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The SISTERS OF MERCY - Floodland (1987)
Par STREETCLEANER le 29 Janvier 2010          Consultée 6902 fois

The SISTERS OF MERCY est un groupe de rock/post-punk anglais du début des années 80, un groupe véritablement underground à ses débuts, qui a fortement marqué plusieurs générations et qui, malgré son côté peu prolifique (avec trois albums studio seulement au compteur), demeure encore une référence incontournable pour tous les adorateurs de musique dite batcave, de rock gothique et de culture « dark », bien que son leader, Andrew Eldritch, qui est l'essence même du groupe depuis 1985, n'ait jamais vraiment adhéré à cette étiquette « gothique » qu'on lui a estampillée, considérant qu'il devait être regardé avant tout comme un groupe de rock. Leur credo est en effet clair : « We are a rock'n'roll band ». Mais peu importe au fond : son public c'est bien surtout celui de la scène gothique/new-wave. Inutile de s'étendre sur le nombre de groupes qu'il a plus ou moins influencé, une flopée de groupes un peu partout dans le monde (le groupe autrichien FLOODLAND, le groupe allemand GARDEN OF DELIGHT, les américains de TYPE O NEGATIVE...) qui feront souvent de ce chant d'outre-tombe et de cette musique caractéristique un des éléments immédiatement reconnaissables d'affiliation au mouvement gothique/dark.

Pour ce second album du groupe, Eldritch est enfin seul maître à bord suite au départ des autres membres fondateurs du groupe en 1985, et il engage Patricia Morrison à la basse. D'ailleurs, il prétendra par la suite que celle-ci n'a joué aucune ligne de basse sur l'album mais que son recrutement fut organisé uniquement pour des questions de promotion. Sympa... surtout que cette version, démentie par Patricia Morrison, ne serait pas exacte. Si elle n'est en effet pas créditée sur l'album, son image apparaît bien sur la pochette ! Passons...

Floodland continue à creuser dans le sillon du précédent First and Last and Always : on y retrouve cette voix d'outre-tombe, une basse fortement mise en avant et une guitare claire, scintillante, qui opère un contraste avec cette sonorité d'ensemble très sombre, limite lugubre. Toutefois, on peut noter aussi quelques changements qui, certes, ne bouleversent rien, mais qui sont quand même clairement perceptibles. Tout d'abord, le chant de Eldritch gagne en maturité, il est moins caricatural si l'on peut dire, un poil plus équilibré, même s'il demeure toujours extrêmement grave, pas très loin de celui de Leonard COHEN à qui il doit une partie de son inspiration (jusque dans le nom du groupe). Ensuite, la production est plus aérée, moins étouffée. D'ailleurs, Eldritch n'aimait pas la production du premier album (il qualifiait cet album comme comportant des chansons décentes avec une production douteuse). Il faut dire aussi que nous sommes là en 1987, que le son, et les moyens, plus abordables, ont évolué depuis le début des années 80... La batterie (boîte) tape ainsi plus durement, la guitare est plus présente, toujours claire, elle se fait moins chétive et décharnée (ces guitares décharnées et scintillantes des mouvements post-punk, cold-wave ou batcave), et elle est globalement plus rock et s'autorise désormais quelques soli sur « This Corrosion ». Les claviers sont mieux mis en avant et jouent désormais un rôle plus prépondérant, et des chœurs font leur apparition (sur « This Corrosion » ou « Dominion/Mother Russia »). Tous ces éléments contribuent à faire de ce Floodland une œuvre plus aérée, moins repliée sur elle-même, moins étouffante, mais aussi plus conventionnelle dans son rock. Voilà de quoi perdre une partie de cet esprit underground qui régnait encore sur First and Last and Always, moins synthétique et grandiloquent.

Toutefois le groupe n'y perd pas fondamentalement en identité. D'ailleurs, Floodland n'a absolument pas à rougir face à son prédécesseur et place même la barre plus haut, à un niveau que le groupe n'atteindra pas par la suite sur Vision Thing. Cet album comporte à mon sens de nombreux titres parmi les meilleurs de The SISTERS OF MERCY, à savoir « 1959 », « Driven like the Snow », mais aussi « Dominion/Mother Russia », « Flood II » et « Lucretia (my Reflection) », ce qui fait à mes yeux de ce Floodland le meilleur album du groupe. S'il était très bon, n'oublions pas que First and Last and Always comportait également quelques titres plus faibles, et si le minimalisme de sa production contribuait à son charme, elle pouvait jouer aussi quelque peu contre lui sur la longueur. Avec Floodland on tient là l'œuvre la plus aboutie et la plus inspirée du groupe.

Comment peut-on rester en effet de marbre face à ce « 1959 » poignant, joué au seul piano, et dans lequel Eldritch se fait complètement envoûtant et émouvant ? Ce titre est assurément l'un des meilleurs dans sa capacité à transmettre des émotions. Le morceau « Driven like the Snow » avec son jeu de basse dansant et sa section rythmique imparable est quant lui purement jouissif. Et que dire de ce « This Corrosion » aux chœurs religieux, complètement grandiloquent, qui opère un changement radical des atmosphères gothiques, auparavant repliées sur elles-mêmes, et qui désormais font dans la démonstration et l'emphase... tout simplement grandiose !

Bien sûr, on objectera que ce disque n'est pas parfait, que « Torch » est relativement insipide, que « This Corrosion » est trop long (un défaut mineur puisqu'il s'agit d'un excellent morceau), que « Never Land » est lui trop court et aurait pu être plus développé (il le sera sur la réédition, en piste bonus), que « Flood I » est bon mais sans plus, que la batterie sonne trop automatique et basique. Toutes ces objections sont recevables. Mais voilà, il n'empêche que tous ces petits défauts n'entament pas l'impression globale qui se dégage d'avoir ici affaire à un album excellent malgré tout. Un must finalement à qui on pardonnera volontiers toutes ses petites imperfections tant notre plaisir s'avère sincère quasiment de bout en bout.

Note réelle : 4.5/5.

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- Andrew Eldritch (chant, claviers, guitares)
- Patricia Morrison (basse)
- Doktor Avalanche (nom donné à la batterie automatique)
- The New York Choral Society (choeurs)


1. Dominion/mother Russia
2. Flood I
3. Lucretia
4. 1959
5. This Corrosion
6. Flood Ii
7. Driven Like The Snow
8. Never Land (a Fragment)
9. Torch
10. Colours



             



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