASIS etc, ce qui les motive à poursuivre dans cette voie. Le résultat est que petit à petit, la scène s'enrichit et le one-man-band se transforme en petit groupe.

Ainsi sont crées les SLAPTONES, avec donc Janåke (chant, batterie), Greta (guitare, banjo, harmonica, chant), Stella (contrebasse, chant) et Sunniva (guitare, chant). Deux albums voient le jour en 2003 et 2004, avec d'abord donc ce premier, Simplify, avec le bon concours de la major Capitol, s'il vous plait ! Et pour l'heure, il s'agit de reprises de standards blues/rhythm'n'blues ("Little Red Rooster", "Tobacco Road" entre autres) et rock'n'roll/rockabilly ("Please Don't Touch", "My Baby Left Me").

L'alliance du sang en termes instrumentaux, forcément, ressort comme quelque chose de solide. Le pont de "Night Time" est peut-être un rien brouillon, mais l'harmonica de Greta et la contrebasse de Stella claquent sévères, sans parler du son de guitare très Elmore JAMES sur "Tobacco Road". À la batterie, papa Bondesson soutient l'ensemble et ne se met vraiment que peu en avant, sauf sur "Parchman Farm", seul titre où ses filles ne le secondent point, vocalement.

D'ailleurs, on peut le dire d'emblée, les titres où Janåke chante en lead, d'une bonne voix de rockeur-crooner américain, ne sont pas ceux que l'on retient le plus, à l'exception de "Night Time" justement, et également "Rollin' and Tumblin", où les réponses des filles à leur père sont vraiment brillantes.

On remarque aussi en particulier sur "Cut Across Shortly" combien Sunniva, Stella et Greta sonnent délicieusement proche des trios féminins vocaux américains dans le jazz, pin-up etc, même si elles développeront par la suite autre chose, tel qu'elles le montrent sur l'acoustique et crépusculaire "Are You Tired of Me, Darling?" placé à la toute fin, moment de choix. La plupart de leurs interventions ailleurs sont tout autant réussies, on adore la voix douce de Sunniva sur "Love Comes Easy" et le blues sucré lunaire de "To Remind You" et tout simplement la fraîcheur distillée ici, même s'il y aura mieux à faire par la suite !