Le Gremlin est devenu un renard. C’est en tout cas ce que veut nous dire GUIZMO en appelant son nouvel album Renard, qui succède à l’excellent Amicalement Vôtre. Lourde tâche car ce dernier est un pilier dans sa discographie, et par la même occasion c’est à mon avis son album le plus abouti. Cependant notre rappeur est fidèle à lui-même, il a toujours de nombreuses cartes à jouer et Renard va nous proposer une nouvelle approche de la musique façon GUIZMO.

Un album plus orienté grand public que son prédécesseur, ce ne sont pas les nombreuses apparitions de collègues rappeurs qui vont me contredire. En effet, la présence de BIGFLO&OLI, celle de SETH GUEKO ou encore d’artistes plus méconnus permet au rappeur de faciliter de renouvellement de ses sonorités. Cela fonctionne plutôt bien sur « Pas du même monde » qui sur le papier ne m’enchantait pas du tout, mais a réussi à me séduire grâce à la production millimétrée de NIZI et les couplets réussis des trois rappeurs. SETH GUEKO quant à lui convainc à sa manière sur « Le professeur & le renard » qui n’est pas sans rappeler des airs de « Titi Parisien » que nous avait proposé notre invité sur un ancien album. Pour continuer sur les apparitions, « Tout doux bang’zs » avec Junier BVNDO est très anecdotique, sous forme d’afrotrap (style démocratisé par MHD) notre GUIZMO a du mal à me convaincre, surtout sur le refrain beaucoup trop bancal. « Jamais oublié » peine aussi à séduire, on ressent un air de déjà vu sur ce genre de productions. Sur « MJ » le rappeur sample la voix emblématique des JACKSON 5 pour un morceau qui reste convaincant malgré l’intervention d’un IGOR LDT assez faiblarde.
A relever, certaines prises de risque que GUIZMO affectionne particulièrement, j’ai nommé « Guizbourg » sur lequel le rappeur sample la mélodie d’un morceau de Serge GAINSBOURG. Notre rappeur s’en sort avec les honneurs sur ce son qui était un pari risqué mais réussi. « Ricochet » également fait partie des sonorités dont nous n’avons pas l’habitude avec GUIZMO, avec un rythme très lent, tout comme sur « Dérangé ».

Collaborations mises à part, pour le reste de l’album notre rappeur évolue en renard solitaire. « Sur mon chemin » est clairement un morceau à la patte GUIZMO, avec une instrumentale mélodieuse au possible et un texte qui raconte la vie du rappeur. « GPG 4.2 » est un pur exercice de rap dans lequel GUIZMO étale sa technique, de manière très efficace. Attention, gros morceau avec « J’ai rêvé de dormir », sur lequel le rappeur nous offre une prestation dantesque avec une instrumentale qui lui convient parfaitement. Cependant les textes souffrent d’une certaine redondance qui devient malheureusement habituelle chez GUIZMO.
Sur « Renard », l’hésitation entre storytelling et réalité est bien présente, GUIZMO parle probablement de lui. Ceci étant la mélodie convient parfaitement à ce genre de thèmes, tout comme sur « Sablier », pilier de l’album à travers l’exercice qu’est l’écriture d’un long texte sans refrain que GUIZMO affectionne tant. Le rappeur propose sur « Fort comme ton père » un son adressé à son fils, plutôt touchant. « Papillon », qui clôture l’album, est embelli par une somptueuse mélodie.

A l’écoute de Renard, on remarque que GUIZMO nous propose ici un album qu’il veut frais et grand public. J’entends par cela que le rappeur chante sur quasiment tous les refrains et invite un nombre inhabituel de collaborateurs. Cependant il y a toujours de nombreux titres de qualités et cet album, même si bien en dessous de son prédécesseur, remplit en partie sa mission.