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- Style : Marjana Semkina, Kate Bush
- Membre : Clannad

ENYA - The Celts (1987)
Par MARCO STIVELL le 16 Juillet 2012          Consultée 3466 fois

Alors que le courant new-age gagnait du terrain en cette fin d'années 80, la jeune irlandaise Eithne Brennan alias ENYA avait tout à gagner. Elle avait bien représenté la partie "claviers modernes" du groupe de ses frères et soeur Clannad avant que ceux-ci ne deviennent vraiment "planants" (et célèbres), entre 1980 et 1982. Prenant son envol avec l'aide du producteur Nicky Ryan et de sa femme Roma (qui signera toutes les paroles de la chanteuse), ENYA a d'abord contribué essentiellement à de la musique de films. Les collectionneurs aujourd'hui possèdent ces morceaux inédits où elle employait parfois un saxophone érotique ou une ambiance très morriconienne ("The Spaghetti Western"), mais l'accomplissement de ces années sera en 1987 avec cet album qui porta le nom d'Enya, plus tard réédité sous celui de The Celts. Les Ryan et Enya y croyaient, le label de la BBC aussi, et le talent de la chanteuse atteint finalement Atlantic Records, ce qui leur permit de sortir l'album ailleurs qu'en Angleterre. Même s'il sera l'opus le moins bien vendu d'ENYA, ce sera déjà un début solide autant musicalement que financièrement.

La musique de la jeune chanteuse se définit ainsi : de la voix et des synthés. C'est tout ou presque. Disons que l'intervention d'instruments plus "vrais" se fera d'autant plus remarquable, tant elle sera occasionnelle. Et The Celts en est l'une des plus belles preuves, puisqu'il y a de la cornemuse irlandaise (Liam O'Flynn de Planxty) ainsi que du violon, tous deux lumineux et respectivement sur les parties I et II de "To Go Beyond". Il y a aussi un peu de guitare électrique bluesy sur "I Want Tomorrow". The Celts a été enregistré au propre studio d'ENYA, Aigle à Dublin. Roma Ryan écrit donc toutes les paroles (avec parfois le concours d'ENYA), sauf pour la suite "Triad" qui reprend des textes traditionnels. Enfin, autour de l'album, on peut dire que le groupe de rap les Fugees sampleront "Boadicea" sans même demander l'avis de la chanteuse ni créditer son nom sur leur disque...

De tous les albums d'ENYA, et déjà que les autres témoigneront de cette qualité d'évasion on peut dire féérique, The Celts est sans doute le plus brut, le plus étonnant, le plus "paranormal". Il y a non seulement les ambiances qui feront la marque de fabrique de la chanteuse, mais aussi quelques propos inédits pour l'univers de la chanteuse. Cela concerne aussi bien un morceau comme "Aldebaran", où les samples d'Emulator II accentuent le côté pour le moins enchanteur d'une telle musique, que comme le court "Bard Dance" où une fausse harpe et des petites percussions nous conduisent dans la ronde d'une fête, durant une veillée de village tout droit sorti des légendes. On retrouve aussi cette fausse harpe sur le doux "Epona".

C'est le disque on peut le dire de tous les essais. Il y a donc cela, mais aussi cette fameuse guitare électrique d'Arty McGlynn (ex-Van Morrisson Band) qui vient percer l'élan symphonique (cordes monolithiques) de "I Want Tomorrow", au détour d'un refrain où on ne l'attendait plus. La force légendaire ressort de plus belle sur ce "The Celts" au son ample, "March of the Celts" et la partie "Cu Chulainn" de "Triad", sur lesquels pour représenter cette celtitude, ENYA n'a rien trouvé de mieux qu'un son de synthé-piano légèrement cinglant et surtout très eighties. Mais cela fonctionne, de même que ces thèmes lumineux et mystiques. Certains morceaux paraîtront plus sombres comme "Boadicea", aux séquences de clavier "lourd" répétitives.
On décèle sur ce dernier titre le chant typique d'ENYA, à force base de "mmmh" (quand ce ne sont pas des "aaah") passés dans un effet la rendant froide et éthérée, un peu comme celle de sa grande soeur Maire/Moya de Clannad. Il y a encore bien sûr le vrai chant d'ENYA, sans doute pas doté de capacités phénoménales mais tout à fait digne d'orner cette musique fabuleuse. Et quand elle n'est pas présente, c'est un piano (acoustique) qui chante sur lit de nappes, à l'image du superbe "Portrait (Out of the Blue)".

Vous l'aurez donc compris, que l'on aime ou pas ENYA, il faut connaître cet album avant de croire la connaître elle-même entièrement. Il est toujours difficile de dire s'il y a un meilleur ENYA par rapport à d'autres, surtout parmi ses premiers qui avaient leur quantité d'airs à imposer comme des références, mais The Celts avait en plus le mérite d'être aventureux, pionnier. Chose à ne surtout pas négliger.

PS : la version remasterisée est un régal absolu !!

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   MARCO STIVELL

 
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- Enya (chant, piano, synthétiseurs)
- Roma Ryan (paroles)
- Nicky Ryan (production)
- + Patrick Halling (violon)
- Arty Mcglynn (guitare électrique)
- Liam O'flynn (cornemuse irlandaise)


1. The Celts
2. Aldebaran
3. I Want Tomorrow
4. March Of The Celts
5. Deireadh An Tuath
6. The Sun In The Stream
7. To Go Beyond (i)
8. Fairytale
9. Epona
10. Triad : St. Patrick / Cu Chulainn / Oisin
11. Portrait - Out Of The Blue
12. Boadicea
13. Bard Dance
14. Dan Y Dwr
15. To Go Beyond (ii)



             



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