CEEPHAX ACID CREW n’est pas le groupe de CEEPHAX. CEEPHAX ACID CREW est CEEPHAX. Un peu comme AFX est APHEX TWIN. A cela près que CEEPHAX ACID CREW est le premier pseudo utilisé par Andy JENKINSON en solo, le second (CEEPHAX) n’apparaissant que deux ans plus tard, et que CEEPHAX et CEEPHAX ACID CREW ne sont pas vraiment distingués au niveau de l’orientation musicale, au contraire d’APHEX TWIN et d’AFX. Ouf. A l’occasion des dix ans des deux premiers EP de CEEPHAX ACID CREW (Radiotin et Bainted Smile) et à la faveur du succès récent des œuvres de CEEPHAX sur les labels Rephlex et Planet-Mu, Breakin’ Records nous sort une brave petite compilation de derrière les fagots : Pages From Ceephax, une demi-heure pour six titres ; comprenant deux titres de l’EP Bainted Smile, trois titres de Radiotin et un titre de Acid Legacy (sorti en 2003 celui-là).

En 1998, la musique de CEEPHAX est semblable à celle que l’on connaît aujourd’hui, en étant toutefois bien plus centrée sur l’Acid House et l’Acid Techno. Aidé des seuls TB-303 et TR-606 (respectivement synthé/séquenceur et boîte à rythme), outils indispensables de tout artisan de l’acide, Andy JENKINSON propose une musique rythmée et joyeuse, souvent loufoque, parfois planante quand le tempo ralentit. A noter une légère différence entre les titres de Bainted Smile : plus rythmés et plus dansants ; et les titres de Radiotin : plus mélodieux, plus contemplatifs, plus longs aussi.

Ainsi, « Flogan’s Code (Part II) » est un long morceau stellaire dont on s’attache à saisir les moindres variations, jusqu’à la conclusion ultra mélodieuse, introduction sonore à un voyage dans l’espace. Situé à moindre altitude, « Acid On Sea » évoque un sommet enneigé battu par le vent (paradoxal pour de l’acide du bord de mer). Le morceau est un long crescendo, ponctué de temps à autre par l’apparition d’une nouvelle boucle synthétique ou par la supplique gémissante de CEEPHAX : « Aciiiiid On Seaaaa… » !

Du côté de Radiotin, on a « Static », courte composition modérément rythmée, un peu décevante ; et « Ceephax Acid », charge bruyante et jouissive d’Acid Techno qui porte bien la patte délirante de CEEPHAX ACID CREW.
Reste « Acid Varsity », issu de l’Acid Legacy, single imparable aux influences égyptiennes, à la manière de la scène d’Astérix chez Cléopatre (le dessin-animé, hého !) où les servants de Cléopatre apportent le lait d’ânesse à leur maîtresse en exécutant une étrange danse. « Acid Varsity », dans l’idée, se rapproche de « Castilian » présent sur l’EP Megalift de 2007 : à partir d’une influence clichée au possible, réaliser un titre mélodieux accrocheur pour agiter les cortex.

En définitive, Pages From Ceephax réunit quelques très bons titres des débuts d’Andy JENKINSON, tremplin idéal pour découvrir l’œuvre décalée d’Andy JENKINSON. En cela, cette compilation remplit très bien son rôle, d’autant plus qu’elle propose des morceaux assez rares pour ceux qui ne suivent pas l’artiste depuis ses débuts.