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2012 Shadowmaker
2013 Resilient
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RUNNING WILD - Shadowmaker (2012)
Par RED ONE le 5 Mai 2012          Consultée 2719 fois

Après avoir pourtant annoncé la fin définitive de RUNNING WILD en 2009 à l'occasion d'un grand concert mémorable au Wacken Open Air Festival (disponible sur l'album live The Final Jolly Roger, sorti en 2011), Rolf Kasparek revient à la surprise générale sur sa décision à l'été 2011 et annonce la "reformation" du groupe et l'enregistrement d'un nouvel album studio prévu pour une sortie en 2012. Pourquoi est-ce que je mentionne le terme reformation en employant des guillemets ? Eh bien parce que oui, depuis le début des années 2000, RUNNING WILD n'est plus un groupe. Si tous les connaisseurs se souviennent de l'épisode Angelo Sasso, durant lequel Rolf Kasparek fût accusé d'avoir inventé de toutes pièces un batteur imaginaire au groupe pour dissimuler ce qui de toute évidence était une boîte à rythmes, la plupart des gens n'ont pu que constater que les musiciens présents derrière Rolf lors des quelques concerts annuels donnés par le groupe au début des années 2000 n'étaient bien souvent que d'obscurs mercenaires inconnus du grand public.

Eh oui, c'était malheureusement la triste réalité, mais dans les années 2000, RUNNING WILD était essentiellement un projet solo de Rolf Kasparek, qui enregistrait tout seul chant, guitares et basses, en y adjoignant une grossière boîte à rythmes en guise de supplément. Tout ceci n'était bien sûr pas reconnu officiellement, puisque de vrais line-ups étaient mentionnés sur les pochettes des albums (parmi lesquels le fameux "Angelo Sasso") mais les fans n'étaient pas dupes. Malgré tout, les albums enregistrés par Rolf de cette façon (Victory, The Brotherhood, Rogues En Vogue) avaient suffisament de qualités pour être appréciables. Qu'en est-il alors avec Shadowmaker, album qui sort pas moins de 7 ans après le précédent, Rogues En Vogue ? Eh bien encore une fois, Rolf retombe dans ses vieux travers, et cette fois, aucun line-up digne de ce nom n'est mentionné aux crédits de Shadowmaker. Il suffit de regarder le mini-making of quelque peu inutile disponible dans l'édition deluxe de l'album pour comprendre : oui, Rolf Kasparek a bel et bien enregistré cet album TOUT SEUL, enfin du moins presque, puisque le dévoué Peter Jordan (guitariste du groupe lors du concert au Wacken en 2009) se fend de quelques choeurs et de quelques pistes de guitare additionnelle. RUNNING WILD n'est donc définitivement plus un vrai groupe comme au début des années 1990, mais bel et bien le projet solo de Rolf Kasparek.

Une autre chose qui frappe lorsque l'on analyse cet album, c'est bien évidemment la pochette. Certes, RUNNING WILD n'a pas toujours eu des pochettes réussies, loin s'en faut (celle de The Brotherhood, en 2002, était particulièrement ratée), mais là, je dois avouer que c'est un petit peu too much : une masque respiratoire gris, façon Dark Vador, affublé d'oreilles étranges, le tout sur fond noir, avec une mise en couleur digne d'un graphiste débutant, accompagné pour finir d'un lettrage façon film d'action des années 1980. Si ce n'est pas fondamentalement moche, c'est quand même très kitsch. Et surtout, ça ne ressemble pas du tout à une pochette de RUNNING WILD ! Où sont donc passées les références à l'univers de la piraterie et les visuels épiques à base de corsaires et de galions, qui faisaient la spécificité du groupe sur la scène metal mondiale ? Rassurez vous, on en trouve encore trace à l'intérieur du livret et dans certains riffs et textes. Mais malheureusement, il va falloir s'y faire : Shadowmaker ne s'inscrit pas vraiment dans la continuité des précédents albums de RUNNING WILD.

