Recherche avancée       Liste groupes



      
POP  |  STUDIO

L' auteur
Acheter Cet Album
 

ALBUMS STUDIO

2013 Pure Heroine
2017 Melodrama
2021 Solar Power
2025 Virgin

LORDE - Virgin (2025)
Par ARCHANGEL le 8 Juillet 2025          Consultée 255 fois

Quatre ans après le polarisant Solar Power, LORDE revient telle une prophétesse moderne avec Virgin. Elle s’en remet à des sonorités particulièrement marquées par la musique électronique, qui rappellent les territoires synthétiques de ses débuts mais aussi la tendance actuelle, abandonnant quasi totalement l’acoustique folk-pop de son dernier opus. La promesse alléchante de ce nouvel album soulève immédiatement des questions cruciales : LORDE va-t-elle continuer à nous servir des chansons magiques après plus d’une décennie dans l’industrie ou montrera-t-elle que l’inspiration s’est tarie peu à peu ?

L'avant-goût que la chanteuse néo-zélandaise avait donné de ce retour aux sources n'était pas des plus encourageants, distillé à travers quelques singles en demi-teinte. En tête, "What Was That" révélait une approche électronique certes, mais d'une froideur clinique qui laissait présager le pire. On se demande où est passée sa capacité unique à transformer la synthèse digitale en émotion brute ? Le beat n’est pas mauvais mais il semble flotter dans un vide intersidéral, privé de la tension nerveuse qui électrisait "Royals" ou "Supercut". À l’écoute de "Hammer", je ne peux pas m’empêcher de penser que quelque chose cloche : les synthés créent une ambiance cotonneuse mêlée à une urgence qui ne vient jamais et la voix de LORDE est lisse, vidée de la fragilité puissante qui la caractérisait si bien.

"Shapeshifter" ambitionne d’être l’un des morceaux les plus personnels de l’album (le plus long également) mais, selon moi c’est un ratage complet. Le choix des synthés ambient, répétitifs jusqu’à l’usure, ne suffit pas à justifier la durée de la chanson et les cordes tombent dans le piège bien connu de la pseudo profondeur. Quand l’introspection habitait Melodrama et lui donnait sa force, ici la plupart des titres sont davantage hermétiques, plus difficiles d’accès, même "Favourite Daughter" ou "Broken Glass" qui bénéficient pourtant d’un rythme pop dansant, résolument plus traditionnel que le reste du disque, peinent à percer cette brume conceptuelle.

Sur "Current Affairs", LORDE s’essaie au commentaire social et semble vouloir renouer avec une forme d’ironie désabusée, celle qui nourrissait "The Louvre" par exemple. Mais l’effet tombe à plat, la faute à une ambiance plus synthétique que jamais. "Clear Blue" s’enlise encore plus dans cette nouvelle esthétique sonore qui oscille entre quelques moments de déjà-vu et une triste sensation d’expérimentation ratée. Ultra-minimaliste, le morceau ne contient ni montée ni chute et LORDE reste vraiment en surface, alors qu’on avait l’habitude que ses chansons ouvrent des brèches béantes dans l’intime. "GRWM" est certainement le titre qui se rapproche le plus de la LORDE des débuts mais, cette fois, tout paraît étonnamment calculé.

La veine expérimentale de "Broken Heart" sonne plus comme une impasse que comme une prise de risque réussie. En pratique, on se retrouve avec un beat mi-pop, mi-industriel, des distorsions et des ruptures qui veulent évoquer la fragmentation émotionnelle mais ne débouchent sur rien. De son côté, "David" pourrait bien vouloir nous toucher en plein coeur, mais c’est l’ultime déception. Le titre repose sur une structure désossée, fantomatique, dont l’intention est de raconter une relation déformée par le souvenir et la perte. Mais rien ne se passe sur ce beat filtré par la froideur des traitements numériques.

"If She Could See Me Now", bien que plus clinquant, surprend agréablement avec sa structure pop plus affirmée qui lui donne une légèreté bienvenue où on retrouve une LORDE tout de même capable de balancer une mélodie entêtante. Heureusement, le single "Man Of The Year" vient redonner un peu d’authenticité à l’album. Un des rares morceaux où la voix de LORDE vibre enfin pour quelque chose de vrai, sans masque et sur une production plus sobre qui ne se prive tout de même pas de prendre une belle ampleur à la fin.

Au terme de l’écoute de Virgin, un seul constat s’impose et confirme mes craintes initiales : plus qu’un renouveau, c’est une régression. Dans cet opus, LORDE s’égare, déconnectée, et semble souvent s’écouter penser dans ce voyage vers la déception. Pour une artiste qui avait incarné et révolutionné la pop adolescente, Virgin ne sera pas non plus un mauvais disque aux yeux de tous, mais aux miens, l’ambition de LORDE y est clairement mal canalisée.

Note réelle : 2,5

A lire aussi en POP par ARCHANGEL :


ACE OF BASE
Happy Nation/the Sign (1993)
Deux albums, un visage

(+ 1 kro-express)



Gracie ABRAMS
The Secret Of Us (2024)
Fille de mais pas que


Marquez et partagez





 
   ARCHANGEL

 
  N/A



- Lorde (chant)
- James Harmon Stack (batterie, claviers, glockenspiel, guitare électriq)
- Andrew Aged (guitare)
- Buddy Ross (piano, synthés)
- Craig Weinrib (batterie)
- Dan Nigro (guitare électrique, piano, synthés)
- Dev Hynes (guitare, synthés, violoncelle)
- Devin Hoffman (guitare)
- Eli Teplin (claviers, piano)
- Gabriel Cabezas (violoncelle)
- Kyle Crane (batterie)
- Rob Moose (violon)


1. Hammer
2. What Was That
3. Shapeshifter
4. Man Of The Year
5. Favourite Daughter
6. Current Affairs
7. Clearblue
8. Grwm
9. Broken Glass
10. If She Could See Me Now
11. David



             



1999 - 2025 © Nightfall.fr V5.0_Slider - Comment Soutenir Nightfall ? - Nous contacter - Webdesign : Inox Prod