Les couvertures des opus de LORD HURON sont bien souvent énigmatiques, cette fois une forêt peu hospitalière qui abrite un juke box que le titre dit cosmique, voilà qui ne manque pas de piment… Le groupe est d’ailleurs connu pour ces mélodies cosmiques bien que folky western, et on est en droit d’espérer du lourd pour cette nouvelle livraison, peut-être pas du niveau de l’incroyable 'I Lied' qui continue de hanter mes journées avec la régularité d’une montre helvète, mais un morceau supérieur. Il s’agit du cinquième album des gars des rives du lac Huron, et on en attend pas mal !

C’est avec la superbe vidéo de 'Bag Of Bones' que nous débutons cette analyse du dernier né du groupe de Ben Schneider. On ne peut que se pencher dessus à son visionnage d’autant que les habituels trademarks du groupe sont présents, la sensibilité à fleur de peau de Ben, qui déclame son texte avec toujours le même fatalisme. Les grattes claires sont toujours aussi belles et l’ensemble totalement original. Un must pour croire à la suite ! L’album débute cependant sur une magnifique guitare folky qui donne de la profondeur à 'Looking Back', alors que comme à l’accoutumée, Ben se pose en romantique extrême et propose dès l’introduction une ambiance dark coupée au cordeau.

Et donc... crépusculaire ? Bien sûr, le groupe n’oublie pas ses forces, alors nous voici en compagnie de "The Comedian", nanti de la toujours veloutée voix de Ben, mais cette fois, la magie n’opère que partiellement. "Digging Up The Past" nous mène sur un charmant harmonica lors du refrain lent et chargé en émotion. La complainte "It All Comes Back" nous ramène vers ce que le groupe des grands lacs sait faire de mieux, une mélodie torchée avec un talent fou, et à laquelle se greffent des élans exotiques langoureux. Puis nous apprécions l’alchimie entre la voix et la guitare sur "Is There Anybody Out There".

Pourtant, le rythme trépidant de "Nothing I Need" ne pousse pas la composition dans ses retranchements, c’est plus un mid slow qu’une bombe turbo. On passe dans un tout autre registre avec "Who Laughs Last", drivé par la méchante basse de Miguel Briseno, le flow de la voix féminine crée une ambiance très alternative, mais nous sommes loin du pré-carré du groupe du Michigan. Nous accélérons quelque peu le rythme avec "Watch Me Go", mais la composition ne nous mène pas vraiment à bon port malgré une guitare volubile et ouvragée. Le petit rocksteady de "Fire Eternal" n’accroche pas plus que ça. La petite mélodie simpliste de "Used To Know" a du mal à s’envoler, les licks de guitare n’emportent pas l’auditeur alors que Ben récite son texte plus qu’autre chose. Enfin, la ritournelle béta "Life Is Strange" ne nous mène pas en orbite, on attend des titres bien plus significatifs de la part d’un créateur comme Ben Schneider.

En fait de Juke Box Cosmique, il faut bien admettre que cette sélection laisse quelque peu circonspect. On retrouve bien entendu les vibration folky crépusculaires et la voix pleine de jolis sentiments de Ben Schneider, mais à l’exception de la sublime "Bag Of Bones", on reste quelque peu sur notre faim. Cela dit si le deal était de composer un nouveau titre d’exception, alors le cahier des charges est rempli. Je reste sur un trois seulement moyen mais les titres les plus atmosphériques rempliront d’aise les bobos pour leur soirée du samedi soir.