La sortie de Home, le nouvel album de Chris DE BURGH, vient nous rappeler que le chanteur préféré des ménagères britanniques et allemandes n'avait encore rien sorti en 2012 ! Une erreur réparée, alors que l'artiste se plaît à affirmer qu'à son âge (pourtant pas si canonique), il ne faut pas perdre de temps, et réaliser ses projets studio aussi vite que possible. Cette urgence de ne pas se faire rattraper par le temps qui passe ne semble, malgré tout, pas suffisante pour justifier les nombreux opus imbitables (dont les Footsteps 1 et 2) que le chanteur nous fait subir depuis quelques années. Home, si l'on se prend à écouter le Britannique, est selon ses dires un opus qui s'avérait nécessaire et indispensable, une étape majeure dans la carrière de l'artiste. Chris DE BURGH se serait-il enfin décidé à proposer un nouvel album rock épique, comme il parvenait encore à le faire il y a quelques années ? Que nenni, puisque c'est à une relecture acoustique d'une sélection de titres tirés de ses opus passés que l'artiste nous invite. Trois albums de reprises, qu'elles soient d'autres artistes ou tirées de ses propres albums, voici qui commence à faire beaucoup, plus que l'amateur lambda pourrait en supporter. Seulement, Home se fait, finalement, plutôt agréable à l'oreille.

Chris DE BURGH a pris le parti de laisser de côté ses titres les plus emblématiques, et il a bien fait. Entendre une version, même acoustique, des tubes « High On Emotion » ou « Lady In Red » n'aurait fait qu'attiser la nostalgie. Audacieusement, l'artiste pioche certaines pièces plus méconnues de son répertoire, et donne une nouvelle chance à des titres souvent passés inaperçus. La démarche est sympathique, et c'est avec une oreille neuve que l'on redécouvre ces titres le plus souvent agrémentés d'une simple guitare acoustique et d'un piano touchant. Judicieusement, Chris DE BURGH choisit l'énergique « Waiting For The Hurricane » pour ouvrir l'opus. Rythmé et doté d'un refrain persistant, cet inédit originellement paru sur la compilation Best Moves (1981) se fait porteur de toute la théâtralité d'un artiste qui fait de chacune de ses chansons un petit film dans lequel on prend plaisir à se plonger. En parvenant à éviter l'écueil de la mièvrerie, le chanteur se fait touchant, parfois lyrique (sa voix, intacte, dégage toujours une puissance phénoménale), souvent intimiste. Une ambiance que l'on retrouve sur « It's such a long way home », tirée de Crusader (1979), ou sur « I will », magnifique pièce parfaitement interprétée extraite de l'album At The End Of A Perfect Day (1977).

Les années 80 se voient également mises à l'honneur, avec notamment les reprises convaincantes de « Living on the island » et son accordéon discret (The Getaway, 1984) et « Fire On The Water » (Into The Light, 1986). Se faisant finalement archéologue en interprétant en fin d'album une nouvelle version de la tendre ballade « Goodnight », issue de son premier album publié en 1975, Chris DE BURGH donne presque l'impression de boucler la boucle, une impression fausse lorsque l'on sait que l'artiste prévoit un nouvel album de compositions originales pour 2013, mais qui confère à l'album une certaine solennité.

Pas de quoi rendre l'opus indispensable néanmoins, mais en « déshabillant » ainsi ces titres, pour certains parmi les plus obscurs de sa discographie, Chris DE BURGH s'offre une cure de jouvence qui permet d'effacer cette étiquette de chanteur pour ménagère qu'il s'est collé depuis quelques années. L'ensemble reste une collection de sentiments « faciles », mais l'honnêteté et l'envie transpirent de cette sortie qui rend l'artiste moins mécanique et plus humain. Un sympathique cadeau de Noël pour belle-maman.