A un rythme effréné, GUIZMO enchaîne les productions, serein après la réussite commerciale de son premier projet solo nommé Normal. Ici, nous allons nous attarder sur C’est Tout, sérieux petit frère du projet précédent La Banquise, qui était certainement le plus inégal de la carrière du rappeur.
Si sur ses deux premiers albums le rappeur nous gratifiait de morceaux plutôt positifs – assez rares tout de même – ici, il est très avare de ce côté-là, nous emmenant dans l’aspect de sa musique qu’il maîtrise le mieux, c’est-à-dire des paroles crues et sombres sur des mélodies dans la même vague.

C’est Tout est introduit fort judicieusement par un « Guizmo 2 », censé être la suite d’un numéro 1 sorti dans l’album Normal. Avec cette piste, le rappeur nous montre qu’il peut aussi maîtriser les refrains et faire en sorte qu'ils subliment son morceau. On y apprécie le solo de guitare à la fin. S’enchaîne le titre très jazzy « Le Bus » où GUIZMO s'exerce au story-telling. Le résultat, bluffant, offre même une des meilleures pépites de l'album. Le rappeur y raconte l’histoire d’un voyage en bus de telle sorte qu’on se sente à ses côtés, c’est un des atouts de GUIZMO et de sa sincérité. « Le Café » aborde les choses qui nous détruisent dans la vie, thème fétiche du rappeur qui a tendance à en abuser.
GUIZMO nous propose un pur exercice d’ego-trip dans « Daffy Duck », plutôt réussi, même si le morceau est loin de se créer une place dans les productions les plus intéressantes du rappeur. Heureusement qu’il remonte instantanément le niveau avec « Hip-Hop », hommage au genre musical, judicieusement exécuté. « Insomniak » possède un instrumental qui donne envie d'y retourner de temps en temps, le rappeur s'y glisse parfaitement. « Dis-moi », même s’il souffre de la redondance des thèmes abordés par le rappeur, demeure un titre intéressant.
Là où des rappeurs arrivent à nous pondre des albums d’une perfection totale de haut en bas (je ne cite personne, la liste est trop longue), GUIZMO nous montre quelques failles. En effet, il y a toujours des idées intéressantes dans ses albums, je pense notamment aux morceaux longs et sans refrain à la « Demain c’est Loin » d’IAM que le rappeur apprécie particulièrement. Cependant, je ne peux que trouver un aspect fade à « Trop Fraîche », avec son air de déjà vu dans la discographie du rappeur. Même constat pour « Passé Simple ». Le niveau est relevé en fin d’album par un « My Gun » aux samples qui puisent dans un style de rap américain, ou encore « Entre dans mon monde » qui met en scène un dialogue entre le rappeur GUIZMO et l’artiste qu’il est.
L’album se clôt sur « C’est Tout ». Quel choix judicieux de la part de GUIZMO qui nous offre une bombe d’une petite dizaine de minutes, l’essence même de son talent. Pas de refrain, pas de mensonges, simplement un rappeur qui décrit sa vie et c’est définitivement l’exercice qu’il maîtrise le mieux. Clin d’œil au sample utilisé ici, tiré de l’animé Saint Seiya.

C’est Tout est meilleur que son prédécesseur La Banquise, mais toujours pas au niveau d’un Normal qui alliait justesse et fraîcheur. GUIZMO nous gratifie cependant de certains morceaux excellents qui font de cet album un projet sur lequel il serait dommage de faire une impasse totale, si tant est que l’on adhère au style du rappeur.