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The DEAR HUNTER - Act I : The Lake South, The River North (2006)
Par MENATOR le 10 Février 2025          Consultée 329 fois

L’histoire de The DEAR HUNTER commence en 2004 avec la démo Dear Ms Leading, fruit de compositions de Casey Crescenzo ne collant pas avec le style de son groupe d’alors  : THE RECEIVING END OF SIRENS, orienté exclusivement post-hardcore. Désireux d’une liberté musicale totale, il décide peu après de quitter le groupe pour se lancer dans un projet qui peut sembler fou au premier abord. Si vous avez l’habitude des albums concept du prog, accrochez-vous car Casey prévoit de développer son propos sur pas moins de 6 actes, narrant l’histoire d’un jeune homme, le Dear Hunter, au début du XXe siècle dans un décor fictif composé de la Ville, de la Rivière et du Lac. Les thèmes abordés ne sont pas vraiment gais, puisque Hunter naît d’une prostituée, Miss Terri, qui décide de fuir la Ville pour éduquer son fils à l’abri des vices humains, ce qui a pour effet de le rendre naïf et donc d’autant plus vulnérable à ces vices. Mais ne vous y fiez pas car la musique est, elle, lumineuse, dans un style qui mêle la spontanéité de l’indie et la richesse du prog, dominé néanmoins par la mélancolie de Casey.

Ce premier Acte s’ouvre sur un magnifique morceau à 6 voix mettant d’emblée en valeur le beau timbre de Casey, suivi d’une courte valse dominée par les cuivres et qui annonce déjà la diversité musicale dont va faire preuve le groupe. Quoique pour ce premier album le groupe n’est en réalité composé que de Casey qui s’occupe d’à peu près tous les instruments et de son frère Nick à la batterie, bien épaulés par quelques invités servant les dimensions orchestrale et chorale de la musique.

Après ce prologue, les choses sérieuses commencent avec le rageur “City Escape” où Casey ne renie clairement pas ses racines postcore, tout en y apportant sa finesse sur les couplets dominés par les chœurs féminins et le piano, créant un contraste parfaitement dosé que l’on retrouve tout au long de l’album, et particulièrement sur les deux morceaux suivants. “The Inquiry Of Ms. Terri” est incontestablement la pièce maîtresse de l’album : une intro planante portée par un arpège minimaliste et la batterie ingénieuse de Nick sur un rythme ternaire qu’affectionne particulièrement le groupe, un refrain mordant, un deuxième couplet hypnotisant et un pont poignant à vous arracher la petite larme. La fin du morceau n’est pas sans rappeler celle de “The White Rider” de CAMEL avec sa guitare réverbérée à fond, encore mieux exploitée sur la version live de l’album sortie en 2023 où le groupe interprète brillamment ce chef-d’œuvre. “1878” enchaîne de la même manière des couplets introspectifs et un refrain puissant très réussi (bien que trop répété à mon sens), et bénéficie même d’un solo d’orgue Hammond réalisé par le père de Casey lui-même.

Alors que ces trois morceaux développaient la relation entre Ms Terri et son fils en mêlant douceur maternelle et violence des démons du passé, “The Pimp And The Priest” vient présenter l’antagoniste principal de cette histoire avec son introduction aux cuivres grinçants et son refrain irrespirable soulignant l’ambivalence de ce personnage qui à la fois promet le paradis en tant que prêtre, mais qui de l’autre côté gère la maison de prostitution (the Dime) et manipule ceux qui la fréquentent en se servant de leur culpabilité. La deuxième partie du morceau est illuminée par de superbes chœurs à la PORCUPINE TREE ouvrant sur le dernier vrai morceau de l’album, “His Hands Matched His Tongue”, offrant pour la première fois le point de vue de Hunter, qui s’interroge sur le passé de sa mère, leurs non-dits et son avenir lorsqu’elle ne sera plus là. Casey signe encore une composition somptueuse avec son introduction acoustique mélancolique progressant jusqu’à une explosion de chœurs entremêlés et sa conclusion apaisante dans la lignée du morceau précédent. A noter que les versions live du morceau sont à couper le souffle puisque Casey tient sans reprendre le sien deux notes à pleine puissance pendant plus de 25 secondes. Impressionnant.

L’exercice de l’album concept n’est pas chose aisée mais Casey s’en sort à merveille. Il a commencé à écrire les Actes à la suite d’une rupture et lorsqu’on écoute cet album, on ressent toute l’émotion qu’il a mise dans sa musique et ses textes. Ici la musique sert l’histoire à la perfection. Comment ne pas être pris au tripes par le pont magnifique de “The Inquiry Of Ms. Terri” : “We dance around the truth / My dear, I lie for you / And when I lie down, I'm simply lying to them, too” ? Casey prouve un talent de compositeur, d’arrangeur et de parolier absolument impressionnant de maturité à 23 ans, et il n’aura de cesse de le confirmer au cours de la carrière prolifique du groupe. A l’instar de Fish avec MARILLION, il parvient à traiter de thèmes difficiles (corruption, prostitution, éducation, dérives de la religion) avec verve et justesse.

Vous l’aurez compris, Casey Crescenzo a fait très fort avec cet Act I, qui pose les bases du style de The DEAR HUNTER : un prog raffiné, poétique et puissant à la fois. Pas de démonstrations virtuoses ici, les compositions et les arrangements se suffisent à eux-mêmes. Alors certes, la qualité de production manque de profondeur et le chant de Casey est encore imparfait, mais cela ne contribue que plus à donner à l’album le charme suranné qui donne si souvent envie de revenir y jeter une oreille. Quelques maladresses et la courte durée de l'album lui empêchent néanmoins de recevoir la note maximale, mais le tir sera amplement corrigé sur l'opus suivant.

L’album se conclut sur le méditatif et un peu creux “The River North” dont la deuxième partie, où les instruments d’un orchestre s’accordent, brise le 4ème mur comme pour dire que l’histoire ne fait que commencer, la fin abrupte conçue pour être directement enchaînée avec l’Act II. La suite au prochain numéro !

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- Casey Crescenzo (chant, guitare, basse, claviers, mixage, productio)
- Nick Crescenzo (batterie)
- Tom Neeson (trompette)
- Judy Crescenzo (chœurs)
- Phil Crescenzo (orgue hammond)
- Daniel Nigro (chœurs)


1. Battesimo Del Fuoco
2. The Lake South
3. City Escape
4. The Inquiry Of Ms. Terri
5. 1878
6. The Pimp And The Priest
7. His Hands Matched His Tongue
8. The River North



             



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