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- Style : Les Croquants

Jacques BREL - Jacky (1965)
Par EMMA le 28 Janvier 2025          Consultée 1153 fois

Progressivement, BREL songe à arrêter le tour de chant, il rêve d’autres horizons et se voit idolâtré quoi qu’il fasse, devenant un produit rentable plus qu’un artiste. Lorsqu’il sort Jacky en 1965, c'est quelques mois avant d'annoncer son arrêt de la scène musicale. Son talent toutefois indéniable continue d’illuminer le paysage musical.

L’album, qui s’ouvre sur le retour de BREL le peintre, d’un ton calme et dédaigneux esquisse le portrait accablant d’une famille figée dans la médiocrité et désespérée. Le piano s’attarde d’abord sur un homme noyé dans l’alcool et un homme fait de faux semblants, puis l’accordéon s’ajoute et englobe l’ensemble du tableau ; la mère qui ne communique pas, la figure du père rigide et absente et la grand-mère présente uniquement pour l’héritage qu’elle laisserait. L’orchestration s’intensifie, se théâtralise et, dans un ultime crescendo, le narrateur laisse exploser dans un cri déchirant son amour impossible pour Frida. "Ces Gens-Là", œuvre imparable, se présente comme une critique cynique et cinglante sur un rythme lent et répétitif, un trois temps qui illustre le vide d’authenticité et l’immobilisme des existences humaines. BREL vit, habite et incarne avec force la quête de sens et de liberté.

"Jacky" apporte un peu de légèreté. Ici, tout y est, de l’intonation à l’orchestration, tout simplement du grand BREL. Le rythme est survolté, sous tension, évoquant la frénésie des corridas, une marche triomphale. Lorsqu’il évoque Jacky, son surnom d’enfant, alors la musique se fait plus douce et nostalgique avant de retrouver une intensité croissante, presque saturée, incarnant un homme qui restera toujours un peu incompris du public. Récit autobiographique ? Préquel d’adieux anticipés de BREL à la scène ? Ou bien un peu des deux, l’un enrichissant l’autre. "Grand-mère" participe à cette ambiance musicale plus vaporeuse dans la lignée de la chanson "Les Bigotes" quelques années auparavant. Sur un contraste dont BREL n’a plus à prouver la maîtrise, il interroge la transmission des valeurs morales sur un ton ironique, des mots très articulés, un peu exagérés et un trois temps dansant et vivant. Dans la continuité, "L’Âge Idiot", dont les premières notes sont celles du boudin de la légion, présente une orchestration expressive démontrant une fois encore l’ingéniosité de la prose de BREL.

S’il use d’ironie il jongle avec aisance d’un ton à un autre et, en quelques secondes, le piano tressautant de "Fernand" prend le dessus dans un moment de sensibilité et de justesse. Et, c’est très inspiré du Concerto en Sol de Maurice RAVEL que le pianiste Jouannest compose "Les Désespérés" comme une longue phrase musicale inachevable. Une beauté classique douce et délicate sur laquelle BREL pose sa plume tragiquement lucide, transformant cette mélodie en une œuvre des plus poignantes.

Jacky, sur la même lignée que le précédent album Mathilde, sonne l’excellence de Jacques BREL. Il livre des textes inspirés et inspirants, avec des mots qui poussent à embrasser la liberté. Le voilà brillant dans la noirceur, le ton grinçant qui bouleverse, puis un claquement de doigts et le revoilà gai et joueur. Des textes et arrangements musicaux en parfaite adéquation, où la tendresse côtoie la révolte pour créer un album inoubliable au sommet de son art.

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1. Ces Gens-là
2. Jacky
3. L'Âge Idiot
4. Fernand
5. Grand-mère
6. Les Désespérés



             



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