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ELECTRIC LIGHT ORCHESTRA - Balance Of Power (1986)
Par BAAZBAAZ le 8 Février 2013          Consultée 3438 fois

Ce disque n’aurait jamais dû voir le jour. ELECTRIC LIGHT ORCHESTRA, déjà cliniquement mort ou presque depuis Secret Messages en 1983, aurait mérité – après plus de dix ans d’une carrière bien remplie et comptant son lot de chefs-d’œuvre – de finir avec un minimum de dignité. Jeff Lynne, en cette année 1986, n’est clairement plus le songwriter étincelant qu’il fut dans les années 60 et 70 et la motivation s’est évaporée en même temps que l’inspiration. Le bassiste Kelly Groucutt a claqué la porte tandis que l’indispensable Bev Bevan s’est rapproché de BLACK SABBATH (dont il connaît les membres depuis l’époque de THE MOVE à Birmingham) et se donne un peu d’air en faisant une pige lors de la tournée Born Again. Rien ne justifie donc à l’époque l’enregistrement d’un nouvel album d’E.L.O. Mais des obligations contractuelles imposent au groupe de retourner en studio et, contraint et forcé, il accouche de ce très faible Balance of Power.

Comment imaginer qu’un disque composé sous la pression d’un label puisse être écoutable ? On se souvient de l’infâme plaisanterie (que certains, bizarrement, prennent au sérieux) que constitue le Metal Machine Music de LOU REED. Lynne, en bon petit soldat, n’a pas la même audace et décide de jouer le jeu, quitte à cachetonner sans passion. Mais le plus étonnant est alors que l’on trouve tout de même sur Balance of Power deux ou trois chansons qui perpétuent le savoir-faire pop d’E.L.O : "So Serious", aux faux airs de "The NeverEnding Story", est une honnête friandise synthétique et "Getting to the Point", bien que trop douceâtre, est une ballade à l’ambiance gracieuse. Et l’on ajoutera peut-être l’atypique "Endless Lies" qui surprend par son côté théâtral. Même pressé comme un citron, le groupe parvient à sauver l’honneur et, au cours de sa longue existence de 1970 à 1986, il n’a donc sorti aucun album entièrement raté ou déplaisant.

Mais deux ou trois chansons, c’est tout de même bien peu… Balance of Power ne contient aucun single mémorable et "Calling America", qui se fraye un laborieux chemin dans les charts avec son clip tourné à Beaubourg (ce qui lui vaut d’atteindre la dixième place des ventes en France), est une composition trop fade pour être un considérée comme un vrai hit. La plus grande partie du disque est tout aussi pâle et translucide, E.L.O touchant le fond avec l’hideuse "It’s Alright", sorte de happy synthpop dégoulinante de niaiserie. Est-ce une forme de résistance passive ? Lynne aurait-il pu faire mieux en cette année 1986 ? Sans doute pas. Si l’on considère que tous les albums du groupe depuis Discovery en 1979 donnent des signes d’une créativité agonisante, il est évident que ce songwriter est simplement en fin de carrière.

Balance of Power se vend mal, et Lynne dissout le groupe quelques mois après sa sortie. Il part se ressourcer auprès de George HARRISON dont il produit l’album à succès Cloud Nine en 1987. L’année suivante, les deux compères forment avec quelques autres vieillards sur le retour (DYLAN…) les abominables TRAVELING WILBURYS, sorte d’hospice musical voué à jouer le rock le plus insipide de son temps. Bevan, qui souhaitait poursuivre l’aventure, repart se consoler auprès de BLACK SABBATH mais conserve assez de lucidité et de décence pour refuser de jouer à Sun City en 1987, au cœur d’un Etat fantoche créé de toutes pièces par le régime d’apartheid en Afrique du Sud. Par la suite, le batteur tente en vain de convaincre Lynne de remettre E.L.O à flot et se contente, suite à son refus, d’un succédané un peu anecdotique (ELECTRIC LIGHT ORCHESTRA PART TWO). Au cœur des années 80, un dinosaure vient de mourir mais personne ne pleure.

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- Jeff Lynne (chant, guitares, basse, claviers)
- Bev Bevan (batterie)
- Richard Tandy (synthétiseurs)


1. Heaven Only Knows
2. So Serious
3. Getting To The Point
4. Secret Lives
5. Is It Alright
6. Sorrow About To Fall
7. Without Someone
8. Calling America
9. Endless Lies
10. Send It



             



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