AVERTISSEMENT : cette chronique de bande originale de film est également susceptible de contenir des révélations sur le film

Au-delà de son statut de film culte des années 50-60, et de sommet du péplum, le Spartacus de Stanley Kubrick est également le meilleur film de gladiateurs jamais réalisé, ou du moins le plus marquant. Ce n'est pas seulement parce que le génial réalisateur a pris le relais d'Anthony Mann derrière la caméra. Gladiator est également un sérieux concurrent, en plus d'être à l'origine d'un revival ayant abouti sur des films de qualité – et aussi pas mal de navets, il faut l'avouer. Toutefois, le film de 1960 possède tout ce qu'il faut pour faire un film culte : une réalisation soignée, un scénario efficace, un jeu d'acteurs superbe, et surtout des éléments qui sont véritablement passés à la postérité. Le premier est une phrase culte, le fameux « Je suis Spartacus ». Si dans la culture populaire, cette phrase a perdu de son sens tragique et héroïque, elle n'en garde pas moins un caractère épique et grandiloquent.
Ce qui a également permis d'ancrer Spartacus dans la postérité, c'est le thème de l'amour, "Love Theme" en version originale. Le nombre de reprises, s'il est très loin d'égaler celui d'une chanson des Beatles, est quand même assez parlant. De plus, parmi les musiciens qui ont repris ce fameux "Love Theme", on peut retrouver entre autres Herbie Hancock et Ahmad Jamal.

Le reste de la BO de Spartacus n'est pas à négliger, cependant. Certes, le "Love Theme" mériterait bien un papier entier, mais il ne s'agit que de l'arbre qui cache la forêt. Le compositeur Alex NORTH, qui est donc le génie ayant composé cette merveille, est loin du type d'homme à briller deux minutes pour s'écrouler sur le reste. Afin de servir au mieux le film, NORTH n'a pas hésité à mettre les petits plats dans les grands, et concocter une musique au diapason du film. Outre le "Love Theme", il convient donc de citer la musique accompagnant le générique du film. A la fois martial et jovial, il aide à ressentir l'épique qui va se dérouler sous nous yeux pendant 3 heures – un standard chez les péplums de l'époque. Comme autre moment fort de la musique, "Oysters and Snails" retranscrit parfaitement l'ambiguïté du discours de Crassus donné à Antoninus, respectivement interprétés par les géniaux Laurence Olivier et Tony Curtis. A la suite de ce morceau court mais intense, le thème du festival est un autre moment fort réussi, même si l'anachronisme médiéval fait tiquer.

Hélas, tout comme le dénouement tragique du film, la musique n'est pas tout le temps aussi bonne. En terme d'illustration sonore, elle colle parfaitement au long-métrage du maitre Kubrick, mais pris isolément, certains morceaux accusent une baisse de régime. Par exemple, "Prelude to Battle" manque de conviction. "Gladiators fight to the Death" est assez efficace, mais sans l'image, il perd de sa superbe.

Alex NORTH a tout de même bien sa mission. Certes, sa « carte de visite » était déjà rassurante pour beaucoup (Un Tramway nommé Désir, The Misfits...), mais le compositeur prouve une nouvelle fois qu'il est bel et bien un géant de la musique pour films. Le seul vrai regret, en dehors de quelques morceaux qui chagrinent subjectivement, est que NORTH n'ait pas reçu d'Oscar pour cette magnifique oeuvre. Mais qu'importe, un homme en or n'a pas été nécessaire pour porter une musique aux nues.