Qu'en est-il maintenant du contenu de l'album en lui-même ? Eh bien, là encore, on va de surprise en déception, et de déception en étonnement. Globalement, de nombreux titres de cet album ("Piece Of The Action", "Black Shadow", "Shadowmaker") sont dans la continuité directe de ce que Rolf proposait déjà sur l'album The Brotherhood dix ans plus tôt, à savoir un heavy metal mid tempo, fortement influencé par le hard rock (notamment AC/DC) et s'éloignant très fortement des speederies classiques du RUNNING WILD des années 1990. Mais voilà, l'album n'est pas homogène et certains titres se rapprochent quand même du style "old school" de RUNNING WILD, en témoignent "I Am Who I Am", titre éminement speed metal au riff furieusement méchant.

Le pire titre de l'album reste à mon sens "Me & The Boys", sorte d'aberration mélodique que Rolf essaye vainement de nous faire passer pour une power ballad festive. Les textes de ce titre sont d'un tel niveau de médiocrité et de grotesque que c'en est presque gênant. Faites l'expérience : mettez l'album sur votre lecteur iTunes et supprimez "Me & The Boys" de la tracklist. Vous constaterez que l'album y gagne en qualité. Navrant. Du début à la fin, Shadowmaker surprend donc par son côté franchement inégal : le côté pirate traditionnel ne se montre que sur certains titres épars ("Sailing Fire", "Riding On The Tide", un peu sur "I Am Who I Am"). Cet aspect "dispersé" se ressent également dans le titre final, "Dracula", titre évolutif (je n'ose pas dire progressif) à l'intro pompée sur BLACK SABBATH et qui montre un Rolf Kasparek en relative roue libre avec un morceau certes réussi, mais quelque peu trop riche en passages inutiles.

Les textes sont l'une des principales sources d'étonnement de cet album. Certes, RUNNING WILD n'a pas toujours causé piraterie et a parfois abordé des thèmes plus éloignés, tels que les guerres napoléoniennes, la guerre de Sécession, ou bien encore certains conflits modernes de manière détournée. Mais là, sur Shadowmaker, nous passons véritablement du coq à l'âne : Rolf cause de lui ("I Am Who I Am"), des trains ("Locomotive"), d'un certain individu roumain très renommé via un roman de Bram Stocker ("Dracula"), de la peur d'un futur sombre pour l'Humanité ("Shadowmaker", "Black Shadow"), et surtout, beaucoup plus sujet à dérision, de la vie de rocker ("Piece Of The Action", "Me & The Boys" ...) Oui, Shadowmaker est donc une espèce de fourre-tout sans cohérence au niveau des textes, et qui n'aborde la question pirate chère à RUNNING WILD qu'à de rares moments ("Riding On The Tide", "Sailing Fire"), et ce pas forcément dans des morceaux d'une qualité équivalente aux grands classiques du groupe. Je ne reprocherai pas à Rolf Kasparek d'avoir voulu changer de registre, mais il faut avouer qu'il ne gagne pas forcément à faire ça sans réelle ligne directrice.

Shadowmaker est donc, vous l'aurez compris, un album fort décevant par de nombreux aspects. Mais il n'est cependant pas "mauvais". Non, loin de là. À de multiples reprises, sur pas mal de titres de l'album, l'alchimie RUNNING WILD fonctionne encore et l'on se prend à fredonner ces hymnes de heavy metal simples et sans grande prétention, à apprécier les solos certes sans originalité, mais tout de même agréables, de ce bon vieux Rolf, qui semble quand même avoir pris un certain plaisir à enregistrer cet album. Shadowmaker, c'est donc celà : un album lisse et correct, qui file la pêche et qui se laisse écouter la plupart du temps. Mais malheureusement, il lui manque quand même pas mal d'éléments pour pouvoir être considéré comme un "BON" album de RUNNING WILD.

Donnez sa chance à cet album, mais ne vous attendez quand même pas à du génie.

2/5, sans remord.

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   (2 chroniques)



- Rolf Kasparek (presque tout)
- Peter Jordan (enregistrement, instruments additionnels)


1. Piece Of The Action
2. Riding On The Tide
3. I Am Who I Am
4. Black Shadow
5. Locomotive
6. Me & The Boys
7. Shadowmaker
8. Sailing Fire
9. Into The Black
10. Dracula



             



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