Elle est française, elle a 18 ans et certains la considèrent comme la nouvelle reine du blues. Rien que ça. Nina Attal s'est révélée au dernier Tremplin Blues sur Seine où elle a remporté de grands prix de prestiges. Cet évènement majeur dans sa jeune carrière lui a permis d'acquérir une certaine crédibilité, de se produire dans les grands festivals de blues de France et même à l'étranger, et évidemment d'enregistrer un premier album. Urgency, disque petit format autoproduit uniquement disponible en télechargement sur la toile*, a crée la sensation sur de nombreux sites internet spécialisés et beaucoup ne tarissent pas d'éloges à l'égard de ce jeune talent très prometteur. Pourtant, ce premier disque peut laisser perplexe l'amateur de blues. A l'écoute de cet album, on ne peut s'empêcher de se dire que l'on s'est fait avoir sur la marchandise. Remettons les pendules à l'heure : Urgency n'est en rien un album de blues, cette jeune chanteuse adoptant un ton définitivement Soul/Funk. Mais cette confusion n'a rien d'étonnant, l'appellation blues en musique aujourd'hui étant l'équivalent de celle du bio pour les fruits et légumes, c'est-à-dire un gage d'authenticité, de tradition et d'une certaine « qualité ».

Cette légère déception passée, on se laisse vite charmer par cet album aux sonorités funk et soul très prononcées. Certes, on a seulement cinq titres à se mettre sous la dent, mais c'est largement suffisant pour apprécier le talent de Nina Attal et de son groupe. Tous les morceaux, écrits en anglais, ont été composés par la jeune musicienne épaulée par son guitariste Philippe Devin. « My Soul Won't Cry No More » annonce la couleur d'un album à la température bouillonnante et à l'atmosphère très électrique. Le tout est très soigné, le son excellent, et force est de constater que Urgency a été enregistré de manière professionnelle. Nina Attal en impose sur ce premier titre à la section rythmique dynamique et à la guitare électrique foncièrement rock. En revanche, certains arrangements superflus notamment avec les choeurs qui font écho au refrain et un solo de guitare final stéréotypé ont tendance à parasiter ce titre qui, bien que de bonne facture, s'avère être le moins réussi de l'album.

En effet, la suite ne peut que combler l'amateur de funk : « Sexy'N' Crazy », morceau endiablé qui a toutes les allures d'un tube est réussi à tout point de vue. Et cette fois-ci, les arrangements, au lieu de desservir Nina Attal, donnent du relief à l'interprétation. « Output », qui fuse dans tous les sens avec divers effets sonores est également solide en moins inspiré peut-être. Mais c'est dans les ballades soul que Nina attal peut montrer toute la beauté de sa voix. Avec une section rythmique sobre, une guitare précise et incisive, des choeurs en soutien, la belle chanteuse et son groupe brillent et enchantent nos oreilles. En effet, le chaleureux « Lonely Man » au très bon solo de guitare joué par Nina elle-même et l'envoûtant et émouvant « Hopeful », bien que très classiques, sont terriblement efficaces. Il n'y a rien de révolutionnaire dans ces compositions, mais Nina Attal a le mérite d'aller à l'essentiel.

Urgency est donc dans l'ensemble une bonne surprise de la part d'une artiste qui malgré sa jeunesse fait preuve d'assez de maturité pour enregistrer un premier E.P. convaincant. Sa carrière repose déjà sur de bonnes bases, il ne lui reste plus qu'à confirmer et à prouver qu'elle est capable de tenir la distance sur un album de longue durée. Affaire à suivre..

*l'album n'étant disponible que sur internet, voici un lien vous permettant de découvrir pleinement Nina Attal : http://www.deezer.com/fr/#music/nina-attal/urgency-534333