Après une année 2011 désastreuse marquée par le double échec artistique de LP1 et de Superheavy, Joss Stone revient glonflée à bloc avec un nouveau projet solo : The Soul Sessions Vol. 2. Sans doute espère-t-elle renouer avec le succès de son premier disque qui a révélé la jeune chanteuse en 2003. Si l’on se fie à la pochette, cela semble bien mal parti. Ce portrait mauve reflète avec un mauvais goût certain le manque de maturité de la chanteuse qui a bâti sa carrière sur ses talents d’interprète, talents bien limités au demeurant. Joss Stone a en effet tendance à crier plus qu’à chanter. N’ayant assurément pas une once du génie d’Aretha Franklin, elle ne produit en définitive qu’une performance de mauvais aloi, car manquant cruellement de musicalité.

Néanmoins, Joss Stone a sa beauté et sa jeunesse pour elle. Charmante, elle a conquis des vieux briscards comme Mick Jagger et Johnny Hallyday, ce qui lui a donné mine de rien une certaine assise dans la chanson mainstream. Elle a aussi construit sa réputation en s’engouffrant dans la vague néo-soul très populaire dans les années 2000. Elle met alors au goût du jour un son « authentique », censé être garant de sa sincérité d’interprète et de ses connaissances musicales.

En effet, The Soul Sessions Vol. 2 est un disque de soul vintage, porté par un accompagnement solide aux sonorités d’un autre temps, mais certainement pas déplaisant, d’autant plus que le choix des morceaux n’est heureusement pas consensuel. Elle ressuscite des perles signées Womack & Womack, Sylvia, Eddie Floyd, The Chit-Lites, etc. Autant dire que le répertoire proposé est varié.

Moins détestable que LP1, ce volume soul-pop n’en est pas moins d’une qualité très variable, à cause des prestations extrêmement inégales de Joss Stone. L’album commence en force avec « I Got the… » avec ses sonorités seventies et son rythme accrocheur. La chanteuse s’en sort alors honorablement, maîtrisant sa voix et nuançant son interprétation. Nul doute qu’on a affaire ici à un morceau de musique bien pensé. Et puis, patatatra, Joss Stone retombe dans ses travers dès le deuxième titre « (For God’Sake) Give More Power To the People », criard au possible et parfaitement inaudible. Mais pourquoi force-t-elle de la sorte sur ses pauvres cordes vocales ?

Lorsque sa voix ne transperce nos malheureux tympans, la musique respire enfin. Le funky « Sideway Shuffle » est parfaitement arrangé, mais Joss Stone montre ses limites sur les refrains. La ballade « I Don’t Want Nobody Without You » aurait pu être un pur moment d’émotion soul-blues si seulement Joss Stone ne s’évertuait pas à s’égosiller de la sorte. Tout de suite après, elle se montre presque irréprochable sur le délicieux « Teardrops ».

Ce jeu de montagnes russes étourdissant, qui force constamment à zapper les titres inaudibles pour se concentrer sur ce qu’il y a de réussi, donne le tournis. Joss Stone ne semble avoir aucune maîtrise de son potentiel musical, hurlant comme une sourde dans des chansons périlleuses qui exigent souvent un grand contrôle de soi. En ces circonstances, l’auditeur n’est jamais ému, d’autant plus qu’au-delà de ces dissonances vocales, le disque trempe parfois dans des eaux mainstream ennuyeuses (« The High Road »), voire déplaisantes (« Then You Can Tell Me goodbye »).

Disque surfait, trop rarement appréciable, The Soul Sessions Vol. 2 est un album de plus à éviter dans la discographie de Joss Stone.