Attention cet album n’a rien à voir avec ce que vous connaissez de Led Zeppelin. J’entends par là des solos de génie, des riffs géniaux, une voix frissonnante d’émotions et surtout des compos inspirées. Non, rien de tout cela n’est présent sur « Walking Into Clarksdale ». Je me disais « mince je suis fan du Zeppelin et voilà que je tombe sur une collaboration Page/Plant dont je n’ai jamais entendu parler, génial ! » Quelle a été ma déception lorsque j’entendis cette voix sans saveur, ces paroles mièvres. Quelques rares solos, des orchestrations futiles insérées au hasard (« Upon A Golden Horse ») le tout encadré par une atmosphère rythmique bien pauvre, difficile d’approuver les choix musicaux du duo.

Pourtant, Clarksdale (Mississipi), dont il est question dans cet album, est reconnu comme étant un berceau du delta blues. Je voyais déjà Plant s’armer de son harmonica et Page de son bottleneck pour nous servir un florilège de standards écrits par les plus grands : Robert Johnson, John Lee Hooker, R.L. Burnside pour ne citer qu’eux. Imaginez « Ramblin’ On My Mind » ou « Crossroad » repris à la sauce Page & Plant. Ça aurait pu être génial et de plus, ça nous aurait plongés dans l’influence première de Led Zeppelin qu’est le blues. Et bien non, pas une ligne de blues. Non seulement le titre de l’album était accrocheur, mais en plus l’album a été enregistré dans les studios d’Abbey Road à Londres. C’est dire l’aspect prometteur du disque. Quelle arnaque !

Bon, nous connaissons l’intérêt que portent les deux compères pour la folk (Led Zeppelin III entre autre) et même pour la musique indienne (Voir le très bon concert « No Quarter », signé Page & Plant). La plupart de leurs morceaux acoustiques sont excellents : « Bron-Yr-Aur », « Going to California », « Over The Hills And Far Away », « Babe I'm Gonna Leave You » et j’en passe. C’est que du bon ça. Mais écoutez donc « Blue Train » ou « Heart In My Mind ». Quelles compositions vides... « Blue Train » est menée par une basse lancinante, et quelques accords faiblards ici et là. On croirait que Plant va s’endormir… Pour nous c’est déjà fait. « When I Was A Child » et « When The World Was Young » sont de la même veine, tout aussi insipides.

On compte tout de même quelques titres à sauver du naufrage : « Please Read The Letter » avec son intro entraînante (quoique le morceau ne décolle jamais vraiment), « Walking Into Clarksdale » est pas mal, notamment son pont et son final dignes des compos de Led Zep. A noter le riff et surtout le solo de « Burning Page » qui relèvent aussi un peu le niveau. Enfin, (c’est le mot) l’album s’achève sur « Sons Of Freedom » qui, de prime abord rappelle la rage qu’avait le groupe à l’époque de « Whole Lotta Love ». Le jeu énergique du batteur insuffle un peu de vie et nous laisse ainsi espérer terminer sur une note positive. Le refrain vient vite nous contredire par son côté très fouillis et peu travaillé. Quel gâchis.

Alors que peut-on retenir de cet album ? Le line-up et la production sont plus qu’alléchants mais cela ne suffit pas. Même les plus grands maîtres du hard-rock (disons parmi les plus grands), même les pionniers peuvent se retrouver à cours d’idées. « Walking Into Clarksdale » est un bon exemple de prestation sans âme, sans tripes. Moi je retourne écouter ce bon vieux Physical Graffiti.