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Debbie GIBSON - Body Mind Soul (1993)
Par MARCO STIVELL le 23 Février 2025          Consultée 315 fois

Bien que frappée par le sceau de l'injustice, avec une privation flagrante de succès digne de son talent à vingt ans passés et une fois plongée dans les années 90, Debbie GIBSON continue son bonhomme de chemin. En 1991-92, elle participe à différents projets collectifs, d'abord parmi les choeurs du single "Voices That Care", initiative de David FOSTER avec de nombreuses stars (et une certaine 'rivale' TIFFANY !), façon "We Are the World" en soutien moral aux GI's alors perdus dans le désert irakien en pleine guerre du Golfe. On remarque surtout sa participation au deuxième volume d'A Very Special Christmas, série d'albums de Noël à vocation caritative pour les Special Olympics, jeux sportifs dédiés aux personnes souffrant de troubles/déficiences mentales. Aux côtés d'autres reprises par des artistes prestigieux (Aretha FRANKLIN, RUN-DMC, Jon BON JOVI, Tom PETTY & The HEARTBREAKERS etc), elle y entonne une version rhythm'n'blues sexy et enjouée de "Sleigh Ride", produite par les excellents Jimmy Iovine (chef du projet Very Special Christmas) et Omar Hakim (il y tient bien sûr également la batterie), fort appropriée pour notre belle blonde, quatuor de saxophones à l'appui, choeurs 'soul' moins beaux qu'elle... Encore aujourd'hui, si ses tubes demeurent inconnus en France, sa "Sleigh Ride" passe dans certaines playlists Noël de grands magasins, c'est dire (et voilà une façon détournée de décrire une vraie découverte d'artiste !)...

C'est en 1993 que Debbie sort son quatrième album, au mois de janvier. La pochette, bien que plus sombre que les précédentes dans son teint, est pleine d'intentions lumineuses, jusqu'à son titre doré masquant un peu trop notre belle blondinette. Quant à savoir si c'est une des raisons de l'insuccès de Body, Mind, Soul, totalement injustifié là encore (13ème place méritée au Japon, mais 108ème aux U.S.A., pas franchement mieux en Grande-Bretagne ni ailleurs)... Il n'y a certes pas de grand nom comme Lamont Dozier cette fois pour aider, mais si l'on cherche un album à sauver et remettre en avant dans tous les grands élans pop-soul à l'américaine 90's, trustée par les Whitney HOUSTON, Mariah CAREY et consorts, c'est bien celui-là ! Car quoique pensent un public volage comme ces grands pontes d'Atlantic Records avec qui le contrat s'arrête du coup, le talent de Debbie GIBSON demeure intact, et la production de Body, Mind, Soul, s'avère même meilleure, mieux dosée que celle de l'album précédent. Debbie, bien sûr et déjà pour l'écriture, en est architecte principale, tout en faisant appel à des gens plus ou moins connus : Phil Ramone, Elliott Wolff (ancien musicien de Chaka KHAN), ainsi que le tandem Carl Stuken/Evan Rogers qui, par la suite, travaillera pour Christina AGUILERA avant de façonner la carrière d'une certaine RIHANNA.

Il est vrai que, même si Debbie GIBSON et son caractère angélique n'ont jamais été trop liés aux ballades countrysantes et tout ce qui peut forcément plaire au public WASP, ce dernier a dû se sentir un peu perdue en voyant cette petite protégée, plus affirmée en tant qu'adulte, se diriger vers un son plus r'n'b et black-music en général. Du coup, l'album souffre par rapport aux mêmes choix que Anything Is Possible (1991), affirmant dès "Love or Money" un funk à production moderne, programmations en pagaille et choeurs masculins tirant vers le hip-hop, titre efficace mais sans plus et avec au moins cette voix lead superbe, qui fait si bien la différence. Et puis il y a cette ambiance sexy voulue par une jeune femme consciente de ses charmes, en particulier sur un "Shock Your Mama", également rendu basique par la prod, mais pas moins censuré et écarté de l'album en Corée du Sud. Dommage pour eux, car malgré l'effet soul + new jack un peu plus quelconque, le pont vaut son pesant d'or, avec un rap made in Debbie d'une grade suavité malgré son débit et qui en surclasse bien d'autres. Elle est parfaitement crédible dans son apparat de chanteuse aguichante, toujours un peu tirée en arrière par ses années teenage-bubblegum (une qualité perpétuelle, l'équivalent en musique de ce que Kristen Bell, autre blonde adorable, sera plus tard à l'écran) comme en témoigne un "Kisses 4 One" entêtant avec son sax alto et ses castagnettes dignes des premiers albums.

