Recherche avancée       Liste groupes



      
RAP, HIP-HOP  |  STUDIO

L' auteur
Acheter Cet Album
 


WU-TANG CLAN - Black Samson, The Bastard Swordsman (2025)
Par ARCHANGEL le 10 Mai 2025          Consultée 48 fois

Au milieu d’un hip-hop complètement fracturé entre la drill synthétique et la trap binaire, le boom-bap nostalgique semble relégué aux archives, poussiéreux comme un vieux vinyle oublié. Mais en 2025, les légendes vivantes du WU-TANG CLAN reviennent avec Black Samson, The Bastard Swordsman, un album collaboratif de cette trempe-là, forgé dans le feu de la fidélité par leur indéboulonnable DJ et producteur MATHEMATICS.

Ambiance soirée cinoche grindhouse : à l’affiche, un crew de MCs sensei invincibles et soudés dans un kung-fu sonore. Rappel nécessaire, on parle ici d’une armée de l’ombre sortie de Staten Island qui a foutu une raclée proverbiale au rap game en 1993, redéfini les lois du hip-hop East Coast et laissé une influence indélébile sur le bitume du hip-hop. Mais qu’en est-il aujourd’hui ? Le commando mythique nous accueille sur la courte introduction "Sucker Free City" où leur pote KURUPT rappelle qui sont les boss sur une boucle de guitare discrète, gentiment menaçante avant d’enchaîner sur le single "Mandigo".

Ça y est, on est rentré dans l’arène et ça claque bien comme il faut sur un sample gorgé de funk. RAEKWON, Inspectah DECK, Method MAN et CAPPADONNA dégainent les punchlines les unes après les autres comme des sabres de Shaolin, en convoquant la dévotion, la technique, la concentration et la respiration - tout ce qui fait du rap une discipline aussi exigeante que les arts martiaux (The Mandigo style takes a strong back and total breath contol/If properly mastered, one’s skin becomes impervious to swords, spears and fire, even bullets/Ultimately, one becomes invincible). La ligne est sans équivoque : maîtriser le souffle, la présence mais aussi le rythme, et j’aime en particulier le flow smooth des couplets de RAEKWON qui contraste avec la nonchalance tranchante de Method MAN même si l’ensemble fonctionne parfaitement. C’est une track lourde et puissante, chauffée à blanc, qui fait évidemment penser aux meilleures heures du WU.

Plus lentes, certaines chansons comme "Lions Road (The Lion’s Pit)", "Claudine", "Cleopatra Jones" et "Charleston Blue, Legend Of A Fighter" s’ancrent dans des beats plus feutrés. Sur "Lion’s Road", RZA surgit avec sa voix basse et traînante alors que le single "Claudine" au sample jazzy et le beat plus lourd du titre "Charleston Blue, Legend Of A Fighter" mettent en avant la voix néo-soul de la chanteuse hollandaise Nicole BUS mais tout cela reste assez peu marquant même si l’atmosphère est là, il y manque clairement un hook nerveux. À l’inverse, l’excellent "Cleopatra Jones" fonctionne très, très bien. Le piano prend le lead sur ce beat moelleux et la basse ronronne un groove vintage, celui de l’âge d’or du hip-hop. Les MCs s’installent confortablement dans ce tempo ralenti, déroulant leur science du slow motion avec une élégance tranquille et une technique acérée.

J’aime l’exécution du beat quasi lo-fi de "Executioners From Shaolin", un morceau aux kicks rapides, à la basse étouffée et aux percussions infaillibles ; mais aussi celle de "Shaolin Vs. Lama" et son beat haché, peut-être un peu sous-coté mais qui revient aux traditions du groupe. Plus épurée, l’instru de "Let’s Do It Again" est très entêtante, clairement old school tout comme "Dolomit" ou le single "Warriors Two, Cooley High", deux morceaux où l’on retrouve le charisme indéniable du flow de CAPPADONNA et de Method MAN. Des bangers sonores qui tranchent avec l’outro "Trouble Man" chantée par le guitariste Kameron CORVET dans une vibe jazz-soul toute en légèreté et en poésie.

Le collectif tentaculaire régnait sur le hip-hop dans les années 90 et il continue d’exécuter sa recette trente ans plus tard. Black Samson, The Bastard Swordsman rappelle que le rap est un art complexe, une science du souffle et du phrasé dans un monde submergé d’auto-tune sans chair et de refrains vides de substance. Ici, rien que des rimes taillées et des flows élaborés dans la discipline et la détermination. Chaque MC vient poser son sceau avec sérieux et sans posture, c’est du WU classique, pur jus. Alors oui, l’album manque probablement de quelques coups de lame décisifs, de cette intensité qui faisait trembler les murs sur "Protect Ya Neck" en 93 ou "Mandigo" cette année, mais c’est toujours un plaisir de les entendre, toujours vivants et affûtés. Entre punchlines et beatmaking confirmés, le CLAN est encore là et il frappe juste en continuant à cultiver cette vibe old school et rugueuse qui a marqué les générations. Un groupe immortel qui, loin de se fossiliser, reste un bastion vivant qui n’a pas dit son dernier mot.

A lire aussi en RAP, HIP-HOP par ARCHANGEL :


Kendrick LAMAR
Mr. Morale & The Big Steppers (2022)
Le retour du messie




Mac MILLER
Balloonerism (2025)
Un dernier millerism pour la route


Marquez et partagez





 
   ARCHANGEL

 
  N/A



Non disponible


1. Sucker Free City
2. Mandingo
3. Lions Roar (the Lion’s Pit)
4. Claudine
5. Shaolin Vs. Lama
6. Executioners From Shaolin
7. Cleopatra Jones
8. Warriors Two, Cooley High
9. Let’s Do It Again
10. Dolomite
11. Trouble Man (outro)
12. Charleston Blue, Legend Of A Fighter



             



1999 - 2025 © Nightfall.fr V5.0_Slider - Comment Soutenir Nightfall ? - Nous contacter - Webdesign : Inox Prod