CELTIC THUNDER, c'est un peu le degré zéro (mais zéro pointé, hein), de la musique celtique. Un peu comme si Shakira déhanchait son fringant postérieur au son d'un biniou « caliente », ou si le violon playback d'André Rieu se mettait tout d'un coup à interpréter un reel irlandais en lieu et place des valses de Vienne. Zéro pointé. A la manière des High Kings, CELTIC THUNDER est donc un rassemblement hétéroclite et plus ou moins préfabriqué de vocalistes Écossais et Irlandais, à la voix pas dégueulasse et au minois plutôt attrayant, présentés par des producteurs aux dents longues comme ce qui se fait de mieux en matière de rayonnement culturel des civilisations celtiques contemporaines. Et c'est à ce moment que l'amateur de musique celtique manque de se noyer dans sa Guinness, et crie à l'infamie : car CELTIC THUNDER, malgré un matraquage médiatique et des productions scéniques démesurées, vaut encore moins que le pire album de Chris de Burgh.

Tiens, un orage éclate au moment ou j'écris ces lignes. Mise en condition, même les cieux voient d'un mauvais œil ce groupe vocal au talent réel mais aux albums d'une niaiserie et d'une indigence désespérante. Il y a pourtant du beau monde : âgés de 19 à 42 ans, les 6 membres du projet disposent tous d'une voix sympathique, un peu fébrile ou niaise parfois, mais raisonnablement charmante. Mais, qu'ils soient interprétés en solo, en duo ou en groupe, les morceaux sont tout simplement d'une atrocité traumatisante. Visiblement, certains aiment cela, puisque CELTIC THUNDER sort avec Storm son septième album en à peine 3 ans de carrière. Oui, vous avez bien lu, entre hyperactivité et sadisme, la formation semble bien décidée à inonder les bacs des disquaires restant, le groupe ayant d'ores et déjà annoncé la sortie d'un huitième album pour le printemps 2012. Dire qu'ils se sont produit à la maison blanche, devant Barrack Obama et le Taoiseach irlandais Brian Cowen, il y a deux fortes chances qu'une guerre éclate entre les deux pays prochainement.

Donc, si vous aimez les compositions mielleuses de Chris de Burgh, les orchestrations imposantes, les lignes de chant surjouées et inutilement théâtralisées, si vous êtes nostalgiques des boys bands et que vous n'y connaissez absolument rien en musique celtique, CELTIC THUNDER pourrait trouver grâce à vos yeux. Maintenant, si vous tenez un tant soit peu à la santé de vos oreilles, que les ambiances et mélodies prémacheés vous horripilent et que, pour vous, un semblant de chanson à boire placé au milieu d'un album (« Life in the old dog yet ») ne suffit pas pour apposer le sceau « celtic approved », passez votre chemin sans regret. Le groupe, qui s'autorise même à interpréter un titre en gaélique, semble persuadé qu'il offre là une musique de qualité. Grossière erreur, car cet album pataud, formaté pour séduire la ménagère et prenant totalement le contrepied des artistes qui tentent d'offrir à la musique celtique contemporaine une authenticité nouvelle, est un coup purement commercial à honnir fuir comme la peste. Une honte.