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1952 2 4'33
 

- Style : Steve Reich , Terry Riley

John CAGE - 4'33 (1952)
Par TARTE le 9 Mai 2012          Consultée 4596 fois

John CAGE fait partie de cette race d’artiste tout à fait étrange qui n’a jamais cessé de pulvériser les conventions. Les années 1950 voient l’arrivée d’une révolution : l’art conceptuel. Vos froncements de sourcils en disent long ; l’ambiance se fait d’un coup très, voire trop élitiste. Rassurez-vous, tonton Tarte va tenter d’éclairer vos lanternes.
L’art conceptuel consiste à réaliser une œuvre que tout le monde (ou presque) serait capable de reproduire, mais en insistant sur la notion d’'ici et maintenant' ainsi que sur l’exploitation de nouvelles voies de création. Le cheminement et la démarche de conception deviennent alors plus importants que la réalisation finale. Des scandales ont naturellement éclaté de tous côtés, prônant sa futilité et insultant allégrement ces visionnaires de charlatans. Les cas les plus représentatifs sont, en Art, Yves Klein, Marcel Duchamp, Kasimir Malevitch (…) et en Musique, Steve REICH, Karlheinz STOCKHAUSEN, Pierre SCHAEFFER et bien sûr John CAGE, pour ne citer qu’eux. Attention cependant, même si les prouesses techniques étaient en apparence à la portée de n’importe qui, les artistes précédemment cités, qui ont joué un rôle majeur dans l’évolution de l’art et de la musique, n’étaient pas pour autant dépourvus de talents ; pour exemple, avant de s’engouffrer dans le courant cubiste, Pablo Picasso était un dessinateur de prodige. Mais revenons à la musique.

En 1952, CAGE produit 4'33, une œuvre des plus singulières. N’y allons pas par quatre chemins (pardon), il ne s’agit ni plus ni moins que de quatre minutes et trente-trois secondes de silence. L’œuvre se positionne logiquement comme l’antinomie parfaite du très controversé Metal Machine Music de Lou REED. Et puisqu’on parle de controverse, notez que la première représentation de 4’33 met son public dans un état d’irritation et d’incompréhension palpable. Tout l’intérêt de l’expérience est qu’elle doit être vécue et non forcément écoutée. Précisons qu’il existe des versions pour piano, orchestre, chorale, et à peu près tout ce qui peut ou non produire un son.

4’33 est aussi une énigme : certains se sont penchés sur la signification de cette durée, établissant un rapport entre l’œuvre et le zéro absolu (-273°C correspondant aux 273 secondes de l’œuvre) ou même avec un vulgaire clavier de machine à écrire, théories que le compositeur a soigneusement et sournoisement ignorées dans le désir de bétonner la notoriété de sa partition.

On ne peut donc être que foncièrement subjectif dans son approche, tout dépendant de la manière dont on vit ce silence. Certainement, 4’33 est une utopie car le silence n’existe pas. C’est du moins le ressenti de CAGE qui, après avoir visité une salle anéchoïque - théoriquement dépourvue de toutes résonnances - aurait entendu son propre système nerveux et sa circulation sanguine sous la forme de deux vibrations, l’une aigüe l’autre grave.

Miles DAVIS disait que La véritable musique est le silence et toutes les notes ne font qu’encadrer le silence, ce qui peut amener à considérer le silence comme un plein et non comme un vide. L’ajout de vibrations serait alors comme le retrait de matière en sculpture, le jeu des 'espaces négatifs', en somme.

Quoi qu’il en soit, 4’33 tient davantage de l’invitation à la méditation, d’une réflexion à la 'vraie' musique environnante, celle générée par les bruits aléatoires, fruits de la permanente évolution de notre cosmos, qu’à une œuvre réelle. Mais personne n’en saura jamais rien de toutes façons, alors ne nous emballons pas, réfléchissons juste un peu avant de lancer un sempiternel c’est du foutage de gueule !.


P.S. : C’eût été fort plaisantin de rédiger une chronique sans un traitre mot. La portée conceptuelle de l’œuvre eût atteint son plus haut niveau, au prix d’une part de sérieux du site. Un échange trop facile et risqué pour que l’on s’y égare. Mea culpa.

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1. I 33'
2. Ii 2'40'
3. Iii 1'20'



             



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