J’ai toujours eu un faible à la fois pour KING’s X et pour son guitariste et second chanteur Ty TABOR. Le talent de l’instrumentiste est évident et l’originalité dont il a toujours su faire preuve l’est tout autant. Alors, bien sûr, les années passent et le groupe ne perce pas plus que cela la couche d’indifférence polie de la plupart des mélomanes. Il nous reste toutefois quelques milliers de fans jusqu’aux-boutistes, ce qui n’est pas si mal finalement. Il vit donc correctement de la musique via ses talents de producteur dans ses studios à Kansas City et participe à moult projets, un peu dans tous les sens. Et enfin, quand il trouve quelques instants pour lui, il met ses compos en boîte lui-même, sans trop la ramener, discrètement et le plus souvent avec efficacité, une marque de fabrique. La pochette est comme souvent avec le texan… énigmatique !

Le joli riff de "Come Home" ne nous éloigne guère de KINGS X. L’ensemble sonne presque pop-rock avec quelques inflexions progressives et le refrain se laisse bien apprivoiser. On a rapidement envie de le chanter avec Ty. Nous restons dans le même pré carré avec "Insane". Cette manière d’asséner les rythmiques en mode presque clair à répétitions, c’est du TABOR, pas de doute. L’analyse est sensiblement la même sur "Leaves Falling Down" qui oscille entre plusieurs mondes dont l’expérimental n’est jamais loin. Le chant de Ty y est très chouette.

"Shallow" est probablement le titre le plus abouti de cette livraison. J’y ressens pour ma part tout l’alternatif dont Mr TABOR sait faire preuve, des élans grungy d’un côté, toujours balancés par une verve expérimetalo-progressive. Bien sûr, c’est très spécifique et ne plaira pas à tout le monde ! On sent ensuite les influences des grands des seventies sur "One Drop Of Water", par instant du RUSH, et puis sur d’autres on revient vers YES, très doux. La dualité dans toute sa splendeur.

L’ambiance de "Your Fantasy" évoque les instants calmes de certains titres de Devin TOWNSEND, mais la voix fluette de Ty rend la comparaison hasardeuse si on se risque plus loin. Le résultat est toutefois plutôt sympa. D‘ailleurs, écoutez cette démonstration de legato sur "Sister Genocide", on croirait presque y entendre Steve VAI. Le refrain est très agréable et l’ambiance rappelle pas mal les groupes de Seattle, que ce soit QUEENSRYCHE pour la sophistication ou ALICE IN CHAINS pour les aspects alternatifs.

On passe clairement du côté de la pop sur "What You’re Thinking", ses rythmiques light mais sa vibe garde un je ne sais quoi de progressif. Quand il n’expérimente pas, Ty aime les petites mélodies pop à chantonner simplement. Le solo de guitare est superbe. Il dispense quelques touches d’Americana, "Best Day In A While", qui évolue dans l’ouate. La tranquillité de "Doesn’t Linger" ne me touche pas et aurait presque tendance à m’irriter tant l’ensemble sonne mou. "Ashes" dispense cette même nonchalance, il manque un brin d’énervement pour attirer mon attention.

Clairement pas pour les  oreilles de tout un chacun, mais l’album dégage un charme certain. Les mânes de KINGS X ne sont jamais loin, on passe en mode light régulièrement, le compositeur se fichant comme d’une guigne des étiquettes. Il se contente comme à l’accoutumée de mettre en musique ses sensations, il ne cherche jamais à plaire. Sa guitare est toujours belle et volubile. On déplore bien sûr quelques faiblesses au niveau du chant mais les fans du monsieur en auront pour leur argent. A titre personnel, il manque un peu de niaque épique – comme chez le sieur TOWNSEND – mais le moment est agréable.