La Terre est ronde, le Père Noël est une ordure, Ty Tabor fait toujours la même chose... Ou comment enfoncer des portes ouvertes dès l'introduction d'une chronique ! Que Ty Tabor soit un fonctionnaire délivrant des mid-tempos à l'infini, des mélodies devenues stéréotypées depuis le temps et qu'il privilégie allègrement la quantité à la qualité pour ses projets (avec Jelly Jam surtout), ça on commençait à le savoir depuis quelques années. Sauf qu'ici, il a poussé le concept encore plus loin, il a carrément décidé de recycler tous les riffs, toutes les mélodies dont il nous abreuve depuis dix ans. Toujours pas lassé ? Même le son de guitare n'a pas bougé, toujours coincé dans les années "post-grunge" à partir de la tentative de revirement plus ou moins réussi de King's X sur Dogman !

On pensait que Ogre Tones allait enfin remettre King's X sur le droit chemin. Mais non, Ty Tabor n'a toujours pas compris que des albums comme Rock Garden ne servent à rien. Si encore ses compos étaient inspirées, on passerait l'éponge malgré la redite. Même pas, son précédent album solo, le mélancolique Safety, était bien plus intéressant, on n'avait pas l'impression d'écouter du sous-King's X comme ici ! On repassera pour le label de Ty Tabor, Inside Out, habituellement réservé aux groupes de rock progressif, label qui évidemment n'arrivera jamais à faire une bonne promo pour les musiciens de King's X, la faute à un répertoire et à un style sans doute trop éloigné des standards du prog... Tout comme Metal Blade, le précédent label, n'avait pas su faire une bonne promo non plus car trop spécialisé metal comme son nom l'indique. Bref, ce n'est pas avec Inside Out que la reconnaissance médiatique arrivera... dommage, quand on voit le succès des groupes de rock actuellement, on se dit que Ty Tabor et Doug Pinnick auraient pu en profiter pour surfer sur cette vague et vendre plus de deux albums par la même occasion.

Le jardin du rock ne restera pas dans les annales, malgré des sonorités... rock, oui, forcément. Et le chant de Ty Tabor apparaît plus limité et monocorde que jamais... chose qui peut s'avérer problématique quand on veut sortir un bon disque pop. On note aussi le changement de batteur, Jerry Gaskill de King's X laissant sa place à Randy St. John, mais bon ça se remarque à peine. En cherchant bien parmi toutes les mélodies réutilisées, on trouvera un bon titre ici ou là comme Afraid au refrain dynamique. C'est bien là le problème d'ailleurs, en écoutant ce disque on repensera toujours à ce qu'il a fait avant, à un titre antérieur à ce Rock Garden. Impossible de faire abstraction de tout ce passé. Le riff un brin heavy sur Play, on sait qu'on l'a déjà entendu, sur Black Like Sunday ou Ear Candy. La fin de Play est tellement prévisible aussi, quand Ty Tabor fait un peu durer le morceau façon (Jelly) jam, un procédé on ne peut plus classique de sa part.

La ballade de base Beautiful Day, l'inspiration pauvrissime de Stalker... Inutile de tout détailler de A à Z, Rock Garden est d'une banalité affligeante. N'existe t-il pas différentes possibilités ou combines pour varier un peu les tempos ? Pour Ty Tabor, la réponse est claire : non ! Quelques titres à sauver, parmi lesquels le légèrement bluesy Take It qui sort un peu de l'ordinaire ou les entraînants Ride et Pretty Good. Avec Rock Garden, Ty Tabor poursuivra sa carrière solo dans l'anonymat le plus complet. Quand on pense que certains médias présentent toujours King's X comme un combo original, hors-normes, sous-estimé, créatif, j'en passe et des meilleurs. Dans le cas de Ty Tabor, ces qualificatifs ne sont plus d'actualité.