Edith PIAF grandit dans la précarité, tour à tour avec ses deux grand-mères, puis avec son père, dans l'univers sans frontières du cirque, où sa voix éclate en douceur. Mais c’est dans le Paris bouillonnant des bals musettes et sous les réverbères et sur les pavés, que sa petite voix fragile, mais saisissante, se fait entendre, captivant les âmes errantes. Sa vie personnelle est jalonnée d’évènements tragiques, son art, lui, émeut jusqu'à devenir une référence intemporelle de la chanson française.

Ce premier disque regroupe ses premières mélodies s’étalant sur l’année 1936. Un an auparavant, à 20 ans, elle a déjà eu son lot de misère, elle vient d’ailleurs de perdre son unique enfant, et, alors qu’elle chante dans la rue et les bals musette, Louis Leplée, directeur de cabaret, découvre son talent et l’adopte sous le surnom "La Môme Piaf". Dès lors, la machine s’emballe, le public l’accueille généreusement, elle signe dans un label et enregistre son premier titre. Ainsi, les premières notes d’accordéon de "Les Mômes De La Cloche" nous propulsent immédiatement dans le Paris populaire des années 30. L’ambiance est légère et fluide, d’apparence joyeuse bien qu’une certaine mélancolie émane. Dès ce premier morceau, Edith PIAF impose son style, on a Paris, on a de l’argot, des syllabes retirées et, sous une apparente légèreté un réalisme parfois sombre. Ici, elle chante le côté sombre de la vie parisienne, les jeunes filles qui y sont rattachées et, malgré tout, leurs esprits indomptables. Une première chanson comme porte d’entrée vers son monde, un premier écho vibrant de son univers.

L’immersion continue et nous voilà emportés dans un bal musette, tournant au rythme de la valse de "La Java De Cézigue". La java, vivante et effervescente, nous entraîne dans une ambiance entraînante où Cézigue incarne une certaine figure de liberté. Si, elle avale bien des syllabes, dans "L’Etranger", c’est la voix sure et surtout puissante qui d’Edith PIAF s’élève mélancolique. Seulement accompagnée d’un piano, les arpèges soutiennent cette charge émotionnelle en prenant des accents dramatiques.

"Mon Apéro" respire l’esprit populaire et le charme de la chanson française de l’époque. PIAF y éclaire ces moments simples et suspendus mais réjouissant dans le tumulte de la vie. L’atmosphère est chaleureuse, et, elle éclipse momentanément la mélancolie pour adopter une voix plus espiègle. Le ton plus chargé est de retour avec "Reste" et tout comme dans "La Fille Et Le Chien" et "Quand Même" elle incarne l’essence de l’esprit romantique de Paris.

"Les Hiboux" s’ouvre sur un trois temps dansant ponctué d’un accordéon populaire avant que "Fais Moi Valser" offre un autre type de valse, moins populaire, plus personnel, empreint d’une nostalgie lourde, que le violon accompagne harmonieusement quand le piano en fond ponctue cela d’un peu de légèreté. La voix d’Edith PIAF émotive et poignante, résonne.

"J’Suis Mordue" apporte légèreté enivrante sur des airs guillerets de bals populaire. Le tempo énergique rappelle l’envoûtante nature d’une passion amoureuse et la voix est vibrante de sincérité toujours empreinte d’un certain réalisme.

"La Julie Jolie" introduit un rythme plus swing avec des cuivres et des cordes dansantes. La voix d’Edith PIAF est chargée de nuances. Une chanson pleine de charme où elle montre tour à tour sa puissance vocale et sa douceur. On retrouve la poigne de la mélancolie avec "Va Danser" avant que "Les Deux Menetriers" ne clôture ce premier disque sur un rythme rapide et énergique qui emporte. Les percussions créent l’impression d’une fuite, emportant tout sur leur passage.

Ce premier opus est l’incarnation d’un Paris populaire, romantique, joyeux et cru sur des airs tantôt dansants, tantôt mélancolique typique de la chanson française des années 30. Edith PIAF nous invite dans son univers, une signature vocale unique, un mélange de réalisme brut et de mélodies tendres.