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VARIÉTÉ INTERNATIONALE  |  B.O FILM/SERIE

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- Membre : Bande Originale De Film

John WILLIAMS - Indiana Jones Et Le Cadran De La Destinée (2023)
Par MARCO STIVELL le 28 Août 2023          Consultée 2644 fois

AVERTISSEMENT : cette chronique de bande originale de film est également susceptible de contenir des révélations sur le film

La boucle est enfin bouclée. On avait fini par ne plus croire à ce cinquième Indiana Jones avec ses airs d'Arlésienne, ou de Stéphanoise pour changer, n'en déplaise à Alphonse Daudet (tout en rappelant que l'ancien derby Marseille/Saint-Étienne fut une vaste connerie). C'est qu'il a tout eu : la Covid, les blessures d'Harrison Ford âgé de 80 ans désormais et tenant à en faire le plus possible, comme toujours et tout à son honneur. Pour beaucoup, c'est le retour forcé d'une franchise qui s'est enlisée durant les trente dernières années. M'enfin, c'est vrai : qu'attendre d'un acteur bon pour l'hospice, d'un scénario qui doit hésiter forcément entre les compromis actuels et le fan-service ? Mais bon, comme le quatrième avait été déjà une bonne surprise (si, si), difficile de partager cette impression. Au mieux, ce ne sera pas formidable, mais il doit forcément y avoir de bonnes idées.

Et c'est le cas. Le film doit certes s'adapter au grand âge d'Harrison Ford en termes de rythme, plutôt contemplatif à de nombreux moments, sans parler des canons actuels comme le féminisme tenace de l'autre protagoniste, Helena Shaw dite 'Wombat', sa filleule, élève et partenaire (jouée par l'Anglaise Phoebe Waller-Bridge), transposé aux premières heures de liberté pour la jeunesse à la fin des années 60 (voyage sur la lune inclus en fond au scénar'). Heureusement, le fan-service joue bien son rôle en conviant comme il se doit et de nouveau Karen Allen/Marion Ravenwood, pour rappeler à juste titre que l'amour hétérosexuel et entier n'a pas toujours été une faiblesse passagère (même si le rôle du fiston s'est vu escamoter en grande pompe), ainsi que John Rhys-Davies/Sallah, presque aussi âgé qu'Indy. Deux présences réduites, il faut le dire, mais pas question de cracher dessus quand on sait que la dernière réunion des trois date déjà d'il y a quarante-deux ans !
James Mangold (scénariste du film DISNEY Oliver et Compagnie en 1988, réalisateur de deux films X-Men dont Logan en 2017) a la lourde tâche de succéder à Steven Spielberg, grand absent de ce dernier volet d'une saga grandiose, autant que son ami George Lucas pour les idées (même si le nom de ce dernier est présent dans la production). Malgré les imperfections, il s'en sort avec les honneurs, en reprenant les codes des anciens films. La longue séquence d'ouverture 'antérieure' est digne de la tradition depuis Indiana Jones 3 et fait revenir comme il se doit les plus grands ennemis d'Indy, à savoir les Nazis. Certes, Antonio Banderas semble très bien se contenter de rôles secondaires à l'importance relative au sein des films d'aventure, tout comme Uncharted, mais a contrario, Mads Mikkelsen (qui a désormais un pied chez James Bond et un chez Indiana Jones, belle gloire) joue un excellent condensé des trois méchants du film numéro 1, Ronald Lacey/major Toht compris. L'ensemble se tient très bien malgré un ou deux moments creux. On a droit à une séquence en Afrique et un grand bout d'Europe méditerranéenne. Quant au final (enfin, pré-final), relié au fameux Cadran, il est aussi inattendu que grandiose, j'avoue en avoir eu des frissons !
Bref, question archéologie aventurière, on est de nouveau servis et pour la dernière fois. Granguignolesque certes, mais charme garanti. Cela valait bien d'être l'idiot solitaire applaudissant à la fin dans la salle de cinéma, quand tant d'autres ne pensaient qu'à rallumer leurs smartphones, pour les respectueux a-minima, ou bien retirer leur mode avion. Et si l'immense Steven manque d'une certaine façon, au moins, son autre grand ami John WILLIAMS, lui, est de la partie.

