On peut détester, honnir, haïr Bertrand Cantat pour ses poings et ce qu'il en a fait, un bien triste jour d'été 2003. On peut le renier profondément pour cela, pour cet acte ignoble. Mais on ne peut détester Bertrand Cantat pour ce qu'il a fait et continue de faire de sa plume, de ses mots et de sa guitare. Voilà tout le paradoxe d'un homme qui, discrètement, tente de faire valoir son droit à la rédemption. « Un retour bien orchestré », entend-on au sujet du premier album de DETROIT, son nouveau projet, à paraître courant novembre. C'est bien tout sauf cela. Si le retour sur le devant de la scène de l'ex-leader de Noir Desir peut être jugé odieux, il n'en reste pas moins que toute discrétion est impossible au vu de la notoriété du bonhomme. Quoi d'autre à faire, donc, que d'accepter les faits pour ce qu'ils sont, d'entendre sans pardonner, de découvrir sans absoudre ?

Écoutons, donc, ce premier single, « Droit dans le soleil », qui signe un retour à demi-mot pour le rocker gâché. Voici une pièce intimiste, véritable invitation au silence, qui émerge de cette collaboration avec le bassiste Pascal Humbert, connu pour sa participation dans 16 Horsepower et Wovenhand. Le bassiste tient ici la contrebasse, et frotte sur les cordes de celle-ci avec une solennité profonde, tandis que Cantat, guitare sèche dans les mains, gratte quelques accords doucereux. Malgré une douceur immédiate, le morceau est, nécessairement, sombre, complexe, torturé. Entre le chant calme et le chuchotement, Bertrand Cantat donne l'impression d'un retour qui ne voulait pas en être un, comme s'il se refusait de laisser éclater et naître au plein jour ses nouvelles velléités musicales. Proche des derniers travaux de Noir Désir (on pense, notamment, à « Gagnants / Perdants » ou à « Bouquets de nerfs »), « Droit dans le soleil » est une histoire de séparation, de paradis perdu, un thème qui, c'est certain, va habiter l'artiste jusqu'à son dernier souffle.

Le morceau est minimaliste, à la fois timide et désabusé, et l'on ressent dans la voix de Cantat cette même fragilité qui avait fait la réussite de titres tels que « Si rien ne bouge » ou « Ernestine ». DETROIT, ainsi, semble parti pour suivre l'orientation que Cantat aurait souhaité pour Noir Désir si, et seulement si...

Ecoutez le morceau : http://tinyurl.com/pbskhmt