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2003 The Soul Sessions
2011 Lp1
2012 The Soul Sessions Vol. 2
 

- Style : Adele, Sharon Jones & The Dap-kings
- Membre : Superheavy

Joss STONE - The Soul Sessions (2003)
Par LE KINGBEE le 8 Mai 2022          Consultée 864 fois

Voici le premier album de cette jeune anglaise originaire du Kent, élevée dans le Devon. Ne voyez de notre part aucune méchanceté, mais la première réflexion qui vient à l’esprit c’est que la jeune Joss STONE dispose d’un timbre aussi blanc que les falaises de Douvres où elle a vu le jour.

Après avoir été repérée en 2001 lors d’un concours de talents organisé par la BBC, elle est embauchée par EMI UK, qui expédie la jeune recrue tout juste âgée de 16 ans à New York afin d’auditionner pour Steve Greenberg, patron du label S-Curve, qui lui fait chanter "On The Radio" titre de Donna SUMMER en guise d’examen. Ebloui par la jeune anglaise, Greenberg la place sous l’égide de Betty Wright et décide de lui faire enregistrer un répertoire passe-partout sous la houlette d’anciens grands noms de la Soul. Cette première tentative s’annonce comme une réussite certaine, le disque se transformant en platine. Et oui, alors que Jésus changeait l’eau en vin, EMI est encore plus costaud transformant le polychlorure de vinyle en platine, procédé débouchant sur un épais matelas de billets verts.

Rappelons qu’en 2003, le monde de la Soul se divise schématiquement en deux catégories distinctes : d’un côté la Nu Soul et le R n B avec BEYONCE, Alicia KEYS, India. Arie et consorts et de l’autre une Soul Vintage, également appelée Rétro Soul avec en figure de proue Amy WINEHOUSE et les américaines Nicole WILLIS et Sharon JONES. Un troisième registre tentera de prendre la vague avec un brouillamini de Pop Soul avec comme fers de lance Britney SPEARS ou Justin TIMBERLAKE, un pur produit des émissions Disney Channel soit-dit au passage. N’étant pas là pour refaire le monde, revenons à nos moutons en l’occurrence, un autre produit plus ou moins fabriqué de toute pièce en la personne de cette jeune anglaise.

EMI n’a pas fait les choses à moitié, pour épauler la jeune blondinette on a fait appel à Betty WRIGHT dans un rôle de productrice associée, de choriste et de chaperon. L’auteure du fantastique "Clean Up Woman" prend soin de faire venir sa sœurette Jeannette comme choriste, tandis que le pianiste Benny Latimore, l’organiste Timmy Thomas (ex George McCrae, Blowfly, Rufus), la batteuse Cindy Blackman (Madame SANTANA à la ville), le bassiste Jack Daley (ex Lenny KRAVITZ, Daryl Hall) et le revenant Little Beaver (ex Swamp Dogg, Gwen McCrae) à la guitare viennent grossir la troupe. Tout ce beau monde, tous d'anciens musiciens du label TK d'Henry Stone étant chapeauté par Steve Greenberg.

En guise d’ouverture, avouons que la chanteuse parvient à nous estomaquer avec "The Chopin’ Kind", une Country song d’Harlan Howard offerte à Waylon Jennings, tombée ensuite dans l’escarcelle de la Southern Soul, via Mavis STAPLE, Joe Simon ou ZZ Hill. Si l’intro débute presque à capella, le timbre hybride entre mezzo-soprano et contralto surprend, mais les amateurs reviendront probablement vers les versions précitées ou celle du bluesman suédois Sven Zetterberg. C’est probablement par l’entremise de Betty Wright qu’elle reprend "Super Duper Love (Are You Diggin' On Me?)", une petite pépite Funky de Sugar Billy Garner sortie au milieu des seventies. La reprise de l’anglaise aura au moins le mérite de sortir le guitariste chanteur de Détroit des oubliettes.

Elle transforme le Punk Garage "Fell In Love With A girl" des WHITE STRIPES en une Nu Soul aguicheuse lorgnant sur Erykah Badu, le titre devenant en l’occurrence "Fell In Love With A Boy". La jeune chanteuse a beau y mettre toute sa fougue, on n’y croit plus au bout de dix secondes, mais on se laisse bercer par le rythme délicieusement lancinant. "I Had A Dream" fait lui aussi figure d’intrus, une sorte d’invité de dernière minute qu’on n’attendait pas et dont la venue apparait plus que circonspecte, à la limite de l’opportunisme. En effet, il ne s’agit nullement du titre homonyme composé par le countryman Jimmy Swan, ni des morceaux Soul chantés par Johnnie Taylor, Nathaniel Meyer ou Champion Jack DUPREE et encore moins d’un extrait du discours prononcé en aout 1963 par Martin Luther King sur les marches du Lincoln Memorial. Non, il s’agit d’une reprise de John Sebastian, ancien membre de LOVIN SPOONFUL, interprétée de manière impromptue au Festival de Woodstock en guise de bouche-trou face à la pluie. Si la chanson débute a capela, un fond d’orgue et une guitare viennent rapidement en arrière-plan tandis que la voix monte crescendo. A une époque où l’Est de l’Europe est plongé dans une guerre fratricide, les paroles que certains jugeront utopiques, prennent une autre dimension malgré une perspective hippie proche des Bisounours.

