Quand le groupe texan CIGARETTES AFTER SEX annonce un nouveau projet, on sait à quoi s’attendre désormais. X’s, leur troisième album sorti durant l’été 2024, poursuit dans la lancée du groupe : une basse douce, des guitares vaporeuses sans oublier la voix androgyne et aérienne du frontman Greg Gonzalez, bref de la dream pop gentillette, parfaite pour contrer les nuits blanches.

Parce que oui, même si j’aime les chansons lentes et rêveuses de Lana notamment, n’oubliez pas que j’abhorre les chialantes ! Mettons-nous d’accord, la limite est fine et tous les goûts sont dans la nature, mais je l’avoue, il existe tout de même des chialantes qui me font craquer. Pourtant, j’ai du mal avec CIGARETTES AFTER SEX. Prenons le morceau d’introduction "X’s" par exemple : un rythme amorphe, une production molle et le chant avachi de Greg ; on croirait presque que le groupe cherche à tester notre patience.

Pour le single "Tejano Blue", Greg s’inspire des COCTEAU TWINS et tente de nous faire flotter sur un nuage de cordes réverbérées. Mouais… Ça passe limite. Le chanteur se réveille peu à peu et on se réjouit de la dynamique un poil plus tangible de "Silver Sable", même s’il ne faut pas se faire de films, ici le groupe opère toujours la sempiternelle recette d’un tempo gnangnan qu’on étire à l’infini.

Peu ou pas de relief, et ça ne va pas en s’améliorant avec "Hideaway" qui nous engourdit complètement. Sur le plan instrumental, rien de bien palpitant au programme malgré les cinq années d’absence du groupe qui auraient dû être salvatrices en terme de créativité. Que nenni ! Les cordes répètent toujours les mêmes accords et on se lasse plus vite qu’il ne faut pour le dire.

Le single "Dark Vacay" aurait pu être un joli moment d’exploration mais, comme toujours, impossible de se sortir de la mélancolie 'dégueulée' par la batterie plus qu’élémentaire qui ne fait rien d’autre que de marquer le tempo sans grande conviction. Même formule, vous vous en doutez, sur "Dreams From Bunker Hill" et c’est compte tenu du fait que Greg tente pourtant de nous emmener sur le terrain de la douceur hypnotique avec cette guitare sinueuse, bref c’est le comble quand on sait que le charme de CIGARETTES AFTER SEX repose entièrement sur cette ambiance planante qui ne prend pas vraiment.

Que ce soit en écoutant "Ambien Slide" ou "Hot", la surprise s’est envolée depuis longtemps et tous les morceaux semblent interchangeables. Quand Greg évoque la passion au travers de ses titres, cela ne l’empêche pas de rester musicalement dans une langueur cotonneuse indigeste qui file la nausée. L’exécution de "Holding Me, Holding You" est soignée mais le groupe ne confère aucune énergie à ce slow recyclé. Alors, pour éviter de piquer du nez sans préavis, je vous conseille de vous tourner vers le single "Baby Blue Movie", le seul titre ayant une petite vibe sympa selon moi, mais ne nous emportons pas, ça ne vole tout de même pas très haut.

Quand les arrangements sont élégants, les mélodies sont d’une platitude frustrante et quand les paroles rabâchent des histoires d’amour désabusées, le ton monocorde de Greg se colle aux productions lisses, lisses, lisses. X’s reste figé dans l’interprétation mécanique de CIGARETTES AFTER SEX, un groupe qui me paraît parfois privé d’émotion tant les nuances sont absentes de son répertoire. Clairement, l’identité sonore du groupe s’essouffle sur ce troisième opus dépourvu d’évolution. Si les anciens albums faisaient l’effet d’un bon somnifère, ici la musique de CIGARETTES AFTER SEX devient carrément anesthésiante.