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Rachel CHINOURIRI - Little House (2025)
Par ARCHANGEL le 9 Mai 2025          Consultée 24 fois

Maison à vendre : charmante petite demeure de quatre pièces, idéale pour les coeurs en convalescence émotionnelle ou les esprits mélancoliques en quête d’écho. Toit fragile mais acoustique excellente - chaque soupir y résonne comme un refrain. Le plancher craque au rythme des souvenirs dont il a été témoin, et le jardin minuscule (à peine un carré de verdure mais en plein Londres, ça ne se refuse pas) se prête parfaitement à l’écriture d’un journal intime ou à écouter les bruits du quotidien. Intéressés ? Rachel CHINOURIRI vous y attend et vous ouvre la porte, prête pour une visite. Bienvenue dans Little House, quatrième E.P de l’Anglaise, sorti ce printemps. Une petite maison modeste mais dense de sens et de sons. Petit état des lieux.

La maison de CHINOURIRI agit comme un abri, un cocon sonore accueillant, un concentré d’intimité rendu encore plus percutant par son format court et totalement maîtrisé. Ici, pas de pièces superflues, la visite commence par la grande pièce principale qu’on peut utiliser comme un salon-salle à manger aux rideaux tirés, hanté par les échos d’un amour bancal. C’est le single "Can We Talk About Isaac?" qui donne l’énergie de cette édifice. Ses nappes de guitares et la batterie upbeat lui confèrent de jolies sonorités pop-rock assez vibrantes, flirtant même avec le shoegaze. La voix de Rachel est à la fois caressante et déterminée, rappelant les plus beaux élans de What A Devastating Turn Of Events, tout comme ses punchlines toujours bien trouvées (He’s so perfect, God I hate him), un vrai régal pour les oreilles. Évidemment, cela donne envie de poursuivre le tour du propriétaire, malgré les petites fissures pleines de regrets qu’on devine dans chaque mur.

La salle de bain est toute petite, c’est donc là que tout déborde et j’aime beaucoup le côté rock alternatif de "23:42", un morceau où la batterie tape sec avec une précision mécanique, tandis que le riff très cool et le beat légèrement funky sont enrichis d’éléments électroniques bien barrés. CHINOURIRI livre une performance vocale mi-chantée, mi-parlée complètement addictive, ça y’est, on a envie de poser nos valises et notre enceinte waterproof pour faire de ce titre le fond sonore de nos réveils un peu flous.

Petit passage par le jardin, ce recoin de verdure un peu en friche où l’émotion pousse à l’état brut. Ici, le temps est suspendu, c’est là que résonne la magnifique démo "Judas". Une guitare sèche sert de socle à ce morceau simple et épuré dont l’économie de moyen renforce d’autant plus la sincérité, alors que la pedal steel guitare effleure l’espace avec la douceur d’un vent tiède glissant entre les branches des arbres et qui nous fait voyager sur ses accents folk. Tout a été laissé à l’abandon, la production est réduite à l’essentiel et il faudra y faire pousser quelques fleurs mais quel potentiel ! La mélodie est lumineuse et malgré son statut de démo, "Judas" est selon moi la chanson la plus puissante de toute la demeure. La voix de Rachel est clairement blessée mais elle reste contenue, chuchotant à fleur de micro ce titre lourd de sens, sans jamais hausser le ton, comme si elle avait peur que ses voisins l’entendent. Une trahison sous forme de confession intime murmurée entre les arbres, grandiose, tout simplement.

Une autre ballade clôture cette visite et cette fois, c’est dans la cuisine, un lieu silencieux où mijotent les non-dits et où les dernières assiettes de Rachel se sont brisées. Berceuse contemplative et enchantée, "Indigo" raconte une fois de plus cet amour qui n’est plus mais continue de vibrer dans cette pièce qu’elle n’a pas ouverte depuis longtemps. Les murs bleu foncé de cette kitchenette, tout juste assez large pour deux, renvoient la mélancolie de ces nappes électroniques cotonneuses et de ces cordes grattées avec sérénité. CHINOURIRI y déploie sa voix dans les hauteurs les plus éthérées, comme une fée qui essaie encore de retenir cet amour désormais lointain sur un crescendo évanescent, limpide et divinement grave (Now we’re April drunk in Paris, January magic/I know it sounds dramatic but I need you in my life).

La visite de Little House fut courte mais intensément chargée. Les pièces sont aussi fragiles que les souvenirs qu’elles abritent mais les fondations de cette petite maison, elles, sont indéniablement solides. Déménager n’adoucira peut-être pas l’amertume des souvenirs hantés de Rachel CHINOURIRI, mais cet E.P d’une durée à peine inférieure à un quart d’heure ressemble au chant des nouveaux départs. Il ne répare pas tout, mais offre un endroit sûr où se perdre en musique et peut-être se retrouver. Un espace court dans lequel Rachel nous invite à emménager, le temps de partager avec elle ses ruines les plus mélodieuses.

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   ARCHANGEL

 
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- Rachel Chinouriri (chant)
- Aaron Paul O'brien (basse, batterie, guitare, synthés)
- Daniel Hylton-nuamah (basse, guitare, synthés)
- Glen Roberts (percussions, synthés)
- Ross Higginson (batterie)
- Tyler Nuffer (pedal steel guitare)


1. Can We Talk About Isaac?
2. 23:42
3. Judas (demo)
4. Indigo



             



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