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VARIÉTÉ FRANÇAISE  |  STUDIO

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2003 Et Alors
2005 La Reine Des Abeilles

Melissa MARS - La Reine Des Abeilles (2005)
Par MARCO STIVELL le 29 Avril 2025          Consultée 74 fois

Au milieu des années 2000, les brunettes talentueuses du sud de la France à voix de petites filles ont le vent en poupe, même si Melissa MARS, notre chère marseillaise, aura toujours du mal à se faire un vrai nom aux yeux d'un public large, à l'inverse de sa compatriote montpelliéraine Emilie SIMON. Pourtant, la dose de créativité est comparable, la qualité des chansons également, MARS demeurant plus accessible, moins typée BJÖRK et tout ce qui peut plaire aux lecteurs de Télérama.

La Reine des Abeilles fait suite à Et Alors (2003), toujours chez Polydor mais moins sous la houlette directe de François Bernheim, même si celui-ci compose deux chansons nouvelles ("Le Chat de Gouttière" et "Poupée Cassée"). Le musicien principal de l'album, Norman Gaby, en fait autant ("Apocalips" et "Dans Ma Bulle Antisismique"). Les textes sont toujours signés par Lilas Klif, la maman protectrice de Melissa, et celle-ci met régulièrement la main à la patte, tout en s'affirmant seule d'un point de vue composition ("And I Hate You", "Be Careful Man" et "La Reine des Abeilles").

Ici, et après Bernheim donc, c'est un autre grand monsieur qui prend la suite pour le reste de musique et au niveau de la réalisation : Franck Langolff, dont il s'agit peut-être de l'ultime projet digne de ce nom. On se souvient que le bonhomme avait marqué la carrière de RENAUD au moment de la période Morgane de Toi (1983)/Mistral Gagnant (1985), en comptant le single caritatif du collectif SOS ETHIOPIE. Il s'est ensuite spécialisé auprès des apprenties chanteuses comme Sophie MARCEAU (oui oui, en 1985, vraie parenthèse), BUZY, Yta FARROW et surtout Vanessa PARADIS pour tous ses premiers succès de 87 à 90 avant d'être rappelé également en 2000.

Avant d'être emporté quelques mois plus tard en 2006 par une saleté de crabe au poumon, Langolff couronne sa carrière un peu erratique en participant à l'univers déjà bien établi de cette artiste, d'un niveau plus solide en musique que pratiquement toutes celles qui l'ont précédée ! Il compose donc presque une moitié des titres pour Melissa MARS, joue de la guitare, de la basse et même du ukulélé tandis que le reste est en grande partie géré par Norman Gaby. La Reine des Abeilles délaisse un peu l’aspect branché quoique toujours présent du premier album pour revenir à un son plus folk-rock voire soft, si apprécié de Langolff et qu’on lui a connu depuis ses débuts.

Le titre choisi est en rapport direct avec Melissa et son prénom aux origines grecques (‘miel’) puis latines (‘abeille’). Le morceau-titre est donc une forme d’ode à la butineuse qui surclasse les autres dans la ruche en fertilité d’or sucré mais également d’un point de vue séduction, attirant les mâles qui n’en ‘décolleront’ plus. Le thème est à l’avenant pour le reste de l’album, même si, en tant qu’humaine-femme, miss MARS se sent moins souveraine de manière assurée, plutôt proie et tout en essayant à sa manière de garder le contrôle, d’autant plus qu’elle est loin d’être dépourvue de charme ‘direct’.

À vingt-six ans et bien que toujours autant proche de sa mère, la jeune femme laisse éclore ses différends avec force. "And I Hate You" est l’une des rares chansons où l’on retrouve un peu l’aspect ‘gamine’ de Et Alors (‘j’aime pas mon image de fille trop sage’) mais qui se change vite en un ton adulte, puisqu’avec sa ‘tête de chien’, elle boit, elle fume etc. Alternant paroles en anglais puis en français pour le refrain, ce choix de premier single est pour le moins entêtant et sexy, bien servi par des éléments country-folk-rock (dobro, banjo) et une basse mélodique, le tout aiguisé comme les paroles.

L’autre chanson très enfantine et aux antipodes d’un point de vue musical, c’est "Il Pleut Sur l’Oreiller", au piano et aux cordes avec des arrangements signés Jean-Claude Vannier (excusez du peu !), donc ‘forcément’ aventureux, tout à fait taillés pour accompagner l’insomnie de la fillette qui compte les moutons jusqu’à deux milles ! Un petit moment d’orfèvre ‘théâtral’ en douceur feutrée et ambiance noire, où le quatuor répond superbement à la voix. Sans oublier, de même, la jeune Cendrillon aux cheveux corbeau mal dans ses demi-pointes ou ses talons de gala : "Poupée Cassée", merveille signée maman et François Bernheim.

