Premier album solo d'un membre de L'ENTOURAGE, Normal de GUIZMO a réussi a susciter un intérêt médiatique et commercial aussi important que celui de 1995. Cependant, le registre est tout de même assez singulier parmi le collectif parisien. GUIZMO incarne la partie la plus street de L'ENTOURAGE. Une voix grossière, un français approximatif, des paroles crues...
Indéniablement, GUIZMO est moins accessible que ses confrères. Une tendance à rebuter toutefois assez compréhensible.

Car GUIZMO joue carte sur table, ne s'emmerde pas avec des textes au second degré. Les thèmes ? La galère quotidienne de banlieue, l’insouciance de la jeunesse perdue sous la persécution policière des quartiers chauds, les nuits et les journées alcoolisées, le deal et la consommation de shit... Percutants, ces sujets sont très souvent exploités avec de très bonnes punchlines et une rage authentique.
Les instrumentales sont le point fort de l'album, remarquablement exécutées par un D.J. LO qui confirme son talent entrevu avec 1995. Old-school jazz pour le morceau éponyme, ou "Back in the Days", parfois plus élaborées comme la guitare et le refrain samplé de "Le Premier Chagrin du Jour".

GUIZMO laisse une place très importante à son crew, rien qu'en affichant un t-shirt de L'ENTOURAGE sur la pochette de son album, où figurent par ailleurs plusieurs des Mcs du collectif. Quatre titres sur les quinze présents sont exécutés en featuring avec des membres du groupe. On retiendra "Sales Babtous D'negros" où NEKFEU ne rate pas une occasion de briller, en signant ici un couplet héroïque, surement un de ses meilleurs. Malheureusement, le titre est gâché par un refrain très mauvais, et une performance assez moyenne de GUIZMO. Quand à ALPHA WANN (également présent sur "Back in The Days"), son style me rebute particulièrement donc aucun commentaire.
"Solitaire" est également une déception, surtout à cause du faible couplet d'EFF GEE et du rôle de JAZZY BAZ qui se cantonne seulement au refrain. Du gâchis quand on connait le potentiel de ce rappeur

De piste en piste, GUIZMO effrite son spleen suburbain, prisonnier de certaines addictions sur lesquelles il base une bonne partie de ses lyrics ("J'te Déteste", "Alcool et Bédo").
Ce premier opus du rappeur de Villeneuve-la-Garenne distille le blues contemporain des jeunes de cité entres embrouilles et trahisons avec ironie ("Marqué par la Vie"), cynisme ("Ramène Moi N'importe Lequel") et indifférence ("Demer").
La rime est assez mature, mais les thèmes tournent souvent en rond, ce qui est le principal handicap de l'opus. Certains morceaux sont également de trop, mais on fermera les yeux sur ces derniers, noyés dans un ensemble très homogène.
Un début très prometteur donc, à suivre avec un intérêt relatif. Il reste à espérer que GUIZMO continuera de naviguer sur un registre ghetto sans tomber dans le cliché comme plusieurs avant lui (BOOBA entre autres).

3/5

Coup(s) de cœur: "Demer", "Le Premier Chagrin Du Jour" + Mention spéciale au couplet de NEKFEU dans "Sales Babtous D'négros".



Note: GUIZMO a quitté L'ENTOURAGE fin janvier, semble-t-il en mauvais termes.