Du coup, en plus de leur efficacité, on adore aussi ce "Free Me" (composition et co-production avec le duo Stuken/Rodgers comme la plupart des titres déjà mentionnés), funk en diable conduit par le piano, la basse et les cordes-synthé, doté de percussions latines réjouissantes et de choeurs gospel, à l'instar de "Tear Down These Walls" plus loin (seul titre produit par Phil Ramone), sur un ton davantage aérien et sérieux. Et que dire de "Losin' Myself", ce tube incompris (dernière apparition de Debbie dans le top 100 US avant longtemps, et pas haute encore), ballade r'n'b chaloupée délicieuse ? Ce ne sont que des charmes d'une belle profondeur, guitare acoustique soulignante, guitare électrique coupante comme un rasoir, envolée majestueuse (quel final, entre le fondu musical et la voix qui continue avec la même hauteur sonore !)... Debbie elle-même nous fait chavirer, passant des graves sur les couplets à l'aigu sur les refrains, incarnant dans le clip une strip-teaseuse mais avec la finesse qui la caractérise. Comment le grand public a-t-il pu se sentir désarçonné tout en soutenant de la sorte cette Mariah CAREY ?!

Reste encore tout un tas de bonnes idées, jusqu'à la fin et même si "Goodbye" n'est pas le meilleur titre conclusif espéré, son slow classique et cristallin 'so 90's' demeure joli, porté par une voix merveilleuse. À l'inverse, on se délecte de "When I Say No" et l'importance clamée pour une femme de s'affirmer face à des demandes masculines trop pressantes (tout comme pour "Losin' Myself", Debbie a dû penser que ce n'était pas sorti au bon moment), lancée sur une belle pop-funk girly taillée pour le dancefloor, sans compter le pont aventureux et génial là encore, les percussions latinas... L'impopularité d'un r'n'b aussi classieux que "Do You Have It Into Your Heart?" est inexplicable (ne cherchez plus ailleurs, la voix de tête minaudante de premier choix est là), avec des qualités que l'on retrouve sur "How Can It Be?", unique titre produit par Debbie seule. On y retrouve d'ailleurs un saxophone aussi suave que fourni, marquant son empreinte avec force entre le chant et la batterie. Enfin, "Little Birdie" joue la carte 'soul roulante' et ternaire en toute légèreté, contagieuse d'autant plus que Debbie y est à la fois caressante et espiègle. Avec des cuivres et basse joués aux synthés comme ailleurs, mais aussi cette valeur ajoutée du sax soprano en soliste d'abord, pour changer, avant d'être rejoint par le ténor pendant que continue le chant, un dialogue superbe des deux instruments jusqu'à la fin, s'écartant et se suivant intelligemment. Non, vraiment, bien que très connotée, cette oeuvre pop est une réussite gâchée par le manque d'intérêt !

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   MARCO STIVELL

 
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- Debbie Gibson (chant, claviers, choeurs)
- Carl Sturken (claviers, guitares, batterie, choeurs)
- Eric Rehl (claviers, batterie)
- Alan Ferrante, Ira Siegel (guitares)
- John 'noodle' Nevin (basse)
- Bashiri Johnson, Sammy Figueroa (percussions)
- Dave Koz, Andy Snitzel (saxophones)
- Evan Rogers, Darroll Gustamachio (choeurs)
- David Kutch, Kevin Wright (choeurs)
- Robin Clark, Michelle Cobbs (choeurs)
- Diva Gray, Jill Dell'anzte, Vaneese Thom (choeurs)


1. Love Or Money
2. Do You Have It Into Your Heart?
3. Free Me
4. Shock Your Mama
5. Losin' Myself
6. How Can This Be?
7. When I Say No
8. Little Birdie
9. Kisses 4 One
10. Tear Down These Walls
11. Goodbye



             



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