L’album a un côté un peu hybride pour cela, aussi également pour la très mignonne "Un Homme Dans Ma Peau", pleine d’une chaleur amoureuse entière rare chez Melissa, où un clavier pur façon célesta se transforme en clavecin électronique. Il y a également, mais sur un tempo pop-rock bien senti, celle qui la précède en passion enivrante, à savoir "Apocalips", troisième single pour le moins choisi avec force mais qui n’aura pas davantage de succès. Pourtant cet orgue Hammond, ces effets cosmiques, on en redemande autant que de cette sensualité débordante voire trébuchante (le final ‘je suis apocalips de toiiii… hips !’). Qu’est-ce qu’elle sonne bien ainsi, ensorcelée !

Toutefois, la plupart du temps, on retrouve le personnage favori de notre belle rebelle, sous forme de femme fatale désormais. Juste après "And I Hate You", on voit bien que "Dead Sunday, le Bar des Routies", "Les P’tits Cons" et "Be Careful Man" sont plus ou moins balancés sur le même ton, avec pour les deux du milieu ce portrait des ‘chiens affamés’ ou ce rôle de pilier de comptoir que reluquent les ‘vrais’ mecs ‘clope au bec’ et qui lui ‘passent la main aux fesses’. S’il y a un vrai prince charmant dans le lot, il n’a vraiment qu’à bien se tenir, "Be Careful Man" ! Cette dernière, brumeuse, très feu & glace, figure parmi les autres réussites, idem que "Les P’tits Cons", où MARS joue de l’harmonica.

Elle est encore très proche du "Chat de Gouttière", cet ami rêvé pour lequel elle conjugue de nouveau surréalisme et rock vintage sexy, miaulements à l’appui, guitare inspirée et boucles électro solides. À l’inverse, "Je Me Confesse", sincère dans le fond, est plein de ces plaisirs coupables (?) qu’une femme ne sait retenir. La boisson rassurante même sans alcool, déjà présente ailleurs et pas mal, reflue au contraire sur "Les Jeux Sucrés", au ternaire roulant superbe et à la guitare 12 cordes arpégée. Un détail que l’on retrouve pour ces "Noirs Désirs" qui raisonnent avec une certaine tragédie en ces années-là !

Il y a enfin "Dans Ma Bulle Antisismique", ballade entre barbelés/fils électrique et désinvolture (‘je mène une danse héroïque/érotique, sur un air de rock, j'me moque des mots d'amour en toc'), deuxième single de la fournée 2005 mais qui n’aidera pas davantage celle-ci à percer. Notons encore, pour la réédition ‘deluxe’, un duo mixte avec l’artiste IRMAVEP, pour un "Chaperon Rouge" où le conte prend là encore une tournure adulte et où tous les aspects dérangeants au quotidien (ivresse, viol) sont tournés avec une légèreté mordante, délurée ('quand est-ce qu'on recommence ?’). De même, le remix de "And I Hate You" ("Dans une Galaxie Lointaine") nous offre une version funk disco taillée pour les pistes de danse, pleine de guitares toujours et sans rien dénaturer pour Melissa MARS.

La période 2005-2006 est importante pour elle car en plus de son deuxième album, c'est le temps des collaborations. Il y a d’abord Lara FABIAN et son album 9, le temps du morceau "Les Homéricains". Et ensuite, au bout de quelques mois, un semblant de reconnaissance de la part du grand public enfin, mais grâce à Pascal OBISPO uniquement, puisqu’il invite Melissa sur "1980", tube synth-pop de 2006 remarquable pour son duel de saxophones ténors inédit et assez barré. Le seul problème de ce titre étant qu’il y a OBISPO dessus en fait (comme tous ses succès depuis une dizaine d’années), et que la carrière de miss MARS seule reste plutôt une affaire ‘underground’, alors que ses albums regorgent d’intelligence.

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   MARCO STIVELL

 
  N/A



- Melissa Mars (chant, programmations, harmonica)
- Norman Gaby (guitares, basse, piano, claviers, programmations)
- Franck Langolff (guitares, basse, ukulélé)
- Thomas Garriot (basse, programmations, choeurs)
- Thierry De Neuville (direction orchestrale)
- Jean-claude Vannier (direction orchestrale)
- Vic Emerson (direction orchestrale)
- Irmavep (chant, programmations)


1. And I Hate You
2. Dead Sunday, Le Bar Des Routiers
3. Les P'tits Cons
4. Be Careful Man
5. Apocalips
6. Noirs Désirs
7. Chaperon Rouge
8. Les Jeux Sucrés
9. Je Me Confesse
10. Dans Ma Bulle Antisismique
11. Poupée Cassée
12. Il Pleut Sur L'oreiller
13. Le Chat De Gouttière
14. Un Homme Dans Ma Peau
15. La Reine Des Abeilles
16. And I Hate You/dans Une Galaxie Lointaine (remix B



             



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