Amateurs de l'Angleterre des sixties, ce disque est pour vous. Oui oui nous sommes bien en 2008, même si cette photo de couverture, le nom du groupe, et les sons que vous trouverez sur la galette font penser à une toute autre décennie.

Gros buzz : les deux songwriters hype du moment, Alex TURNER (qui a réalisé ZE carton avec ses ARCTIC MONKEYS) et Miles KANE (fort d'un succès critique avec ses RASCALS), annoncent en 2007 qu'ils vont travailler ensemble, en compagnie du batteur et producteur James Ford.

La perfide Albion, qui porte en étendard ses duos immortels (Paul & John, Mick & Keith, Johnny & Morrisey, Liam & Noel...) se met à bouillonner à l'idée d'une nouvelle success story planétaire grâce à des glimmer twins. Résultat, quand l'album sort, boum, directement numéro 1 chez les Brits - alors que dans le reste du monde, The Age of Understatement ne sera qu'un album de milieu de classement.

On peut comparer cet album à un autre gros raz-de-marée de l'époque (tsunami mondial, celui-là) : le Back in Black de WINEHOUSE. Deux albums qui rendent hommage à un glorieux passé, en utilisant les codes et les orchestrations de l'époque, et qui vont y insuffler de nouvelles mélodies et une production à tomber par terre. Pour ces éphémères LAST SHADOW PUPPETS, c'est le London Metropolitan Orchestra qui est réquisitionné pour habiller ces titres pop-rock d'une élégance qui ne peut que ravir les aficionados.

KANE et TURNER, avec leur gouaille canaille et leur talent de songwriting, vont réussir quelques petits chefs d'oeuvre du genre, rien que ça. "Standing Next to Me" est la plus extraordinaire. Un bijou de perfection pop, le duo de voix est Beatlesien au possible, le mouvement addictif soutenu par ces superbes cordes, traversé par un sentiment d'urgence romantique, le tout en... 2 minutes et 18 secondes ! Un classique immédiat.

Dans la même veine, "My Mistakes Were Made for You" bluffe tout autant. Une mélodie magnifique qui se pose sur une guitare country, comme un mélange des STONES sixties avec une musique de film de Lalo SCHIFRIN, le genre de merveille surpassée récemment par l'album "Rome" de DANGER MOUSE - mais ça boxe dans une catégorie voisine. Pour l'ambiance de musique de film, le morceau-titre évoque - avec sa batterie galopante et ses violons endiablés - une poursuite de voitures en noir et blanc ; "Only the Truth" et ses cuivres fait pencher vers le péplum, mais tout reste dans un format court, pop et mélodique.

Les autres morceaux sont décents, sans parvenir à créer un souvenir durable. Avec "In My Room" nous sommes davantage dans la solennité classe d'un James Bond, la mélancolie de "The Chamber" est touchante, l'énergie de "Black Plant" est communicative... mais les mélodies ou le songwriting manquent du petit quelque chose qui donnerait envie de les écouter plusieurs fois. Ces chansons restent un poil trop prévisibles.

Cette collaboration n'a pas eu de suite, mais qui sait? Peut-être TURNER et KANE tenteront un deuxième album... on le souhaite !