Le grand compositeur n'a plus rien à prouver. Ses prouesses pour les histoires d'Indy demeurent limitées depuis belle lurette (quelque chose comme 1989), mais il tient à ne pas faire simplement office de présence. Le problème est que, d'abord, comme souvent avec la plupart des blockbusters les plus réussis depuis une grosse décennie, la musique n'est plus franchement un point fort, c'est (hélas) quasiment mathématique. Pendant l'écoute extérieure, c'est pire : une heure sept minutes semble presque trop, même pour un film de deux heures. Les moments de creux se situent entre l'arrivée en Grèce (malgré un très beau "To Athens", rêverie hellène saupoudrée de DISNEY) et la découverte du tombeau d'Archimède, ce qui constitue malgré tout une bonne partie et fait baisser irrémédiablement la note, dommage !
Mais WILLIAMS reste WILLIAMS et il a plus d'un tour dans sa besace de musicien-magicien. Celui qui, depuis la dernière trilogie Star Wars, n'écrit quasiment plus (tout juste pour le merveilleux The Fabelmans de... Spielberg) prouve qu'en termes de rêveries exotiques, il n'a pas perdu la main : outre "To Athens", on a un "To Morocco" de toute beauté, introduit par les 'couplets' du thème bien connu d'Indy et citant celui d'Helena/Wombat. Toutefois, autre déception en ce qui concerne celui-ci, à savoir que même s'il constitue une variation de celui de Marion, joli en soi, il n'est point autant mémorable, ne serait-ce que pour moitié.
Néanmoins, avec le prologue-fleuve, WILLIAMS tend également à nous redire et dès les premières secondes, qu'il a aussi été LE compositeur de la saga Harry Potter (les deux premiers films). À l'origine du thème archi-connu du jeune sorcier à lunettes et cicatrice en éclair, son précieux célesta est ainsi audible avant tout le reste, et de nouveau par la suite, même si cela reste très subtil. La longue séquence introductive est une réussite grâce à la musique, avec ses marches de cuivres lourds et froids pour évoquer le nazisme (toujours aussi bon dans l'exercice, rien de changé depuis Star Wars, 1977 !), ses montées tribales en ternaire, sachant que ce rythme est de loin le grand favori de la B.O. Visez-moi un peu ce second thème principal en valse lugubre, audible dès le milieu de "Germany, 1944", après la grande course-poursuite du train. C'est d'ailleurs ce moment-là qu'il faut attendre pour se souvenir du thème d'Indy, le 'refrain', un comble !

La mélodie première de la saga à l'orchestre glorieux ne se retrouve qu'à la fin, en conclusion de "Centuries Join Hands" et conjointe au thème de Marion sur "New York, 1969". C'est de l'archi-connu et attendu mais tant pis, on en a trop besoin ! Et à côté, les autres hauts faits se nomment "Voller Returns", en impros tendues et menaçantes mais très fluides, "Auction at L'Hotel Atlantique" d'abord délicieusement nonchalant puis porté par une tarentelle massive (le deuxième rythme ternaire à l'honneur ici après la valse), ainsi que "Tuk Tuk in Tangiers", riche de ses dynamiques accompagnant les poursuites, ses oppositions entre timbales et xylophones.
Après le ventre mou façon grand amateur de bière pour cette B.O, "The Airport" relève le niveau avec ses cordes éperdues, son orchestre à nouveau solide dans l'adversité (pour le moins folle, à ce stade du film). Quant à "Battle of Syracuse", comment dire ? C'est bien simple : le premier Indiana Jones a eu pour lui la meilleure mort de méchant(s), le deuxième la plus marrante, le troisième le meilleur euh, tout en fait ! Le quatrième reste le plus décevant de ce côté, alors qu'ici, pour finir, on a la plus grande surprise au sens noble et excitant du terme ! Et ce n'est pas forcément grâce au thème musical mais, on peut au moins louer WILLIAMS pour un hommage à son cher STRAVINSKY dans les déploiements rythmiques façon Sacre du Printemps ("Augures"). Histoire de boucler une autre boucle, celle de son premier grand oeuvre, Les Dents de la Mer (1975) pour Spielberg. Concernant la musique, même si ce n'est pas totalement mérité, tant pis. À l'instar du film qu'elle construit à sa manière, on ne fait pas la fine bouche. On se tait, on arrête son putain de smartphone (pour de bon, c'est mieux) et on applaudit.

Note réelle : 3,5

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   MARCO STIVELL

 
  N/A



- John Williams (compositions, orchestrations)


1. Prologue To Indiana Jones And The Dial Of Destiny
2. Helena's Theme
3. Germany, 1944
4. To Morocco
5. Voller Returns
6. Auction At L'hotel Atlantique
7. Tuk Tuk In Tangiers
8. To Athens
9. Perils Of The Deep
10. Water Ballet
11. Polybius Cipher
12. The Grafikos
13. Archimedes' Tomb
14. The Airport
15. Battle Of Syracuse
16. Centuries Join Hands
17. New York, 1969
18. Helena's Theme (for Violin And Orchestra)



             



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