Elle reprend "Victim Of A Foolish Heart", création de George Jackson chantée par la louisianaise Bettye Swann. Alors que cette obscurité aurait gagné en sobriété, l’anglaise nous délivre des caisses de vocalises plombées par une production bouffie. Une chanson qu’il aurait été bon d’alléger alors qu’elle s’éternise pour devenir gonflante.

Joss s’attaque ensuite à Laura Lee avec "Dirty Man", un titre qui lui sied mieux d’autant que l’accompagnement se révèle cette fois plus dépouillé à l’image de la version originale. Maintenant comparer la voix blanche d’une ado de seize ans avec celle de la formidable Laura Lee reste une gageure. A noter que la chanteuse Jenifer, un pur produit de la télé et de la variétoche à la française, reprendra ce morceau dans une version pas trop dégueu, ou du moins acceptable. Reprendre Carla THOMAS demeure un exercice ardu d’autant plus qu’il y avait certainement mieux que de s’attaquer à "I've Fallen In Love (With You)", modeste face B de "Where Do I Go", surtout qu’encore une fois elle se croit obligée de nous balancer des vocalises fluctuantes destinées en réalité à cacher certaines imperfections, alors que la simplicité et un ascétisme vocal nous semblaient plus confortables pour nos oreilles.
Bien sûr, ne pas reprendre un titre d’Aretha FRANKLIN, son idole déclarée, paraissait impensable. C’est chose faite avec "All The King’s Horses", mais toute l’ambiance cristalline et crépusculaire de la version d’origine disparait au profit d’une orchestration aussi indigeste que surproduite. Nul doute que la jeune anglaise a voulu nous en mettre plein la vue sur ce coup. La reprise de l’ancien badboy footballeur devenu acteur Vince Jones nous semble bien plus captivante et sincère.

Deux pistes viennent plomber le reste : en guise de fermeture "For The Love Of You", super morceau des ISLEY BROTHERS dont les arrangements étaient ciselés comme des joyaux, s’éternise pendant plus de sept longues minutes. Epaulée d’un piano dont le phrasé évoque certaines productions eighties de Gino Vannelli, Stone tente encore une fois de nous en mettre plein les oreilles, une tentative qui finit par devenir lassante. Enfin on attribuera le grand prix du Sabotage à "Some Kind Of Wonderful", une petite tuerie des Soul Brothers Six de John Ellison. Gorgé de groove, diffusant un rythme trépidant, le titre a été accommodés à diverses sauces. Quelque soit nos aspirations respectives, The Fantastic Johnny C, GRAND FUNK RAILROAD, The INMATES, Little Milton ou plus récemment Rod STEWART ont proposé des versions aussi fructueuses qu’attrayantes. Là, l’orchestration se retrouve bizarrement décalée d’un ton, la basse devient vite insupportable et les instruments donnent tous l’impression de tomber dans un synthétisme de fort mauvais goût, alors que fidèle à son habitude, la jeune anglaise tente encore une fois de nous en mettre plein les oreilles, un procédé digne d’une mauvaise poudre aux yeux qui finit par avoir raison de notre patience.

Au moment de faire les comptes, la balance penche dangereusement du coté du plateau de l’esbroufe et du bluff. On regrette une orchestration souvent facile et factice, des arrangements grandiloquents qui finissent par perdre une partie de leurs saveurs. Niveau vocal, si Joss Stone parvient à surprendre par sa fougue juvénile, son ardeur finit malheureusement par tourner en une exubérance mal maitrisée. Autre petit bémol, si Betty Wright et Guttenberg se sont appuyés sur un bon nombre d’inusités, on a l’impression qu’on a picoré un peu à droite à gauche dans le registre d’une Soul seventies, un peu à l’image d’une poule qui tangue dans sa bassecour au rythme des graines qu’elle aperçoit et qu’elle va goulument engloutir. C’est ainsi qu’on retrouve des titres issus de chez Chess, Atlantic, Stax, mais aussi de labels moins connus comme T-Neck ou Fast Track. En clair, un répertoire sans ligne directrice claire qui vise sans vergogne vers un succès commercial, l’âge et le physique attrayant de Joss Stone demeurant des atouts non négligeables et à vrai dire les seules perspectives positives de ce premier jet.

On retrouve néanmoins quelques satisfactions comme "Super Duper Love" qui aura permis de réhabiliter Sugar Billy, la transformation du titre des White Stripes ou la reprise de "Dirty Man", chanson bénéficiant d’un accompagnement épuré. Ce disque bien qu’impersonnel constitue le meilleur effort de cette anglaise reine de l’esbroufe. Le comble étant que vingt ans après ses débuts, cette chanteuse n’a pas progressé d’un iota se contentant de se produire pieds nus devant des salles pleines de spectateurs bernés par un chant plein de fougue, et d’un jeu de scène aguicheur aussi séduisant que peu sincère.

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- Joss Stone (chant)
- Willie 'little Beaver' Hale (guitare)
- Jack Daley (basse)
- Cindy Blackman (batterie)
- Timmy Thomas (claviers)
- Benny Latimore (piano)
- Betty Wright (choeurs)
- Jeannette Wright (choeurs)
- Namphuyo Aisha Mccray (choeurs)


1. The Chokin' Kind
2. Super Duper Love (are You Diggin' On Me?)
3. Fell In Love With A Boy
4. Victim Of A Foolish Heart
5. Dirty Man
6. Some Kind Of Wonderful
7. I've Fallen In Love With You
8. I Had A Dream
9. All The King's Horses
10. For The Love Of You (pts. 1 & 2)



             



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