Invisible est l’album issu de le brève reformation des BERURIER NOIR, peu avant que ceux-ci ne jettent l’éponge définitivement en Mai 2006, et que les chemins se séparent entre François et Loran, ce dernier prenant le commandement des Ramoneurs de Menhir avec l’énergie qu’on lui connaît.

D’emblée, les puristes - étrange comme terme quand on cause d’une musique aussi minimaliste - remarqueront que le son est plus étoffé qu’à l’ordinaire, la boîte à rythme notamment n’a plus ce son en plastique cartonné des années 80, et la guitare rythmique possède une aura très métallisée. Les chants en revanche, vous permettront de sauter comme des marsupilamis partout dans votre chambrée, avec vos camarades de beuverie.

Malgré les 14 années qui séparent Invisible de Souvent Fauchés Toujours Marteaux, les compères squatteurs en sont toujours aux mêmes revendications punkoïdes, les thèmes sont bien souvent semblables, si l’on rajoute quelques éléments écologistes qui se sont glissés dans cette mixture. Et puisqu’on en parle, je défie l’assistance ici réunie religieusement d’écouter le morceau d’entame du skeud, sans avoir envie de gueuler avec François le refrain d’enfer de « Le Cerf, le Druide et le Loup » puisqu’on parle de revendications écologiques… La gratte de Loran est à son zénith, tel un Johnny RAMONE français, tronçonnant ses rythmiques tel un bûcheron fou. J’adore ce morceau, on y entend même par instants un vague son de babasse -très canardesque je vous l'accorde, mais tout de même quel effort ! Et « Ressusciter le Loup »… Putain, c’est du Vigny !

« Coup d’Etat de la Jeunesse » et « On en a Marre » rappelleront aux fans les gimmicks glorieux de « Joyeux Merdier » et de « Abracadaboum ». Le synthé taré de « Dans un Rêve Flamboyant » vous plongera dans un abîme pogotant (d’ailleurs, si comme moi vous avez plus de trente ans pensez à bien protégez votre petite caboche, un accident est vite arrivé quand on a plus l'habitude !). Avec « Love in Laos » nos p’tits potes déconneurs oeuvrent dans l’original. Déjà cette rythmique me donne envie d’étriper un bœuf, difficile de faire plus efficace. Et cette donzelle qui éructe en angliche ça sonne bonard non ? Un superbe morceau branché cul, fallait bien que ça arrive. On y retrouve les célèbres choeurs propres aux bérus. Dieu que c’est bon !

Le sax est présent un peu partout, presque mélodique sur l’intro de « Empire State Bulldog » à la « gloire » de la patrie de l’oncle Sam, dont la filiation avec « Porcherie » n’est pas feinte, on y entend même « star spangled banner », tè ! Le beat de « L’Enfant Bleu » est presque métal alors que « La Pluie » est d’une lancinance hypnotique. « La fille du Delta » pourrait être issu du répertoire d’INDOCHINE, très rigolo à entendre, comme si le groupe de Nicolas Sirkis avait viré Punk. Enfin, les velléités industrielles de « Quelque Part » signent la fin de l’aventure folle des bérus entamée tant d’années auparavant, avec un talent unique. « La la lalala la lala, lalala, Lalalalala lala », comme ça donne envie de gueuler avec eux ! Quelque part ? Partout !

Il serait dommage d’oublier cet album dans la riche disco du groupe de punk français le plus pêchu. Ne serait-ce que pour « Le Cerf Le druide et le Loup », « Love in Laos » et « Quelque part », ça déchire !

Respect éternel. Repose en paix Béru, tu as bien mérité de la musique.

Salut à vous tous les zazous.