Ecouter un live de Maxime LE FORESTIER est toujours un plaisir. Car désireux de retranscrire le plus fidèlement son environnement sonore, l'artiste tente autant que possible de proposer des bandes peu retouchées, avec leurs approximations délectables, et dégageant une chaleur telle que l'on meure d'envie de s'installer confortablement dans cet écrin musical. Le chanteur n'a pas été avare en publication d'enregistrements live, proposant des sorties régulières, espacées en moyenne de 7-8 ans, depuis le chaudement recommandable Olympia 1973. 41 ans plus tard, quelques rides en plus mais toujours fort en voix, le bonhomme investit de nouveau la célèbre salle parisienne pour enregistrer ce nouveau témoignage riche de 28 morceaux, pour près de deux heures de concert.

C'est seul en scène, guitare acoustique pour tout accompagnement, que Maxime investit la scène au son d'un "San Francisco" dont l'interprétation en tant que premier morceau décuple l'intensité. De sa voix chaude, Le chanteur nous souffle sa bienveillance et sa délicatesse. Joué en introduction, ce titre voit sa puissance décuplée par son interprétation nue, sans filet. Quelle beauté. Les instrumentistes investissent alors la scène à leur tour, pour une première moitié de concert consacrée aux travaux récents de l'artiste, dont Le Cadeau, son album de 2013 qui se voit interprété dans son intégralité. Si nous avons fait montre d'un enthousiasme mesuré sur cette offrande du barde baba-cool, nombre de morceaux revêtent un nouvel intérêt dans un environnement live, parmi lesquels "La p'tite hirondelle" et son feeling 70's renforcé par une basse ronde, ou "Les coups", prétexte d'une belle démonstration d'orgue Hammond.

Sympathique, Maxime n'est pas très loquace, mais utilise les mots justes. En indiquant d'entrée vouloir écarter toute considération politique (après l'interprétation de l'écologiste "Comme un arbre"), le chanteur préfère placer sa soirée sous le signe de l'amour, de ses tenants et aboutissants, fil rouge d'une première partie de show qui voit notamment Maxime ressortir des placards l'oubliée "Frisson d'avril" (et son sympathique arrangement façon tango), extraite de l'album Né Quelque Part (1988), particulièrement à la fête ce soir, puisque 4 extraits seront interprétés.

La deuxième moitié du concert sert bien entendu de support à un best-of des familles, qui voit Maxime proposer un croisement surprenant et sympathique entre "Fontenay-Aux-Roses" et "Education Sentimentale". Un bel hommage est rendu à Julien Clerc sur "Le p'tit air" et "Double enfance", deux-titres co-écrits avec ce dernier, et l'on prend grand plaisir à retrouver "J'aurai ta peau", "Bille de verre" ou "L'homme au bouquet de fleurs". Jouant un morceau différent de Brassens chaque soir sur sa tournée 2014, Maxime opte ce soir pour "Une jolie fleur", qu'il interprète avec un truculent Alain Souchon en guest de luxe. La fin de concert, qui mêle pépites redécouvertes ("Les jours meilleurs") et classiques indispensables ("Mon frère", "Ambalaba") est un moment de bonheur intense, qui aide à prendre la pleine mesure de l'immense lègue de Maxime LE FORESTIER à la chanson française. Si la préférence de votre serviteur ira probablement toujours vers le splendide live "Plutôt guitare" (2002), ce concert à l'Olympia de 2014 une preuve indéniable de la vivacité, de l'inspiration et de l'entrain toujours intact d'un de nos plus grands artistes contemporains. A offrir ou à s'offrir.