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The SPENCER DAVIS GROUP - Autumn '66 (1966)
Par ARCHANGEL le 7 Mai 2025          Consultée 24 fois

Autumn ’66 et on arrête pas le SPENCER DAVIS GROUP qui décide d’éviter d’appeler leur troisième album d’une façon trop prévisible sans pour autant aller chercher l’inspiration très loin. Rempli de reprises qui paraissent désormais être un exercice scolaire, je l’ai écouté avec un a priori involontaire. Je l’avoue, je m’attendais à un ennui sans nom, une petite déception, un coup de mou plus ou moins compréhensible de la part des quatre gars de Birmingham.

C’est sûr, ça ne commençait pas forcément de la meilleure façon : la ballade romantique "Together ’Til The End Of Time" de la californienne Brenda HOLLOWAY est reprise dans une version que je trouve durcie, plus lourde. L’orgue de Steve WINWOOD est au plein centre de ce morceau et l’enveloppe entièrement, au point d’éclipser la guitare et le reste du band. Même si je n’accroche évidemment pas à cette chialante, la voix de Steve s’impose tout de même, comme dans "Take This Hurt Off Me" de Don CONVAY. Le rhythm and blues est bien balancé, la batterie de Pete YORK est plus présente et la guitare injecte un groove très dansant dans chaque riff, en somme, c’est plutôt bon et hormis une petite incartade country chantée par Spencer sur "Midnight Special", le reste est vraiment bon. Le blues rapide du morceau propulse ce chant traditionnel dans un ensemble très joyeux et un peu roots mais soyons honnêtes, ça devait déjà sonner un poil daté en 1966 non ?

Mis à part ça, le SDG choisit plutôt bien ses reprises : le classique d’Elmore JAMES "Dust My Blues" (initialement écrit par le guitariste et bluesman Robert JOHNSON) est interprété par un Spencer fougueux. La basse est serrée, la rythmique pousse sans relâche, l’orgue et la guitare se synchronisent parfaitement puis virevoltent avec insolence, offrant ainsi une super cohésion au groupe tout en démontrant leur racines blues. J’aime aussi beaucoup leur version de "When A Man Loves A Woman" que le chant âpre de WINWOOD rend radicalement différente, presque douloureuse, et profondément convaincante. L’orgue pleure et la batterie reste très sobre, au service d’une montée en intensité contrôlée, exactement comme quand ils reprennent The King sur l’orchestration nerveuse et rockabily de "Mean Woman Blues" où la guitare rugit, rendant l’ambiance joliment crasseuse et groovy.

La vraie claque parmi les reprises c’est "Nobody Knows When You’re Down And Out", un titre enregistré à la fin des années 20 par la chanteuse Bessie SMITH. L’accompagnement est minimal, le groupe ralentit le tempo et cela laisse WINWOOD poser sa voix tel un grand maître du blues à seulement 18 ans. L’orgue est discret mais reste profond et lorsqu’il parvient à évoquer une émotion brute, cette ré-interprétation devient soudainement intime. Sinon, le SDG livre aussi quelques perles originales, par exemple le titre "Neighbour, Neighbour" chanté par DAVIS. Plus on l’écoute, plus la chanson devient une obsession. Son groove est irrésistible, la guitare de WINWOOD attaque, l’orgue suit, la basse danse… c’est féroce de coolitude !

Le SDG collabore avec Jackie EDWARDS (dont ils avaient repris « Keep On Running » l’année d’avant), qui leur écrit le single "Somebody Help Me", une synthèse parfaite du style d’écriture du jamaïcain qui réussit toujours à livrer des refrains et des mélodies faciles à retenir. Il écrit aussi le single "When I Come Home" à quatre mains avec Steve où les percussions de YORK enrichissent la composition par leurs roulements fluides. Le groupe ne démérite pas côté compositions originales malgré mes préjugés sur le nombre de reprises, finalement, la répartition est de plus en plus équilibrée : "High Time Baby", écrit par nos quatre comparses, aurait a tous les coups pu devenir un single à succès. La ligne de basse sautille, c’est frais et rythmé, on sent que le groupe s’éclate mais c’est l’instrumentale "On The Green Light" imaginée par WINWOOD qui m’a laissée bouche bée. Les accords pleuvent mais la structure reste claire du début à la fin, le riff principal est simple mais entêtant et quand Steve laisse parler son jeu d’orgue, c’est un superbe moment de savoir-faire technique sans ostentation.

C’est peu de le dire, j’ai fini l’écoute de Autumn ’66 avec le sourire aux lèvres et une énergie gonflée par cette collection de chansons où les guitares sont mordantes et où Steve WINWOOD chante avec cette maturité venue d’ailleurs. C’est surtout un disque où le son de l’orgue Hammond fait corps avec la basse, les guitare et la batterie dans une alchimie qui transpire le plaisir de jouer. Le SPENCER DAVIS GROUP montre qu’avec les bons arrangements et une interprétation habitée, ils sont totalement taillés pour transformer des reprises en morceaux qui semblent presque autobiographiques. On dépasse le simple cadre du rhythm and blues traditionnel, le SDG livre ici une musique vivante, libre et qui porte la marque d’un groupe en pleine évolution. Je pensais m’ennuyer en écoutant un disque un peu paresseux et j’ai découvert un album vibrant qui, plus de cinquante ans après sa sortie, n’a rien perdu de sa puissance.

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   ARCHANGEL

 
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- Muff Winwood (basse)
- Steve Winwood (chant, guitare, orgue)
- Spencer Davis (chant, guitare)
- Pete York (batterie)


1. Together ’til The End Of Time
2. Take This Hurt Off Me
3. Nobody Knows When You’re Down And Out
4. Midnight Special
5. When A Man Loves A Woman
6. When I Come Home
7. Mean Woman Blues
8. Dust My Blues
9. On The Green Light
10. Neighbour, Neighbour
11. High Time Baby
12. Somebody Help Me



             



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